A Leyte, dans les îles Philipinnes, pendant l'hiver 1944-1945, l'armée japonaise est en déroute, et les rescapés, pourchassés par les Américains et les guerilleros philippins, cherchent à s'échapper comme ils peuvent, espérant une retraite vers le port de Palompon dans l'espoir d'être évacuée.
Alors que cet ordre de retraite n'a pas encore été donné, le soldat Tamura, atteint de tuberculose, reçoit l'ordre de son supérieur de se rendre à l'hôpital de campagne le plus proche pour se faire soigner ; si l'hôpital lui refuse l'hospitalité, il a l'ordre de se suicider. Sur le chemin, Tamura se perd en forêt et tombe sur un villageois qui lui offre de la nourriture. Alors que ce dernier prétexte d'aller chercher plus de nourriture, il va en fait prévenir d'autres personnes de la présence du soldat. Tamura, craignant pour sa vie, s'enfuit. Arrivé à l'hôpital, on lui en interdit l'accès, au motif que l'on n'accepte que les cas graves. Tamura, au lieu de se suicider, rejoint d'autres soldats qui errent dans la forêt en quête de nourriture. Cependant, un tir d'artillerie détruit l'hôpital et sépare Tamura du reste du groupe.
Voyageant désormais seul, Tamura découvre un village côtier désert où il trouve des dizaines de cadavres de soldats japonais entassés. Alors qu'il fouille le village en quête de nourriture, il aperçoit un couple de Philippins arrivant en barque sur la plage qui vient chercher du sel caché dans une hutte. Tamura les observe, puis entre dans la hutte après avoir fait du bruit et voit la femme qui se met à hurler. Tamura tente de la faire taire en faisant mine de déposer son arme sur le sol, mais voyant qu'il ne peut la calmer, il la met en joue et la tue. L'homme, apeuré par le coup de feu, court vers sa barque et parvient à s'enfuir. Après avoir rempli son sac de sel, Tamura poursuit son errance et rencontre trois autres soldats japonais. Ces derniers lui réservent un accueil glacial qui devient tout de suite plus chaleureux lorsqu'ils découvrent que Tamura transporte une grande quantité de sel. Le groupe prend alors la direction de Palompon, où ils sont censés être évacués.
En chemin, le groupe rejoint une centaine d'autres soldats également en fuite vers Palompon. Parmi eux se trouvent Nagamatsu et Yasuda, qui essaient de vendre des feuilles de tabac contre un peu de nourriture. Une nuit, le groupe tente de traverser une route, mais ils sont surpris par des tanks américains qui en massacrent un grand nombre, les survivants étants contraints de se cacher. Le lendemain matin, Tamura se retrouve à nouveau seul et envisage de se rendre à l'ennemi. Alors qu'il s'apprête à le faire auprès d'une jeep médicale, il est précédé de peu par un autre soldat décidé à se rendre : mais celui-ci est abattu par une guérillero philippine qui se trouvait dans la jeep. L'événement dissuade Tamura de tenter sa chance.
Il repart alors, sous-alimenté, harassé par la fatigue et la maladie ; il commence à avoir des délires. Il finit par trouver, dans la forêt, Nagamatsu et Yasuda qui se cachent dans un abri et qui prétendent survivre grâce à la "viande de singe". Plus tard, alors que Nagamatsu part chasser le « singe », Tamura demande à Yasuda s'il connaît un endroit où l'on pourrait trouver de la nourriture. Au fil de la discussion, Tamura confesse qu'il lui reste encore une grenade, ce qui intrigue Yasuda : demandant à la voir, il en profite pour la lui prendre des mains. Ne parvenant pas à récupérer sa grenade, Tamura part chercher Nagamatsu, lequel lui tire dessus. Tamura comprend alors ce qu'est véritablement la "viande de singe". Nagamatsu dit alors à Tamura que s'ils ne faisaient pas ça, ils seraient déjà morts. Les deux soldats décident de rentrer à l'abri. Mais Nagamatsu, apprenant que Yasuda a volé la grenade de Tamura, prétend qu'il faut en conséquence tuer Yasuda. Lorsqu'ils arrivent à l'abri, Yasuda tente en effet de les tuer avec la grenade. Nagamatsu et Tamura partent se cacher. Yasuda, ne trouvant pas leurs corps, entreprend de les rechercher. Nagamatsu parvient à le tuer et commence à le dépecer. Tamura, écœuré par la scène, abat Nagamatsu et reprend son errance.
