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Dublin, en 1922. Gypo Nolan vit pauvrement et rêve de pouvoir s'embarquer
un jour pour les États-Unis mais le billet coûte dix livres et
Gypo n'a pas d'argent. Il rencontre son ancien ami Frankie Mc Phillip qui
est recherché par la police et dont la tête est mise à
prix vingt livres. Gypo se rend alors au poste de police et avertit les policiers
de la présence de Frankie qui est abattu. Gypo reçoit alors
les vingt livres, le prix de la trahison. Il va boire et dilapide cet argent
avec des mauvais garçons et des entraîneuses. Désireux
de ne pas être soupçonné par l'Organisation du Sinn Fein
à laquelle appartenait Frankie Mc Phillip, Gypo révèle
à Dan Gallagher que c'est Pat Mulligan qui est le traître. Gallagher
n'est pas convaincu et Gypo est confondu et traduit devant le tribunal secret
du Sinn Fein. Il est alors condamné à mort.
Gypo parvient à s'enfuir et il se réfugie chez Katie à qui il avoue sa forfaiture mais il est rejoint et abattu par Bartley Mulholland. Mortellement blessé, Gypo va mourir dans une église où il retrouve la mère de Frankie Mc Phillip à qui il demande de lui pardonner son geste, ce qu'elle fait.
The
informer fait partie des oeuvres de Ford fondé sur le statisme
et l'enfermement de l'être auquel la communauté n'offre aucune
perspective.
Gypo Nolan est à la fois exclu de l'IRA pour avoir refusé d'exécuter un policier anglais et suspect auprès des Anglais. Rejeté par les deux communautés, il ne peut errer qu'en vain, s'enfermer dans des rêves sans issue. La seule ouverture que peut trouver Gypo est dans le rêve factice d'évasion, l'ailleurs mythique proposé par la publicité d'une compagnie de navigation. S'enfonçant de plus en plus dans l'imaginaire, Gypo perd tout contact avec la réalité, trahit ses propres valeurs (il dénonce un copain) et court à sa perte.
L'expressionnisme outrancier du film -qui fit en son temps son succès critique et suscita plus tard son rejet- avec ses plans hypercomposés, ses brumes, sa lenteur calculée et pesante, renvoie parfaitement à ce pietinement qui condamne moins le personnage de Gypo qu'une société incapable de proposer des solutions viables.
The informer fait des emprunts constants à M. le maudit de Lang, sorti deux ans plus tôt. Dans les deux cas, un homme qui, sous l'emprise d'une force incontrôlable, commet des actes affreux se prend la tête entre les mains en s'écriant: "Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça". Dans les deux films aussi, est réuni pour juger cet homme traqué, un tribunal clandestin constitué de hors-la-loi : truands chez Lang, indépendantistes chez Ford. Enfin, dans les deux cas, un aveugle joue les dénonciateurs. Mais les films ont des dénouements radicalement différents : M. est arrêté "au nom de la loi", tandis que Gypo Nolan meurt exécuté, mais pardonné par la mère de celui qu'il a fait mourir.
Au-delà des références directes avec l'expressionnisme (Lang, Murnau), il y a aussi des correspondance aussi le réalisme poétique de l'époque et des films tels que Quai des brumes ou Le jour se lève.
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Editeur : Montparnasse |
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