(1839-1906)
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Post-Impressionnisme |
Il est le fondateur de l'art moderne en privilégiant l'organisation du percevoir. Il recherche des équivalents de la réalité, du monde extérieur sans en être sa représentation. Il s'attache à structurer et composer des images en s'appuyant sur la perspective chromatique : les tons chauds rapprochent alors que les tons froids renvoient dans la profondeur du plan.
La pendule noire | 1867 | Paris, Musée d'Orsay. |
Carrefour de la rue Rémy à Auvers | 1872 | Paris, Musée d'Orsay. |
Une moderne Olympia | 1873 | Paris, Musée d'Orsay. |
La maison du pendu | 1873 | Paris, Musée d'Orsay. |
Bouquet de fleurs dans un vase | 1874 | Saint Petersbourg, L'Ermitage |
La tentation de saint Antoine | 1875 | Paris, Musée d'Orsay. |
Portrait de l'artiste | 1875 | Paris, Musée d'Orsay. |
Lutte d'amour | 1876 | Collection privée |
Cinq baigneuses | 1878 | Paris, musée national Picasso |
Vers la montagne Sainte-Victoire | 1878 | Philadelphie, Fondation Barnes |
L'Estaque | 1879 | Paris, Musée d'Orsay. |
Nature morte aux fruits | 1880 | Saint Petersbourg, L'Ermitage |
Trois baigneuses | 1880 | Paris Petit Palais, |
Autoportrait | 1882 | Moscou, musée Pouchkine |
Montagne Sainte-Victoire vue du chemin de Valcros | 1885 | Moscou, musée Pouchkine |
La montagne Sainte-Victoire et le Viaduc de la vallée de l'Arc | 1885 | New York, Metropolitan |
Le baigneur | 1885 | New York, MoMA |
Pont à Maincy | 1885 | Paris, Musée d'Orsay |
La baie de L'Estaque | 1886 | Chicago, The Art Institute |
Montagne sainte Victoire avec un pin | 1887 | Londres, Institut Courtauld |
Rives de la Marne | 1888 | Saint-Pétersbourg, Musée de L'Ermitage |
Mardi gras (Pierrot et Arlequin) | 1888 | Moscou, musée Pouchkine |
La table de cuisine | 1889 | Paris, Musée d'Orsay. |
Portrait de l'artiste à la palette | 1890 | Zurich, Emil Bührle Collection |
Le vase bleu | 1890 | Paris, Musée d'Orsay. |
La montagne Sainte-Victoire | 1890 | Paris, Musée d'Orsay. |
La montagne Sainte-Victoire | 1890 | Collection privée |
Les joueurs de cartes (Metropolitan) | 1892 | New York, Metropolitan |
Les joueurs de cartes (Barnes) | 1892 | Philadelphie, Fondation Barnes |
Rideau, cruche et compotier | 1894 | Collection privée |
Le Pont sur la Marne à Créteil | 1894 | Moscou, musée Pouchkine |
La montagne Sainte-Victoire | 1895 | Philadelphie, Fondation Barnes |
La femme à la cafetière | 1895 | Paris, Musée d'Orsay. |
Les joueurs de cartes (Orsay) | 1895 | Paris, Musée d'Orsay. |
Les joueurs de cartes (Courtauld) | 1895 | Londres, Institut Courtauld |
Les joueurs de cartes (Qatar) | 1896 | Doha, Collection privée |
La vieille au chapelet | 1896 | Londres, National Gallery |
Le lac d'Annecy | 1896 | Londres, Institut Courtauld |
La montagne Sainte-Victoire vue de la carrière Bibemus | 1897 | Baltimore, Museum of Art |
Le grand pin, près de Aix-en Provence | 1897 | Saint-Pétersbourg, Musée de L'Ermitage |
Montagne sainte Victoire (81 х 100) | 1897 | Saint-Pétersbourg, Musée de L'Ermitage |
Montagne sainte Victoire (78 x 99) | 1898 | Saint-Pétersbourg, Musée de L'Ermitage |
Nature morte avec pommes et oranges | 1899 | Paris, Musée d'Orsay |
Les grandes baigneuses | 1905 | Londres, National gallery |
Les grandes baigneuses | 1906 | Philadelphie, Museum of Art |
Paysage bleu | 1906 | Saint-Pétersbourg, Musée de L'Ermitage |
Montagne sainte Victoire (65 x 81) | 1906 | Philadelphie, Museum of Art |
Montagne sainte Victoire (73 x 92) | 1906 | Philadelphie, Museum of Art |
Montagne sainte Victoire (57 x 97) | 1906 | New York, Metropolitan |
Montagne sainte Victoire (60 x 73) | 1906 | Moscou, musée Pouchkine |
Cézanne est de sept ans plus jeune que Manet mais deux ans plus vieux que Renoir. Ses oeuvres de jeunesse traitent de sujets violents et dramatiques révélant une sensibilité romantique. De facture libre et véhémente, elles sont proches de l'art de Gustave Courbet.
