Editeurs : Why not productions - Cahiers du Cinéma. Septembre 2008. Disque 1 : Bianca (1h36). Disque 2 : La messe est finie (1h38). VF et VO Sous-titres français. Suppléments :
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Nanni Moretti en Michele Apicella barbu dans Bianca
puis imberbe en Don Guilio dans
La messe est finie.
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Double DVD essentiel qui marque une transition importante entre des films aussi libres que nettement autobiographiques et ceux où l'attention à la mise en scène va de paire avec un éloignement progressif du personnage de Michele Apicella. Dans ces deux films, Moretti joue un même personnage : un être, d'une part, épris de perfection et d'absolu et d'autre part qui se nourrit de l'amour que les êtres se portent les uns aux autres. Don Giulio montre une tendance au dérangement mental et peut être même au meurtre comme dans Bianca. Il menace sa soeur qui veut avorter et seule probablement sa vocation de prêtre le retient de passer à l'acte. La messe est finie est probablement le premier chef-d'oeuvre de Moretti, celui la mise-en-scène produit constamment des séquences bouleversantes. En supplément, un entretien filmé passionnant de cinquante minutes. Il complète le livre de Carlo Chantrian et Eugenio Renzi publié pour la rétrospective Moretti au festival de Locarno et édité par les Cahiers du cinéma.
Entretien filmé avec Nanni Moretti au festival
de Cannes 2008 - partie 1
Alors qu'un avion passe au-dessus de Cannes, Moretti rappelle que le tournage avec la prise directe du son est initié en Italie par Giuseppe Bertolucci avec Berlinger je t'aime en 1977 auquel il emboîte le pas avec Ecce bombo en 1978. Je suis un autarcique, son premier long métrage, est tourné en super8 et obtient beaucoup de succès dans les ciné-clubs. Ecce bombo, apparenté au niveau des thèmes, des personnages, du ton, de la simplicité de mise en scène connaît un succès imprévu. Moretti pensait avoir fait un film douloureux pour un public restreint alors qu'il sera, au final, perçu comme un film comique et apprécié comme tel par le grand public. Entre 1978 et 1981, Moretti joue au water-polo et essaie vainement de quitter le domicile de ses parents. Avec Sogni d'oro, Michele acquière un nom, Apicella, qui est celui de sa mère, mêmes tics, mêmes névroses, même personnage. Après ce film son travail de spectateur influence son travail de réalisateur. Jusque là, ses histoires sont à structure horizontale, l'intrigue n'a pas d'importance et la rigueur de la mise en scène se transforme souvent en rigidité. La vision de La femme d'a coté qui sort en Italie en 1981-82 le transforme comme spectateur et réalisateur. Il cherche alors à développer d'autres personnages autour de lui, le commissaire, Bianca et, pour la première fois, fait appel à un scénariste. Dans Bianca, Sandro Petraglia, intervient une fois le sujet trouvé. La trame se développe alors à la verticale, une comédie sur l'école, une histoire d'amour, un film policier Pour La messe est fini, il travaille avec Moretti dès le début. Bien sur, dans les personnages qu'il interprète, il y a des choses de lui. Par exemple l'importance des coups de téléphone et ce bien avant les portables. Dans journal intime, il téléphone pendant sa chimiothérapie, filmée en 16 mm. Il y a aussi, le coté irascible, l'intérêt pour le langage, les chaussures, la passion des desserts, des repas en famille, le sport, le ballon en extérieur, la balle pour jouer dans la chambre. Moretti pense d'abord en terme de scènes à intègre puis développe le sujet. Bien qu'il fut à la fois réalisateur et sportif (Il joue au water-polo en 77 en série A, puis reprend d'abord en série D puis C) il n'avait jamais réussit à intégrer de water-polo à ses films. C'est pourquoi il fait Palombella rossa Je suis un autarcique est invité à la quinzaine mais pas gonflé en 16 ni sous-titré. C'est à La Rochelle en 1977 que la projection est formidable et inoubliable. En l'absence de sous-titres, Christian Depuyper fait la traduction au micro en simultané et change de ton. Il était le réalisateur et les personnages : le film lui appartenait pendant la projection. Ecce bombo est en compétition à Cannes, Sogni d'oro à Venise. Bianca n'est pas retenu ni pour la compétition officielle ni pour la quinzaine. La messe est finie n'est retenu que pour la quinzaine. Moretti préfère le présenter en compétition à Berlin. Dès 1973, il joue dans ses films en super8. Il y a 35 ans ; voyions voir la télévision était différente. Les DVD n'existaient pas. Les cassettes vidéo non plus. En Italie le film a la télévision était le lundi soir seulement. Il y avait le mur de Berlin. Il y avait le parti communiste italien. Il y avait la première, la deuxième et la troisième partie de soirée. En Italie, "fasciste" était encore une insulte et "communiste" ne l'était pas. Trois choses lui étaient naturelles : parler de son monde : politique, social et générationnel ; en parler avec ironie qui était sa façon naturelle de s'exprimer, forcement avec autodérision puisqu'il parlait de lui. La troisième chose naturelle pour lui était d'être non seulement derrière mais devant la caméra. Un critique dirait en tant que corps, il préfère dire en tant que personne. Moretti tient aussi absolument à jouer le psychanalyste, assez différent de ses autres rôles. Il veut interpréter, écrire et diriger le personnage. Aujourd'hui, il est capable d'écrire un scénario pour quelqu'un d'autre avec d'autres personnages que lui comme dans Caos calmo (Antonello Grimaldi, 2008) jouer dans un film qui n'est pas le sien. Moretti regarde aussi de mauvais films pour bien savoir ce qu'il ne veut pas voir dans les siens : des dialogues ou des gags banals. C'est important pour un jeune réalisateur de savoir ce qu'il ne veut pas : quel type de jeu, de montage, de lumière ou quel usage de la musique.
