Jean, un déserteur, arrive au Havre en camion et recherche un abri avant de quitter la France. Il est hébergé dans une cabane au bout des quais par l'étrange et chaleureux Panama. Il fait la connaissance d'un curieux peintre, Michel et d'une belle jeune fille triste, Nelly. Elle est terrorisée par son tuteur, un homme assez louche, Zabel, lui-même guetté par un petit groupe de voyous dont le chef est Lucien. Celui-ci est un personnage veule. Jean le gifle devant ses acolytes un matin où il importune Nelly.
Michel se suicide, laissant à Jean ses vêtements civils et son passeport. Jean décide de s'embarquer pour le Vénézuela mais le souvenir de la nuit qu'il vient de passer avec Nelly le retient à terre. Il court chez la jeune fllle, trouve Zabel, une scène violente éclate et Jean écrase le crâne de Zabel à coups de brique. Au moment de fuir vers le port, il est abattu à coups de revolver par Lucien. Il s'écroule, Nelly sanglote à côté de lui. " Embrasse-moi... vite " dit-il avant de mourir.
C'est Jean Gabin qui est à l'origine du projet. Il vient de tourner Gueule d'amour de Grémillon et voit par hasard Drôle de drame du duo Carné-Prévert. Carné lui propose l'adaptation de Quai des brumes, le roman de Pierre MacOrlan, ami de Gabin, écrit en 1928.
Le roman est situé à Montmartre au début du siècle mais le contrat qui lie Gabin à la UFA l'oblige à un tournage en Allemagne. L'action est donc transposée à Hambourg avant que la UFA, passée sous contrôle nazi, ne refuse le projet comme " ploutocrate et décadent ".
Le film sera donc tourné en France au Havre. La censure française accepte le scénario à condition qu'il ne soit pas fait allusion à la désertion du légionnaire et que celui-ci range sagement ses vêtements au lieu de les jeter au pied du lit.
Le film est tourné par grand froid. La brume est obtenue en faisant
brûler du goudron sur une idée de l'opérateur et du décorateur.
Morgan a dix-huit ans et le plateau est agité par de nombreuses relations
amoureuses d'amitiés et d'inimitiés.
Le 18 mai 1938, le film triomphe pour sa première. Seuls les journaux politiques, L'humanité et L'action française détestent. Ils seront bientôt suivis par la censure française qui interdit le film au moment de la déclaration de guerre pour son pessimisme.