Les oeuvres des années 1872-1873 montrent une assimilation de la méthode impressionniste acquise à Auvers-sur-Oise auprès de Camille Pissaro. Cézanne expose lors des deux premières expositions impressionnistes en 1874 et 1877, sans succès. Il refuse d'exposer avec les impressionistes en 1879. Il se retire dans sa ville natale, Aix-en-provence, afin d'y poursuivre des recherches personnelles et solitaires.
Son ambition est double. Il veut faire "quelque chose de solide et de durable comme l'art des musées" sans utiliser les techniques académiques. Il veut retrouver les secrets de la nature indépendamment des impressions qu'elle provoque chez l'artiste.
"Refaire du Poussin d'après nature". C'est à dire retrouver l'extraordinaire harmonie de formes se répondant les unes aux autres. Chaque chose étant à sa place, chaque forme est clairement inscrite et donne l'impression du poids et de la solidité. L'ensemble respire d'une simplicité naturelle toute de calme et de paix. Mais Cézanne pense qu'on ne peut parvenir à cette grandeur avec les anciennes méthodes académiques. Il refuse de combiner dans son tableau des formes apprises de l'antiquité. Les impressionnistes étaient des maîtres authentiques en ce sens qu'ils peignaient la nature. Mais avec cela tout était-il dit ? Qu'étaient devenues ces recherches de dessin, d'équilibre et d'harmonieuse simplicité qui caractérisaient les grandes oeuvres du passé ?
Cézanne veut créer dans l'art un ordre comparable à l'ordre existant dans la nature, indépendant de ses impressions personnelles et confuses. Il veut "réaliser un motif". Inventer un style qui trouve sa source dans la nature des choses et non pas dans les impressions subjectives de l'individu qui sont toujours confuses.
Son style repose sur la croyance que l'oeil de l'artiste, à force de scruter la nature, découvre qu'elle est composée de formes géométriques. C'est ce qu'ill écrit dans une lettre à Émile Bernard, du 15 avril 1904 : "Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d'un objet, d'un plan, se dirige vers un point central". La suite de cette phrase est souvent occultée alors qu'elle ouvre la voie à la perspectice chromatique : "Les lignes parallèles à l'horizon donnent l'étendue, soit une section de la nature ou, si vous aimez mieux, du spectacle que le Pater Omnipotens Aeterne Deus étale devant nos yeux. Les lignes perpendiculaires à cet horizon donnent la profondeur. Or, la nature, pour nous hommes, est plus en profondeur qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l'air ". il ajoute aussi : "Pour les progrès, il n'y a que la nature, et l'oeil s'éduque à son contact. Il devient concentrique à force de regarder et de travailler. Je veux dire que dans une orange, une pomme, une boule, une tête, il y a un point culminant et ce point est toujours- malgré le terrible effet : lumières et ombres, sensations colorantes- le plus rapproché de notre oeil ; les bords des objets fuient vers un centre placé à notre horizon".
En 1906, la correspondance de Cézanne est publiée et Matisse et Picasso le revendiquent alors comme leur maitre. Chez les impressionnistes l'emploi de la couleur est aussi "impressionniste" que leur emploi de la ligne. Cézanne préconise "la modulation". La modulation veut dire l'ajustement d'une zone de couleur aux zones de couleurs voisines, processus ininterrompu qui accorde la multiplicité à l'unité de l'ensemble. Cézanne découvre que la solidité ou la monumentalité d'une peinture tient autant à cette "maçonnerie" patiente qu'à la conception architecturale d'ensemble. Le résultat est, dans toute oeuvre postérieure à 1880, une apparente rupture de la surface plate d'une zone de couleur par une mosaïque de facettes colorées distinctes.
Développant les conséquences de ces principes, il donne à ses touches, dans ses oeuvres de maturité, un sens tel que le dessin et la couleur, deviennent indissociables dans l'organisation du tableau. Dans ses paysages où les formes naturelles ont tendances à être ramenées à des formes géométriques simples, il présente une succession de plans clairement articulés autour de la masse principale souvent placée au centre de la composition. il évite ainsi les effets illusionnistes propres aux démarches reproductrices du réel, tout en conservant une certaine profondeur dans l'espace et un certain sens du volume.
Aussi arrive-t-il à traiter des structures plastiques complexes en
fonction de leur rigueur et de leur logique spécifique. Débarrassé
de toute référence extérieure, le tableau est ainsi organisé
de l'intérieur (série de la Montagne Sainte-Victoire). Dans
ses natures mortes la pomme, objet sphérique hautement coloré
est le sujet privilégié du rapport de la couleur et du modelé.
Pour privilégier l'équilibre de la composition, il "corrige"
les contours. Dans plusieurs de ses natures mortes (Tables de cuisine) et
de ses portraits (Portrait de Gustave Geffroy) Cézanne abandonne la
convention du point de vue unique et associe des objets présentés
selon deux angles différents parfaitement intégrés dans
l'unité de la composition. Il anticipe ainsi les démarches du
cubisme.
BIBLIOGRAPHIE