Avec Bianca, Moretti, influencé par La femme d'à côté de Truffaut, change de style. Il fait dorénavant attention à la position de la caméra et évite de la déplacer au hasard. La caméra fixe n'est pas le point de départ d'un style mais son but. La caméra fixe transmet l'essentiel d'un style de la mise en scène et elle rappelle au spectateur que ce n'est pas la réalité mais que c'est un point de vue, une reconstruction de la réalité, un artifice. Moretti a certes déjà utilisé la caméra fixe depuis Je suis un autarcique mais il en a sans cesse amélioré l'usage. Ce procédé vise à privilégier le montage interne : caméra fixe, les acteurs vont et viennent et non pas les découpes premier plan, champ-contrechamp etc. La mise en scène se fait plus fluide parallèlement au scénario, plus élaboré. Moretti aime à tourner longtemps dans un décor pour le transformer en studio. Dans Bianca, c'est son école primaire, qui s'appelait Leopardi, qui devient Marilyn Monroe pour le film. Le personnage de Bianca est en quête de perfection, d'absolu. Il se réjouit du bonheur des autres, se nourrit du bonheur des autres. Il ne supporte pas voir ce bonheur se briser et il est alors conduit à tuer les protagonistes de cette rupture. Il devient un assassin et un fou. Parallèlement à l'attention portée au jeu des acteurs, à la position de la caméra, Moretti souligne l'importance de la confrontation au réel. La scène doit être physiquement vraie, fatigante ; ainsi de la fontaine de La messe est finie qui est juste assez large.. Ce qui est dangereux pour son 1,84 mètre. Moretti ne croit pas à l'improvisation. C'est une coquetterie d'acteur ou de metteur en scène pour les conférences de presse : 999 fois sur 1000, s'il y a eut improvisation, ce n'est pas monté. Tout au plus se satisfait-il d'un hasard heureux : le le choc de l'actrice qui joue la mère qui renforce la vérité du personnage dans la scène. Après, il ne veut pas être prisonnier de son personnage : du rapport du personnage aux autres et rapport entre le personnage et le public. L'amnésie du personnage principal de Palombella rossa, le communiste avec son passé, sa mémoire compliquée peut être interprétée comme le fait qu'il ne voulait plus continuer à interpréter ce personnage de Michele Apicella. Celui-ci ne sait plus qui il est. Le réalisateur l'a rendu amnésique parce qu'il cherchait un autre personnage. Ses amis, au bord de la piscine, semblent vouloir lui rappeler qui il est vraiment. Ils veulent le ramener au personnage du passé. Moretti passera ensuite à la narration à la première personne avec Journal intime. Dans La messe est finie, il regrette l'équivoque entre son personnage et lui. Les spectateurs font l'amalgame entre ce que dit le personnage et ce que pense le réalisateur. Certes, il y a des éléments personnels à la base du scénario mais ensuite le personnage s'affranchit de lui. Le réalisateur de Sogni d'oro, le professeur de Bianca, le prêtre de La messe est finie sont des personnages d'un film de fiction. En trente ans, le spectateur n'a pas beaucoup évolué. Il croit toujours que ce que dit le personnage est ce que pense le réalisateur. C'est encore plus flagrant quand le personnage est le réalisateur. Le match télévisuel entre un Michele Apicella qui réalise un film sur la mère de Freud et un réalisateur de music-hall qui fait un film sur mai 68 anticipe sur la vulgarité de la télévision à venir. On parle de vie privée dans une sorte de Jeux sans frontières avec un concours de gros mots et même un match de boxe. Dans celui-ci Moretti imite Mohamed Ali, se vantant d'être le meilleur. Certains ont pensé : quel vantard ce Moretti alors que d'autres pas mieux inspirés pensaient c'est bien vrai que Moretti est le meilleur des jeunes cinéastes. Dans Bianca, il est pareillement tellement sympathique au spectateur que, malgré les aveux complets, on lui disait : "Ce n'est pas toi le coupable. Tu dis ça pour protéger Siro Siri". Une phrase de Journal intime a finie inscrite sur les tee-shirts. dans le film Moretti disait au conducteur d'une grosse voiture qu'il croisait avec sa Vespa : "Tu sais à quoi je pense ? Même dans une société plus décente que celle-ci, je serai toujours plus à l'aise et en meilleur accord avec une minorité". Ce n'était pas idéologique, seulement une question de sensation mais les spectateurs ont retenu ce qui est devenu la phrase du tee-shirt : "Je serai toujours du coté des minorités". Quand un film sort en salle, il passe aux mains du public qui se l'approprie parfois contre l'intention de son metteur en scène et ce même dans les petits détails. Moretti s'est ainsi employé longtemps pour choisir la couleur verte de la Vespa. Mais tout le monde se souvient d'une Vesta blanche. El lorsque Moretti se promène avec sa Vespa verte dans Rome, tout le monde lui demande pourquoi il en a changé par rapport au film.
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Les cahiers du cinéma
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présentent
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Bianca
et La messe est finie
de Nanni Moretti
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