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Histoire de l'art

L'impressionnisme est le dernier grand mouvement de la peinture classique. Il termine le grand programme de mise en ordre du visible amorcé au XVe siècle avec l'invention de la perspective. Les recherches des impressionnistes exaltent la couleur et rendent visible la lumière. Ils s'intéressent à la vie contemporaine, aux splendeurs de la nature comme à l'urbanisation dont ils captent les premiers effets de la pollution, les fractures sociales comme les nouveaux loisirs.

Concurrencé par l'invention de la photographie, dont il est contemporain, l'impressionnisme donnera naissance aux vastes branches post-impressionnistes avant que celles-ci soient emportées par le premier grand mouvement de l'art moderne : l'expressionnisme.

Les principaux peintres impressionnistes

I-Historique

La peinture académique (1850-1880) est la peinture produite sous l'influence d'une Académie des beaux-arts ou, par extension, sous l'influence d'une institution équivalente organisant le système des Beaux-Arts.

Avec l'invention du tube de peinture souple par l'industrie à partir de la moitié du XIXe siècle, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet de Camille Corot et Eugène Boudin, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Autre écart majeur par rapport à l'académisme, la réalisation d'un tableau sans esquisse préalable mais une organisation de la toile qui doit tout à la couleur.

Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de l'époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.

Durand-Ruel rencontre Monet et Pissarro, par l’intermédiaire de Daubigny en 1871 à Londres, où tous trouvent refuge pendant la guerre franco-prussienne et la Commune. Monet et Pissarro avaient exposé au Salon à Paris la décennie précédente, mais Durand-Ruel est alors séduit par les tableaux clairs, souvent peints en plein air dans la capitale anglaise. Il acquiert et expose leurs œuvres à Londres où il a une succursale de 1871 et 1875.

A son retour à Paris, le marchand s’intéresse à Sisley, Degas et, dans une moindre mesure alors, à Morisot et à Renoir. Alors que Manet n’a encore vendu que quelques œuvres, le marchand découvre en 1872 deux de ses tableaux dans l’atelier du peintre belge Alfred Stevens, Le Saumon et Le Port de Boulogne,  qu’il achète immédiatement. Quelques jours plus tard, Durand Ruel rend visite à Manet dans son atelier et lui achète vingt-trois tableaux d’un coup, dont Le combat du Kearsarge et de l’Alabama et Le Lecteur.  C’est un véritable coup de foudre. Pour tous ces artistes, cette rencontre marque un tournant décisif : Durand-Ruel montre leurs oeuvres dans ses galeries de Paris, Londres et Bruxelles. S’il vend peu de tableaux, un embryon de réseau d’amateurs aventureux se constitue, ce qui encourage les peintres, à l’exception de Manet, à s’affranchir d’un système académique hostile en organisant chez le photographe Nadar une première exposition de groupe en 1874, acte de naissance public de l’impressionnisme.

En effet, devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Edgar Degas décident de constituer la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs en avril 1874 pour organiser leur propre exposition. Celle-ci se tient du 15 avril au 15 mai 1874 dans les salons du photographe Nadar, 35 boulevard des Capucines. Monet présente Impression, soleil levant, Le Boulevard des capucines, les Bateaux sortant du port du Havre , Les coquelicots ; Renoir : La loge, Morisot : Le berceau ; Cézanne : Une moderne Olympia, La maison du Pendu. Regroupant quelque deux cents tableaux de trente-neuf artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.

Impression soleil levant
Claude Monet, 1872
Les coquelicots
Claude Monet, 1873
Boulevard des capucines
Claude Monet, 1873
Une moderne Olympia
Paul Cezanne
La maison du pendu
Paul Cézanne
Le berceau
Berthe Morisot, 1872


Les tableaux sont accrochés sur deux rangs en hauteur, en ménageant un espace entre chaque plutôt que de les juxtaposer cadre contre cadre comme cela se pratique au Salon officiel. L'exposition dont l'inauguration se situe quinze jours avant l'ouverture de celui-ci, essuie des critiques très violentes : Théodore Duret, Duranty défendent ceux que l'on appelle encore les enragés mais pas Zola. Un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, dans lequel il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression, soleil levant, donne au mouvement son nom : "L'Impressionnisme".

Le terme est bientôt repris par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art. Pour cette raison, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air.

