(1840-1916)
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Symbolisme |
Prométhée | 1868 | Paris, Musée Gustave Moreau |
Mon portrait | 1881 | Paris, Musée d'Orsay |
Araignée souriante | 1881 | Paris, Musée d'Orsay |
Fleur du marécage | 1885 | Paris, B. N. F. |
Les yeux clos | 1890 | Paris, Musée d'Orsay |
La cellule d’or | 1893 | Londres, The British Museum |
Peyrelebade | 1897 | Paris, Musée d'Orsay |
Baronne Robert de Domecy | 1900 | Paris, Musée d'Orsay |
Profil Noir (Gauguin) | 1904 | Paris, Musée d'Orsay |
Le char d’Apollon | 1910 | Paris, Musée d'Orsay |
Le cyclope | 1914 | Otterlo, Kröller-Müller Museum |
Son père épouse sa mère, une créole dorigine française, aux Amériques. Ils reviennent en France cinq ou six ans plus tard. Ce voyage va avoir une influence sur le peintre : ce goût de rêve fécond, ce besoin dimagination et d'évasion, notamment le motif récurrent de la barque dans son uvre, sinscrivent dans cette perspective. Redon est dès le départ un artiste spirituellement apatride.
D'une nature fragile, il est confié à une nourrice puis à son oncle, à la campagne, et passe son enfance entre Bordeaux et le domaine de Peyrelade, près de Listrac dans le Médoc ; cest là vers six ans en plein isolement de la campagne que les fusains verront le jour, dans cette nature pleine de clairs-obscurs et de nuances propres à éveiller chez le jeune garçon ce monde étrange et fantasmagorique, ce sentiment subjectif qui sera l'essence même de son uvre, et qui est encore aujourd'hui une énigme.
Il sen va à travers champs, vignes et bois, observe, considère les ombres, apprécie le contraste de la terre avec l'azur du ciel et de la lumière. À sept ans, une vieille bonne le mène à Paris pour quelques mois, où il découvrira les musées. Il reste devant les toiles, silencieux et subjugué. Les tableaux figurant des drames frappent lesprit de l'enfant. De retour à Bordeaux, scolarisé, il obtiendra un prix de dessin avant que de savoir lire, il est morose et inattentif et gardera le souvenir « le plus triste et le plus lamentable » de cette période. Il décide d'être artiste, sa famille y consent, il continue ses études et prend des leçons de dessin et daquarelle avec son premier maître Stanislas Gorin, élève dEugène Isabey, il découvre Millet, Corot, Gustave Moreau.
Sous l'influence de son père, il tentera des études d'architecture, mais contrairement à son frère cadet Gaston devenu architecte Prix de Rome, il échouera à l'examen. Il se lie damitié avec le botaniste Armand Clavaud qui l'initie aux sciences et à la littérature, se passionne pour Darwin et Lamarck et aux recherches de Pasteur, lit les Fleurs du mal de Baudelaire, se forme à la technique de l'eau-forte et à la sculpture. À Paris, il entre dans latelier de Jean-Léon Gérôme, mais les relations entre le maître et l'élève sont douloureuses et négatives.
À Bordeaux, il est très lié avec Rodolphe Bresdin qui lui apprend la gravure et commence une série de onze eaux-fortes sous la direction de cet artiste dont lart onirique est libre de tout formalisme: Le Gué tirées en 1866 dans une inspiration orientaliste et romantique influencée par Delacroix quil connaît de vue. Il participe comme simple soldat aux combats sur la Loire pendant la guerre de 1870. Après la guerre il sinstalle à Montparnasse jusqu'en 1877, mais l'été, retourne à Peyrelebade et passe lautomne en Bretagne. Il fréquente le salon littéraire et musical de Madame Rayssac, rencontre Fantin-Latour, Paul Chenavard, le musicien Ernest Chausson. Il séjourne à Barbizon pour y étudier les arbres et les sous-bois. En 1878, il voyage pour la première fois en Belgique et en Hollande et commence l'année suivante à être reconnu pour son premier album de lithographie intitulé Dans le Rêve il fait de la « lithographie de jet » , se montre précurseur de la psychanalyse et cherche à travers les rêves la descente dans l'inconscient, lequel lui permet de révéler les sources de son inspiration et de décrire son monde personnel voué à l'exploration de limaginaire. En 1884, Joris-Karl Huysmans publie À rebours avec un passage consacré à Odilon Redon.
Les années 1890 et le début du siècle sont une période de transformation, de mutation, c'est l'abandon de ses noirs, il commence à utiliser le pastel et l'huile, et la couleur dominera les uvres du reste de sa vie. Eve est son premier nu féminin réalisé daprès modèle. En 1899, il est présenté par Maurice Denis aux Nabis, groupe d'artistes qui compte parmi ses membres Gauguin. En 1900, Maurice Denis peint lHommage à Cézanne Redon y est représenté debout devant une toile de Cézanne, entouré de Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Roussel, Paul Sérusier, Mellerio et Ambroise Vollard. Il travaille avec Mallarmé. Une exposition Odilon Redon a lieu à la galerie Durand-Ruel en 1900. Il voyage en Italie avec Robert de Domecy. Il exécute des peintures décoratives pour son ami Ernest Chausson, ainsi que pour le château, en Bourgogne, de son ami et mécène, Robert de Domecy. En 1901 il participe au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris. Son ami denfance, le peintre Charles Lacoste, lintroduit en 1903 auprès de Gabriel Frizeau, mécène bordelais passionné d'art et de belles-lettres. La légion d'honneur lui est attribuée. En 1904 une salle lui est entièrement consacrée au Salon d'Automne comportant soixante-deux uvres. En 1908, Odilon voyage à Venise et en Italie avec sa femme, son fils et Arthur Fontaine, il réalise ses premiers cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins à la demande de Gustave Geffroy.
Il passe l'été à Bièvres à la villa Juliette qu'il loue après le décès de Juliette Dodu, la demi-sur de sa femme, n'ayant pu racheter la villa de sa belle-sur.Mellerio en 1913 publie un catalogue de ses eaux-fortes et lithographies. La même année, l'Armory Show présente quarante de ses uvres au continent américain à New York (International exhibition of Modern Art), Chicago et Boston, où le Nu descendant l'escalier de Marcel Duchamp fera scandale.
Il a publié de son vivant une intéressante autobiographie où sont évoqués ses rapports avec le milieu artistique et les ambitions artistiques et spirituelles de son époque. Il meurt le 6 Juillet à Paris ; son fils Ari na pu arriver à temps du front. Une huile sur toile, La Vierge, est laissée inachevée sur le chevalet de lartiste. Il est inhumé dans le petit cimetière de Bièvres, l« âme du roi des mondes imaginaires » repose là sous une pierre tombale régulièrement fleurie.