Kenichi Horie, japonais d'une vingtaine d'années, n'a qu'une idée en tête : traverser seul à bord d'un petit voilier le Pacifique pour rejoindre San Francisco, symbole pour lui des Etats-Unis. Mais le Japon a une politique très fermée et les petits bateaux ont interdiction de sortir de la zone nautique japonais. Après avoir préparer son voyage pendant plusieurs années, rien ne pourra l'empêcher de partir...
Il s'agit d'un film d'aventure retraçant une odyssée amorcée à Osaka 12 mars 1962 mais le film garde un ton léger qui le classe, comme La vengeance d'un acteur, à l'opposé des films sombres d'Ichikawa.
La mise en scène soutient la démarche radicale mais ironise sans cesse. L'ironie est perceptible de bout en bout depuis le début en forme de faux film noir car si l'expédition est hors la loi, elle n'a rien de criminelle jusqu'à la scène où le jeune héros, fort pudique, ne se déshabille pas entièrement à l'extérieur du bateau alors qu'il est entièrement coupé du monde .
Ichikawa établit un parallèle entre la démarche du héros et la démarche créatrice. Au départ la toute puissance du héros/créateur est mise à mal par l'absence de vent mais il suffit qu'il demande un typhon pour qu'il soit exaucé au plan suivant. La construction en flash-back qui raconte la préparation minutieuse du voyage pendant cinq ans évoque aussi la détermination bien connue d'Ichikawa qui aime tout contrôler.
L'alternance entre séquences où l'on suit le héros et celles qui expliquent le voyage étape par étape permet la séquence très émouvante où le héros, dont l'embarcation est sur le point de chavirer, se remémore sa mère lui disant "Si jamais tu crois que tu va mourir fait appel à moi."
Il s'agit moins pour le héros de gagner l'Amérique que de fuir un Japon qui abuse du contrôle et de la hiérarchie. Ceci transparaît dans les scènes d'altercations avec le père où il est hors de question pour le jeune héros de reprendre l'affaire familiale et de suivre la loi du père. La séquence de la liste des provisions pour le voyage évoque une installation dérivée du pop art. Le film est en tout cas plus proche du Nouvel Hollywood (l'évocation d'un prédateur marin fait penser aux Dents de la mer) que de la Nouvelle Vague.
Editeur : Carlotta-Films, août 2009. DVD1 : La harpe de Birmanie. DVD2 : Kokoro. DVD 3 : Seul sur l'océan pacifique. Nouveaux masters restaurés. Versions originales. Sous-Titres français. 40 € |
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Suppléments :
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