L'exposition de 1874 est un échec. Le dévouement de Durand-Ruel à l’école nouvelle lui vaut bientôt de graves déboires. Une violente campagne contre Manet, Monet, Renoir, Sisley, Degas et Puvis de Chavannes, et les autres artistes que le galeriste avait eu l’audace d’accueillir prend corps. Attaqués par les partisans de l’Académie et des vieilles doctrines, par les critiques d’art et la presse toute entière, ces artistes deviennent la risée des Salons et du public. Quant à Durand-Ruel, coupable d’avoir présenté et d’osé défendre des œuvres pareilles, il est traité de fou. Fortement endetté, il doit brader son énorme stock d’œuvres de l’école de Barbizon, qu’il ne peut vendre qu’en passant par des courtiers, son nom faisant fuir les acheteurs potentiels. Grâce à des accommodements avec ses créanciers, il parvient à échapper à la ruine, mais en 1874 il doit pratiquement cesser d’acheter les œuvres de ses amis impressionnistes et souffre financièrement. Malgré toutes ces difficultés, le marchand persiste.

La deuxième exposition impressionniste est de nouveau un échec. Cézanne s'abstient d'y participer. En 1877, la troisième exposition prend de l'ampleur et recueille beaucoup d'adhésions chez les artistes. En 1879, lors de la quatrième exposition, Cézanne s'abstient de nouveau ainsi que Renoir et Morisot mais, avec 15 400 visiteurs, c'est un événement parisien. En 1880, lors de la cinquième exposition, Monet s'abstient. Renoir et Sisley, acceptés au salon, s'abstiennent aussi. Pissarro secondé par Degas devient chef du groupe. Il introduit Gauguin. En 1881, pour la sixième exposition, il n'y a plus parmi les fondateurs que Pissarro, Degas, Guillaumin et Morisot. Mary Cassatt intègre le groupe.

En 1882 cependant, pour la septième exposition, tous les membres fondateurs sont présents... sauf Degas qui ne veut pas exposer avec Monet Renoir et Sisley. La société prend le nom d'"Artistes indépendants". Le Salon des Indépendants, fondé deux ans plus tard par Seurat et Signac, fonctionne toujours aujourd'hui. Les ventes s'améliorent.

Entre février et juin 1883, chaque mois, Durand-Ruel consacre une exposition particulière à Boudin, Monet, Renoir, Pissarro et Sisley qu’il a commencé à acheter dès 1870, mais n’a jamais montrés seuls. Alors que le nombre d’œuvres par artiste dans les règlements du Salon ne dépasse pas un ou deux, l’exposition individuelle n’est ni la convention, ni la consécration artistique que nous connaissons aujourd’hui. Cette série apparaît comme une première dans l’histoire des expositions, dans le parcours du marchand et des peintres. On ne peut que mieux souligner le rôle accordé depuis au marchand dans la marche de l’impressionnisme vers la reconnaissance. Après avoir repris ses achats aux impressionnistes en 1881, Durand-Ruel affronte à nouveau une grave crise financière. Il maintient néanmoins une activité intense, surtout en matière d’expositions, montrant les peintres à Londres et pour la première fois aux Etats-Unis et en Allemagne. Les expositions de 1883 apparaissent comme un jalon dans la construction du modernisme, fondée sur la mise en valeur de l’artiste

En vérité, c’est d’Amérique que vient le salut des impressionnistes. En 1885, Durand-Ruel reçoit de James Sutton, directeur de l’American Art Association, une invitation à exposer à New York, tous frais payés. Durand-Ruel s’embarque avec trois cents tableaux trois cents tableaux (dont cinquante Monet, quarante-deux Pissarro, trente-huit Renoir, trente-trois Degas, dix-sept Manet, quinze Sisley) malgré la réticence des artistes, qui se montrent sceptiques. Mais l’artiste américaine Mary Cassatt  aide son marchand dans cette entreprise ; elle lui présente son amie d’enfance Louisine Havemeyer et son époux Henry Havemeyer, le « roi du sucre ». Tous deux compteront parmi les grands amateurs de Manet et des impressionnistes et seront de fidèles clients de Durand-Ruel. Il était déjà reconnu aux États Unis comme le champion de l’école de Barbizon. Aussi, à l’exposition qu’il présente à New York en 1886, le public et les amateurs se pressent-ils sans a priori, faisant confiance au marchand, qui ne vend qu'une cinquantaine de tableaux mais peut écrire dans ses mémoires "C’est la première fois qu’une exposition impressionniste reçoit un bon accueil de la part du public et de la presse, au point qu’elle doit être prolongée".

