Birmanie, juillet 1945. La fin est proche pour l'Armée Impériale Japonaise menacée de tous cotés par les alliées. Inouye chef d'escouade est diplômé de musique et enseigne l'art du chant choral aux hommes de sa petite troupe. il trouve en Mizushima un élève particulièrement doué qui apprend à jouer en autodidacte de la harpe de Birmanie.
Déguisé en Birman, Mizushima est envoyé en éclaireur et peut avertir ses compagnons de l'état de la situation en jouant de l'instrument. Grâce au chant l'escouade échape au massacre par l'armée anglaise qui entonne, après les Japonais, le home sweet home en guise d'annonce de la paix qui vient d'être signée. Alors que l'escouade est conduite dans un camp de prisonniers au Sud, Mizushima disparaît mystérieusement, et ses camarades le croient mort.
En fait, il a été sauvé et recueilli par un prêtre bouddhiste, et, habillé en bonze lui-même, se met à la recherche de ses compagnons en jouant d'une "harpe birmane" pour se faire reconnaître. Mais, en chemin, il découvre l'horreur des charniers d'anciens soldats nippons tués dans la jungle ou au bord des fleuves, et décide de les enterrer pour sauver ainsi leur honneur.
Il finit par retrouver sa garnison grâce aux chants qu'ils entonnent dans le camp sous la direction du capitaine Inouye. Pourtant, refusant de les rejoindre, il décide seulement de révéler sa présence en jouant de sa harpe, caché dans un immense bouddha couché : ils comprennent bientôt que Mizushima ne les rejoindra jamais, et restera en Birmanie pour donner une sépulture honorable à tous les morts. Et Mizushima s'éloigne en effet, vêtu de sa robe de bonze et muni de sa harpe vers les innombrables charniers..
La harpe de Birmanie de Michio Takeyama est paru sous forme de roman en 1948 après avoir été édité en feuilleton dans un magazine littéraire destiné à un jeune public. De ce premier public, il reste, si ce n'est une dimension de conte pour enfant du moins une fable pacifiste et humaniste avec un discours anti-guerre qui prône le rassemblement et ce quelques années seulement après le retrait des forces d'occupation américaines.
Film polyphonique avec la voix du narrateur, celles de la vieille birmane
et les deux perroquets doubles étranges du héros et de ses compatriotes,
et le chur des chansons. Le film balance ainsi entre le corps militaire
collectif (le capitaine de la compagnie, chef de chorale dans le civil) et
l'individualisation, entre une voie collective vers la paix et une voie personnelle
; entre la vie qui va de l'avant vers la paix et le travail de deuil. Alternance
ainsi entre la profondeur de champs marquant l'unité de la compagnie
et plans où un visage se détache .
La musique est vecteur de la paix. Mizushima l'utilise d'abord sur un plan
militaire, pour renseigner son ecouade, puis la chanson et l'accompagnement
musical vont toucher le cur de l'ennemi. Cette communication est toutefois
fargile comme avec la chanson derrière les barbelés. Il existe
aussi une dimension ironique dans la conversion spirituelle du héros
qui repose sur un larcin. C'est parce qu'il a volé des habits qu'il
peut profiter d'offrandes (Le déguisement Birman l'avait déjà
fait osciller entre le soldat et le civil, entre le Japonais et le Birman)
Mizushima traverse la Birmanie du nord au sud. Ce n'est pas tant un saint homme que quelqu'un qui s'isole du groupe et finit par avoir une idée fixe. Il n'y pas de choc visuel qui soit responsablede sa conversion. La dimension lyrique, soulignée par la musique off marque l'empathie pour les morts. Pour que la lumière se fasse, il faut dépasser l'aveuglement d'une lumière éblouissante qui est celle des horreurs de la guerre pour atteindre à ctet sorte de regard musical flottant peut être uneé référence au dessin animé d'où vient Ichikawa avec ce mélange de merveilleux et d'horreur.
La campagne de Birmanie commence en 1941 et s'achève avec la défaite du Japon en 1945. Il s'agit de libérer les anciennes colonies occidentales et, à partir de 1943 de réaliser une "sphère de co-prospérite de la grande Asie orientale". La Birmanie ne possède pas de matières premières stratégiques mais elele st uen étape vers la conquête de la Chine. Elle coupe la route qui permettait de ravitailler la Chine nationaliste par le sud ouest. la conuqêtde la Birmanie permet aussi de se rapprocher de l'Inde pour destabiliser cette colonie anglaise. Les japonais entre en Birmanie depuis la Thaïlande sans rencontrer de garnde résistance et conquirent el pays entre décembre 41 et mai 42 contraignant les Britanniques et les Chinois à une retraite humiliante. Le renversement de tendance n'interviendra qu'en 1944 seulement où la 28ème armée japonaise est défaite.
Kazuo Nakamura, le moine soldat qui sertde modèle au roman et au film, est capturé en 1945. Dans le camp de prisonniers, non seulement il monte une chorale pour interpréter des chansons très populaires comme Hanyû no yado ou Sakura mais il organise aussi des cérémonies en souvenir des soldats morts et des lectures de textes bouddhiques. Né en 1917, appelé en 1938, Kazuo Nakamura se se destine à l'état de moine et pratique déjà dans le célèbre monastère de Eihei-ji. Rapatrié au japon en 1946, il devient bonze où il se consacre surtout à l'éducation des enfants. Il est mort le 17 décembre 2008. Son plus grand drame est d'avoir été élèvé dans les principes du bouddhisme qui défend de tuer, et d'avoir été entraîné dans un conflit effroyable où il devient soldat malgré lui.
