Les 11 et 12 octobre 2013

 

Inscription : Café des Images.
Tarifs : les 4 parties 16 €. Chaque partie : 6,50 €.

Vincent Amiel est essayiste, théoricien du cinéma, de l'image et des médias, professeur des universités à Caen, et critique de cinéma français. Il est également membre du comité de rédaction de la revue Positif (à laquelle il collabore depuis 1981) et critique pour la revue Esprit (depuis 1990) :

"Marker a tourné des films documentaires à visée politique, un film de fiction devenu mythique, et des films-essais dans lesquels il met en relation des images, des souvenirs, des morceaux de films, et ses propres créations (dessins, films, textes). Peu de cinéastes, sans doute, ont balayé les multiples possibilités du cinéma comme Marker, et sont restés aussi mystérieux. C'est aussi un cinéaste iconoclaste, qui semble souvent à la surface des choses, préférant l'apparence aux analyses, la forme aux idéologies. Au-delà du plaisir de voir ses films, nous aurons donc aussi le plaisir de les discuter..."

Séminaire 1ère partie : Vendredi 11 octobre à 20h30

Lettre de Sibérie (1958, 1h01)
Dimanche à Pékin (1956, 0h20)

20h30 : Projection de Lettre de Sibérie (1958, 1h01) précédée d’une introduction à l’oeuvre de Chris Marker par Vincent Amiel. Dans ce "film-essai", le cinéaste Chris Marker s'interroge sur la manipulation des images. Apportant la preuve par l'exemple, il propose ainsi plusieurs commentaires en voix off sur des mê-mes séquences filmées en URSS : l'un élogieux, l'autre critique, le dernier plus objectif.

21h30 : Dimanche à Pékin (1956, 0h20). C’est une photo de l’allée des tombeaux Ming, vue par le réalisateur, enfant, qui introduit cette ballade de Chris Marker dans les rues de Pékin. Marker déambule dans différents quartiers de la ville et propose « différentes vignettes » de la chine moderne des années 50.

22h00 : Chris Marker vu par ...Vincent Amiel.

Chris Marker fait partie des intellectuels dits de La Rive-gauche. Au comité éditorial du seuil, il crée et dirige, Petite planète, première collection tiers-mondiste. Avec Agnès Varda, Alain Resnais, Marguerite Duras et Pierre Kast, très tôt ils entament une réflexion sur le documentaire où l'écriture, celle du à la mise en scène des images et du commentaire, est mise en avant. Cette conscience de la prééminence de l'écriture cinématographique s'oppose ainsi au naturel et au réalisme jusqu'ici attaché au genre. Comme Alain Resnais qui choisit des textes d'Eluard ou de Queneau afin que l'on les entende sur ses images, Lettre de Sibérie, telle une caméra-stylo moderne voulue par Alexandre Astruc, démarre avec des lettres qui s'inscrivent sur l'écran au son et au rythme d'une machine à écrire. Le film se construit comme on écrit un texte, des petites histoires tissées ensemble formant une pensée presque magique. Les personnages ont un nom, un visage et ne sont pas représentés, définis, par leur activité quotidienne mais par un aspect qui préserve leur mystère. L'important est d'être là à ce moment là sans avoir besoin de proposer de vision globale, sans montrer l'organisation et la mise en œuvre du pouvoir.

L'image triche avec la vérité pour toucher le spectateur. Ainsi de l'introduction du dessin animée avec les mammouths, des effets de sens sont dus au passage de la couleur au noir et blanc pour les actualités imaginaires, puis à la fin de celles-ci, de la photo bleue vieillie qui s'ajoute à toutes celles qui sont de vraies archives pour saisir un personnage contemporain dont on va suivre quelques pas.

La musique n'est ni discrète, ni conventionnelle. Bien loin de l'accompagnement des images dû à un compositeur unique, elle change de registre toutes les 30 secondes, passant de l'opéra aux chansons populaires ou au musiques publicitaires.

Lettre de Sibérie est le seul long métrage de Marker qu'André Bazin ait vu avant sa mort. Il y parle surtout d'un "montage horizontal ou latéral" pour exprimer le développement parallèle de l'image, du commentaire et de la musique et les effets ludiques des associations ou des contrastes qu'il peut en tirer. Pour Bazin, le texte fait vivre l'image, lui donne son sens : Marker en établit lui-même la preuve dans la célèbre scène où les mêmes plans saisis dans une rue d'Irkoutsk sont projetés trois fois avec trois commentaires différents. Au final, il n'est pas sûr que ce soit l'idéologie qui sorte perdante de ce feux croisé. Ce dont Chris Marker vient d'administrer implicitement la démonstration, c'est que l'objectivité est plus fausse encore que les deux points de vue partisans.

Marker s'opposera ensuite et jusqu'à sa mort à la diffusion de ce film et de tous ceux réalisés avant 1962. Il ne semblait pas faire cas d'apparaitre naïf dans les années 50 en exprimant, au final, une vision positive des pays de Mao et Kroutchev. Il disait qu'il s'agissait de brouillons cinématographiques qu'il aurait voulu avoir le pouvoir de détruire. Que Georges Rouquier, l'auteur de Farrebique, se délecte comme récitant du texte montre le pouvoir libérateur qu'a eu Marker sur le genre et dont Michael Moore est aujourd'hui le continuateur pas toujours inspiré.


Dimanche à Pekin est prétexte à montrer des couleurs et des formes. On sent néanmoins Marker assez éloigné de ceux qu'il filme comme, plus tard ,le sera Antonioni avec La Chine (1972). C'est le Japon qui est l'extrême-orient de Marker.

 

Séminaire 2e partie : Samedi 12 octobre de 9h00 à 12h30

La jetée (1962, 0h29).

9h15 : Chris Marker vu par ….Vincent Amiel

11h15 : La jetée (1962, 0h29). L'histoire débute à Paris, après la "Troisième Guerre mondiale" et la destruction nucléaire de toute la surface de la Terre. Le héros est le cobaye de scientifiques qui cherchent à rétablir un corridor temporel afin de permettre aux hommes du futur de transporter des vivres, des médicaments et des sources d'énergies : "D'appeler le passé et l'avenir au secours du présent".

Projection suivie d’un échange avec les participants.

Séminaire 3e partie : Samedi 12 octobre de 14h10 à 18h00

Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958, 2h09)

14h10 : Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958, 2h09) Scottie est sujet au vertige, ce qui lui porte préjudice dans son métier de policier. Rendu responsable de la mort d'un de ses collègues, il décide de quitter la police. Une ancienne relation le contacte afin qu'il suive sa femme, possédée selon lui par l'esprit de son aïeule. Scottie s'éprend de la jeune femme et se trouve ballotté par des évènements qu'il ne peut contrôler.

16h30 : Hitchcock et Marker vus par... Vincent Amiel.

Séminaire 4e partie : Samedi 12 octobre à 19h45

Le joli Mai (1963, 2h16)

19h45 : Le joli Mai (1963, 2h16). Paris, mai 1962. La guerre d'Algérie vient de s'achever avec les accords d'Evian. En ce premier mois de paix depuis sept ans, que font, à quoi pensent les Parisiens ? Chacun témoigne à sa manière de ses angoisses, ses bonheurs, ses espoirs. Peu à peu, se dessine un portrait pris sur le vif de la France à l'aube des années 60.

22h00 : Chris Marker vu par ...Vincent Amiel et Pierre Grunstein (Assistant caméra sur Le joli mai , il est devenu par la suite producteur de cinéma, Tess de Roman Polanski, La reine Margot de Patrice Chéreau, La graine et le mulet de Abdellatif Kéchiche...).

 

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