En 1886, Berthe Morisot tente une huitième et dernière exposition. Monet, Renoir et Sisley n'y figurent plus. Leur place est prise par des artistes affiliés au salon des indépendants : Odilon Redon, Seurat et Signac. Pissarro est secondé par Degas, Cassatt, Gauguin et Guillaumin.

En 1887 à New York, Paul Durand-Ruel ouvre une galerie. Le marchand devient l’interlocuteur privilégié d’amateurs fortunés, tels les Havemeyer à New York, les Palmer à Chicago ou encore Alexander, le frère de Mary Cassatt à Philadelphie. La conquête du marché américain marque un tournant. L’impressionnisme s’engage sur la voie du succès commercial et de la reconnaissance internationale sous l’impulsion de Durand-Ruel. En 1905, il réunit aux Grafton Galleries de Londres trois cent quinze œuvres ; de Manet et des impressionnistes.

Exposition organisée par Durand-Ruel aux Grafton Galleries, 1905
(photo Archives Durand-Ruel © Durand-Ruel & Cie)

Mais cette réussite ne profite pas à tous : si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissarro dans les années 1890, Sisley meurt en 1899 dans la pauvreté.

 

II Le style impressionniste

Les toiles peintes par Renoir et Monet devant le restaurent "La grenouillère" en 1869 marquent le début de l'impressionnisme. On peut regrouper leurs toiles par paire, ce qui montre un travail en commun. Ils y utilisent plus systématiquement la touche fragmentée et juxtaposée de couleur souvent pure, qui va devenir synonyme d'impressionnisme.

La grenouillère
Monet, 1869
La grenouillère
Renoir, 1869
 
La grenouillère
Renoir, 1869

Le changement de vision correspondant à une évolution profonde de la société. Partis du "plein air", Pissarro et Monet entendaient faire du réalisme. C'est au nom du réalisme qu'ils ont supprimé le noir "qui n'existe pas dans la nature". Mais Monet s'aperçut qu'aucune couleur n'existe réellement dans la nature qu'elles sont toutes fonction de la lumière et de la densité de l'air. Il ne reste comme sujet d'étude que les effets de l'air et de la lumière. Il décide d'en surprendre la variation sur le même sujet dès 1877 avec la série de gare Saint-Lazarre..

La forme de la touche et son utilisation doivent être appropriées au sujet. Les objets et reflets sont traités de manière équivalente. C'est au spectateur de recréer la toile. S'il est préconisé de travailler avec des couleurs claires, il n'y a pas d'exaltation de la couleur pure. Les couleurs sont ainsi mélangées sur la palette et non pas posées directement sur la toile mais sur une préparation. Les touches ne sont pas juxtaposées les unes aux autres, mais se superposent aussi bien les unes sur les autres que sur le fond initial qui fournit une indication de ton local.

 

III - Influences

L'influence des impressionnistes s'ettendit aux Etats-Unis grâce à Mary Cassatt (1844-1926). James Whistler (1834-1903) partagea le sort des impressionnistes refusés au Salon officiel de Paris. Ses peintures, qui traduisent souvent ses sentiments intimes comme la solitude, se rattachent pourtant bien davantage au symbolisme. Lors d'une visite chez Claude Monet à Giverny en 1885, John Singer Sargent (1856-1925) peint l'un de ses portraits les plus impressionnistes, Claude Monet peignant à l'orée d'un bois. Sargent n'est cependant pas considéré comme un peintre impressionniste, mais il en utilise parfois les techniques, avec talent, et son Deux femmes endormies dans une barque (1887) est sans doute sa vision personnelle de ce style. Bien que les critiques britanniques classent Sargent parmi les impressionnistes, les impressionnistes français pensent tout autrement, comme Monet le dira plus tard, "Il n'est pas un impressionniste au sens ou nous l'entendons, il est beaucoup trop influencé par Carolus-Duran".

De mars 1873 à mai 1874, Il en est de même du norvégien Frits Thaulow qui se rend à Paris de 1875 à 1879 où il suit l’influence des Réalistes et des Impressionnistes dont il partage les préoccupations pour la lumière et la couleur. Cet acquis ce retrouve lorsqu'il s'installe en France à partir de 1892, mais ses tableaux reflètent davantage une volonté réaliste même s'il s'agit de magnifier l'atmosphère des paysage par la lumière et la couleur.

En 1886 parait un texte important de Félix Fénéon, Les impressionnistes, qui annonce le dépassement de l'impressionnisme et prend parti pour le post-impressionnisme de Seurat qui constitue maintenant l'avant garde.

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