De plus en plus victime de délires, il finit par apercevoir un groupe de paysans philippins en train de brûler un champ afin de le fertiliser. Il se dirige vers eux, mais les paysans font feu dans sa direction. Tamura s'effondre, alors que les paysans continuent à lui tirer dessus.
La harpe de Birmanie sorti en 1956, est un manifeste pacifiste et humaniste qui prend pour héros un soldat se déguisant en moine bouddhique pour retrouver ses frères d'armes, et commençant alors malgré lui un véritable éveil spirituel. Trois ans plus tard, Ichikawa tourne avec Feux dans la plaine qui en son antithèse : une œuvre dure, âpre, douloureuse, une terrifiante descente aux enfers sans rédemption possible.
Dans l'interview du DVD de Criterion, Kon Ichikawa confie avoir été particulièrement touché par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, ce qui lui a donné la volonté de faire un film dénonçant les horreurs de la guerre. La production du film connut des difficultés à cause du studio Daiei, qui pensait initialement que cela devait être un film d'action. Natto Wada, qui n'est autre que la femme de Kon Ichikawa, s'occupa du scénario qui reçut l'approbation de Shohei Ōoka, auteur du roman original. Le film n'a pu être tourné aux Philipines mais au Japon. Mickey Curtis était de corpulence très fine, ce qui convainquit Ichikawa de l'engager. Les acteurs, sous contrôle médical constant, étaient sous-alimentés et il leur était interdit de se brosser les dents ou de se couper les cheveux, dans un souci de rendre le film plus réaliste. Cela ne fut pas sans problème, l'acteur principal, Eiji Funakoshi, s'étant même évanoui une fois en plein tournage.
Ichikawa ne voulut pas que le personnage principal (Tamura) soit un cannibale bien qu'il y soit contraint par les événements. Ichikawa demanda alors conseil à sa femme, Natto Wada, également scénariste du film, et ils choisirent d'ajouter au scénario que Tamura avait perdu toutes ses dents, l'empêchant ainsi de se nourrir de viande humaine. Sans cet effet trop execptionnel et condamnable en soi, le film n'en est pas moins plus noir que le roman. Dans le roman, le narrateur revient au Japon et adopte des idées chrétiennes alors que dans le film, il se fait tirer dessus par des paysans philippins. Lors de la première projection du film à Londres, les critiques reprochèrent au réalisateur ce changement. Dans le roman, le héros séjourne à l'hôpital et médite sur ce qu'il a vécu, aboutissant à la foi dans l'homme et à la possibilité de progrès. Cependant, Ichikawa rejette cette « foi ». Tamura a foi dans l'homme lorsqu'il marche vers les villageois mais ces derniers lui tirent dessus. Par cela, on veut montrer que le désir de purification de Tamura est impossible, parce que le monde et l'homme ne le sont pas.
L'humour noir (un soldat échange ses bottes contre une paire en meilleur état qu'il a trouvée, puis un autre soldat arrive peu après, fait de même, et ainsi de suite), au lieu d'atténuer la noirceur du film, ne fait que le rendre plus sombre encore.
Il en est de de même du choix d'Ichikawa de tourner en noir et blanc à une époque où la couleur était installée comme une norme. Le studio refusa avant de céder après un mois de négociation. Ce choix n'est pas seulement dicté par une approche documentariste mais aussi pour sa dimension esthétique de vouloir dépeindre toute la noirceur de cette histoire au sens propre comme figuré. Les éclats de sang y apparaissent de la sorte non dans un rouge flamboyant mais dans un noir sombre et ténébreux, comme les tréfonds de l'âme humaine. La barbe pleine de sang frais confère à l'un des protagonistes une dimension monstrueuse et terrifiante que la couleur aurait amoindrie (voire ridiculisée). Enfin, ce noir et blanc permet au cinéaste d'exploiter et de renouveler l'exploitation des contrastes pour des effets saisissants et qui accentuent la lisibilité des plans telle la silhouette d'un fusil se détachant du nuage qui le survole.
Ichikawa exigea également auprès du studio que l'acteur Eiji Funakoshi ait le rôle principal. Celui-ci, habitué des rôles comiques, donne une interprétation très sobre, minérale, bien loin des figures hallucinées que l'on trouve dans de nombreux films de guerre.