Godard au travail

Alain Bergala

Relié: 382 pages, 56,05 euros. Editeur : Cahiers du cinéma (7 décembre 2006). Collection : BEAUX LIVRES

Analyse des 15 longs-métrages que Godard réalise en neuf ans, de 1959 à 1967, de A bout de souffle à Week-end avec Anna Karina comme inspiratrice. Le livre veut remettre en cause des idées reçues et apporter un éclairage nouveau sur l'œuvre. En s'attachant aux documents, archives et témoignages, il veut revenir à la réalité cachée sous la légende Godard, fortement prégnante dans les années 60 où Godard est une star.

L'analyse de la création (la comparaison du film avec les rapports scripts qui permettent d'en suivre jour après jour la genèse) n'empêche pas Alain Bergala de retrouver la naissance du mythe à partir des documents et d'un travail d'enquête .

Mais, dit-il "La différence est à peu près la même que celle qui existe entre un chercheur qui travaillerait sur l'état final, attesté, d'un tableau de Picasso, et celui qui disposerait pour ce même tableau, de la séquence, de la genèse filmée par Clouzot dans Le mystère Picasso. C'est une chose d'analyser le système de la couleur dans Pierrot le fou en ignorant tout de l'ordre du tournage. C'en est une autre de voir Godard, au jour le jour, constituer sa palette et trouver en cours de route, autant pragmatiquement que conceptuellement, le système des couleurs de son film, plan après plan, décor après décor. Dans un cas on peut établir le système structural des couleurs, dans le second on peut suivre à la trace le geste même du créateur posant ses premières touches sur une toile vierge, et suivre de façon dynamique l'invention au jour le jour, touche après touche, de la toile."

Pas de logique de la création godardienne. Le Godard des années 60 est obsédé par l'idée qu'il ne faut pas que ça s'arrête, qu'il doit toujours avoir un film déjà produit et près à tourner des que le précèdent sera terminé. Il met souvent en marche un processus de production d'un film avant même d'avoir commencé le tournage du précédent.

A ce livre magistral et indispensable, on fera le seul reproche d'avoir écarté la recherche documentaire et cinéphile sur les six courts-métrages réalisés par Godard durant cette période. Bergala explique que les archives sont rares.. Dommage.

voir : A bout de souffle, Deux ou trois choses , La Chinoise, Week-end ...

 

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