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Le mystère Picasso

1956

Voir : Photogrammes du film
Genre : Documentaire

Avec : Pablo Picasso, Henri-Georges Clouzot. 1h18.

La caméra placée devant le chevalet sur lequel est tendu un papier et non derrière Picasso, capte le cheminement de la pensée créatrice du peintre. Puis passage à la couleur ; peinture à l'huile plus classique, filmée en écran cinémascope et film monté photogramme par photogramme.

La genèse du film résulte d'un concours de circonstances : Picasso et Clouzot, amis depuis vingt ans, voulaient faire un film ensemble ; c'est lorsque le peintre reçut des "feutres magiques" et des encres spéciales envoyées par des étudiants américains que le projet prit corps. Feutres et encres avaient la curieuse propriété de traverser le papier sans baver et d'inscrire au verso les traits exacts dessinés au recto. Clouzot eut l'idée de filmer le derrière de la toile : on verrait ainsi naître l'oeuvre d'art par transparence, comme par magie.

De juillet à septembre 1955, Picasso et Clouzot se retrouvent tous les jours durant huit heures dans les Studios de La Victorine à Nice. Claude Renoir, le petit-fils du grand peintre, dirige les prises de vues. Au début, l'idée du réalisateur est de tourner un court métrage de dix minutes. Mais au bout de huit jours, la matière est tellement riche qu'il songe à une série de courts métrages.

Ensuite, Picasso peint à l'huile : la technique de cinéma doit être modifiée. Clouzot place sa caméra derrière le peintre et filme la toile à intervalles réguliers tandis que Picasso s'écarte. Pour la peinture à l'huile, Clouzot emploie la couleur. De même, pour suivre fidèlement les proportions des toiles, le cinéaste filmera en écran large. Ainsi, son film sera le seul à employer successivement le noir et blanc et la couleur, l'écran normal puis le Cinémascope. Parallèlement, la bande sonore suit la même évolution : on n'entend d'abord que le crissement du fusain sur la toile; puis ce sont des mesures de guitares ou des solos de batterie; pour finir, c'est la totalité de l'orchestre symphonique qui explicite l'oeuvre en gestation.

Au bout des trois mois de tournage, Clouzot se trouve en possession d'une longueur impressionnante de pellicule. Il trouve dommage de fragmenter une matière aussi riche : le film sortira donc sous la forme d'un long métrage. Son genre particulier limitera forcément son audience. Mais les vrais amateurs d'art se réjouiront tous de ce document unique dans les annales du cinéma. Adoptant sans réticence la formule d'un critique de l'époque : LE MYSTÈRE PICASSO, c'est "le plus beau film de suspense Jamais réalisé"...

Bibliographie :

Article de Stéphanie Katz, P. 43 à 46, Zeuxis n°18, mai-juin-juillet 2005

 

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