L'île des morts

Au cours de la première guerre balkanique de 1912, les Grecs sont parvenus à remporter une victoire sur les Turcs mais le général Pherides fait exécuter l'un de ses colonels et amis dont les troupes, épuisées, sont arrivées en retard sur le champ de bataille. Oliver Davis, reporter au Boston star reproche à Pherides d'être froid et brutal comme son surnom, Chien de garde, l'indique. Il tuerait probablement sa femme s'il en avait une déclare Oliver en colère. Il s'excuse lorsque le général lui dit que sa femme bien aimée est enterrée tout près d'ici et décide d'y conduire le reporter.

Avant de partir, ils voient des hommes tirer une charrette de cadavres. "Les chevaux ne s'épuisent pas par patriotisme, les hommes oui" dira Pherides. On enterre les morts pour éviter la peste septicémique, le typhus, dont à cinquante kilomètres de là, la moitié des soldats sont infestés. "Le cavalier sur le cheval pâle c'est la pestilence siganle cette fois Pherides évoquant l'Apocalypse.

Sur l'île, Pherides a la mauvaise surprise de constater que le tombeau de sa femme a été violé. Albrecht, un suisse qui a choisi de vivre ici, lui indique qu'il en est en parti responsable. Archéologue, il a, sans le vouloir, incité les paysans à chercher des antiquités pour les vendre, et les cercueils ouverts, les cadavres ont été ensuite brûlés.

Albrecht présente ses invités, retenus par les bombardement, à Pherides et Oliver : monsieur et madame St Aubyn, le consul anglais et sa femme, ainsi que Thea, la femme de chambre de cette dernière et Henry Robbins, un quincaillier. Oliver parvient à convaincre Pherides de ne repartir que le lendemain.

Dans la nuit, la peste se déclare emportant le quincaillier. Le docteur colonel Drossos, appelé dans l'île et le général imposent que tous restent pour éviter que la maladie ne touche l'armée. Si le sirocco souffle, les puces, qui transmettent la maladie, mourront. Kyra, la vieille paysanne, soupçonne plutôt la présence d'une femme démon, la Vorvolaka, esprit diabolique de la race des vampires

La femme du consul, enterrée prématurément à la suite de la terrible maladie, se réveille dans son tombeau. Prise de folie meurtrière, Mrs St Aubyn semble possédée par une force mystérieuse qui la pousse à accomplir une série de meurtres sanguinaires. Après avoir assassiné Kyra et le général, elle se suicidera en se jetant du haut d'une falaise.

À la fin de ce cauchemar, l'épidémie de peste régresse, permettant à Oliver de quitter l'île en compagnie de Thea, la servante grecque, dont il est tombé éperdument amoureux.

Val Lawton après trois films de Jacques Tourneur : La féline (1942), Vaudou et L'homme léopard (1943), réalise trois films avec Boris Karloff qui a signé pour trois films à la RKO. Ce seront Le récupérateur de cadavres (Wise, 1945), L'île des morts et Bedlam (Robson, 1946), dernier film de l'unité horreur que la RKO venait de dissoudre

Comme point de départ à L'île des morts, une oeuvre du peintre symboliste Böcklin, portant le même titre, L'île des morts. Le producteur aimait beaucoup ce tableau que l'on apercevait déjà dans Vaudou. Ici, il est reconstruit en trois dimensions et devient le décor même du film.

vers l'île	L'île des morts, Arnold Böcklin, 1896

On retrouve ici la dimension mentale du fantastique, menace invisible chère à Val Lawton, dans des films où le rationalisme ne parvient jamais à dissiper les croyances. Celles-ci sont toujours susceptibles de l'emporter et d'entraîner les personnages dans la folie. Celles-ci sont présentées, "justifiées" dès le carton déroulant qui suit le générique : "C'est à cause des conquêtes et de l'oppression que le peuple grec laissa ses légendes se transformer en superstitions. La déesse Aphrodite devint Vorvolaka. Cette créature de cauchemar hantait encore les paysans quand la Grèce remporta la guerre des Balkans en 1912"

	Editeur : Editions Montparnasse. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français.