Michio Takeyama a basé son feuilleton puis son roman sur le récit
d'un témoin de a captivité de Kazuo Nakamura. Il a dédoublé
le personnage de Nakamura en créant celui du capitaine Inouye, supérieur
de Nakamura devenu Mizushima, et chef de chur dans le civil. cela lui
permet d'opposer le destin individuel du soldat et le destin collectif du
groupe. Cela permet aussi la gravité du choix final de Mizushima de
rester en Birmanie alors que son modèle est rentré au Japon
Le Japon est occupé par les Américains jusqu'en 1952. La guerre
de Corée entraîne les révoltes étudiantes contre
le renouvellement du traité de sécurité nippo-américain
prévu pour 1960. Sur ce terraion des cinastes de gauche réalisent
des films antimilitaristes avec des productions indépendantes. rencontre
un succès preque dientique des films de guerre nostalgiques Les
cinq de la patrouille de Tomotaka Tasaka en 1938, L'aigle du pacifique
de Ishiro Honda 1953, Yamashita Tomoyuki, un général tragique
de Kiyoshi Saeki où la responsabilité du Japon est évacuée
au seul profit de l'exaltation militaire
La harpe de Birmanie, Feu dans la plaine de Kon Ichikawa et La condition
de l'homme de Masaki Kobayashi sont les trois films phare du groupe que l'on
a qualifié d'humanistes de l'après-guerre. On y trouve trois
héros écrasés par un conflit qui les dépasse sur
trois fronts différents : la Birmanie dans La harpe de Birmanie, la
Mandchourie dans la condition de l'homme et les Philippines dans Feu dans
la plaine
Dans cette décennie ambiguë les Majors hésitent à s'engager. La Shoshiku ne s'engage dans La condition de l'homme de Masaki Kobayashi qu'au vu du succès de sa première partie, sortie en 1959. celui-ci attaque l'amée japonaise de front ce qui n'est pas le cas de Kon Ihikawa. Shôji Yasui qui joue Mizushima se verra congfier un rôle secondaire dans La condition de l'homme, comem un clin d'il de Kobayshia à son aîné . Il n'est ici jamais question des exactions de l'armée japonaise ou britannique. Ichikawa ne condamne pas la guerre japonaise mais toutes les guerres. c'est une épreuve de l'histoire, une tragédie collective, sans que l'armée corrompe les individus. Les soldats alliés ou japonais n'ont pas renoncé à leur humanité ; ils restent des êtres moraux et tuent par devoir d'où le rôle de la musique.
La musique chorale exprime la vision collective lors du chant "Hanyû no yado". il s'agit de la version japonaise du fameux "Home sweet home". Cette chanson extraite de l'opérette "Clari, maid of Milan" de J.H. Payne (livret) et H.R. Bishop (musique) a été créée en 1823 à Coven garden. La chanson est popularisée au Japon car intégrée aux programmes scolaires à partir de 1889. Elle est ainsi connue de tous et sera effectivement chantée par Nakamura et ses camarades dans le camp de prisonniers ainsi que dans le roman. La mélodie est immédiatement reconnaissable par les soldats alliés sur le point de charger la petite troupe. Ils répondent en entonnant home sweet home signifiant par là à leurs ennemis que la guerre est finie et qu'ils vont pouvoir tous rentrer chez eux.
Il s'agit là moins de nostalgie sentimentale que du rôle possible de la musique comme pont lancé au-dessus des frontières. La musique exprime la cohésion fraternelle de tous ces hommes qui n'ont pas voulu de cette guerre qui les oppose.
"Hanyû no yado" est entonnée de nouveau dans le camp de prisonniers pour pallier l'impossibilité de parler, les priosnniers ne sachant si le bonze est Mizushima, la petite troupe chante dans l'espoir que ce jeune moine birman est bien celui dont elle s'inquiète depuis des mois. Mizushima répond alors à ses camardes en les accompagnant avec une harpe birmane. Il poursuit ce dialogue en jouant "Aogeba Tôtoshi", chanson de la fin du XIX également au répertoire de l'éducation primaire japonaise et, de ce fait, connue de tous. A la fois chant de séparation et éloge du maître, cette chanson permet à Mizushima de signifier à la fois sa reconnaissance vis à vis d'Inouye, le chef de la petite troupe et la décision qu'il a prise de rester en Birmanie.
Eclaireur confronté aux charniers auxquels a échappé le reste de son escouade, Mizushima se pose la question de sa responsabilité morale (et non politique) dans la guerre. Déguisé successivement en Birman et en moine, il deviendra les deux. Son destin personnel qui associe renoncement et deuil l'oppose au destin collectif qui s'engage à retourner au Japon et à participer à la reconstruction.
Kobayashi dénoncera tout ordre transcendant. Ichikawa propose ici une issue spirituelle au conflit intérieur et moral traversé par son héros. La terre birmane est celle du bouddhisme Theravâda, plus proche de la parole du bouddha que ne l'est le bouddhisme japonais en général depuis l'introduction du bouddhisme au sixième siècle. Les japonais ont toujours et fascinés par ses terres au plus près du bouddhisme originel. le destin du soldat Mizushima est vu comme un retour symbolique aux origines spirituelles du bouddhisme japonais.
Editeur : Carlotta-Films, août 2009. DVD1 : La harpe de Birmanie. DVD2 : Kokoro. DVD 3 : Seul sur l'océan pacifique. Nouveaux masters restaurés. Versions originales. Sous-Titres français. 40 € |
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Suppléments :
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