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La charge héroïque

1949

Voir : Photogrammes
Genre : Western

(She wore a yellow ribbon). Avec : John Wayne (Le capitaine Nathan Cutting Brittles), Joanne Dru (Olivia Dandridge), John Agar (Lt. Flint Cohill), Harry Carey Jr. (Lt. Ross Penell), Ben Johnson (Sgt. Tyree), Victor McLaglen (Sgt. Quincannon), Mildred Natwick (Aby Allshard), George O'Brien (Major Mac Allshard). 1h43.

1876. Au lendemain de la défaite subie à Little Big Horn par le général Custer, les tribus indiennes, fortes de leur victoire, se sont regroupées multipliant les accrochages autour des bastions avancés de l'armée fédérale. Fort Starke abrite ainsi une garnison de cavalerie au bout du monde.

Le capitaine Nathan Brittles vient d'y atteindre l'âge de la retraite. Mais avec cette dernière, une ultime mission l'attend. Il doit escorter jusqu'en lieu sûr madame Allshard, la femme du commandant du fort, et sa nièce Olivia, afin que toutes deux gagnent une région moins dangereuse. Pour cela, Brittles est accompagné de Cohill et de Pennell, ses lieutenants, qui n'ont d'yeux que pour la belle Olivia.

En choisissant la sécurité des femmes, Nathan va perdre sur tous les terrains. Pour ne pas affronter les Indiens, il a voulu faire un long détour, et ceux-ci vont l'attaquer par surprise. Quand il arrive au relais de diligence, il a pris une demi-journée de retard, il a manqué le rendez-vous avec la diligence mais aussi la relève d'un poste avancé. Celui-ci a subit l'assaut des Cheyenne. Il n'y a plus qu'à constater le désastre, enterrer les morts, recueillir deux enfants orphelins et soigner sous un violent orage un soldat blessé.

L'unique solution est de ramener les deux femmes au fort. Le soir à l'écart du camp, le lieutenant Cohill tente de faire la paix avec Olivia : "Un soldat ne doit jamais s'excuser c'est un signe de faiblesse" lui a appris le capitaine. Pourtant il s'excuse et elle pardonne. Pennell, le rival, les surprend, le défie et le contraint à se battre. Nathan survient pour les rappeler à l'ordre. Les Indiens sont tout proches et il expédie l'imprudente demoiselle au camp. Seul maintenant avec les deux hommes, il surveille les environs, découvre un surprenant rendez-vous entre le trafiquant d'armes Rynders et un jeune chef indien. Rynders, méprisant, sûr de lui, fait du chantage pour augmenter les prix. Le chef indien excédé mais impassible, lui décoche une flèche en plein cœur. Rynders s'effondre. Ses hommes tentent de fuir mais sont massacrés sous le regard impuissant et écoeurés des trois officiers.

Le lendemain, Cohill est chargé de constituer une arrière-garde afin de freiner l'arrivée des Indiens. Consciente du danger que court le lieutenant, Olivia lui avoue son amour.

Nathan et sa troupe rentrent à Fort-Starke. Nathan reconnaît l'échec de sa dernière mission, mais il a encore le temps d'une dernière tentative. A l'aube, il quitte le fort sans arme et en civil accompagné d'un clairon. Il essaie de négocier une trêve avec "Poney qui marche" mais celui-ci n'a plus de pouvoir. Celui-ci reste entre les mains du jeune chef indien qui a ramené les armes, bien décidé à en découdre. Nathan rejoint son camp sur ce nouveau constat d'échec.

Peu avant minuit, alors qu'il est donc encore en fonction, il sonne la charge (celle qui a donné le titre français au film) et lance la cavalerie à travers le campement des indiens. Dans une cavalcade au grand galop, ses troupes tirant en l'air font fuir les chevaux indiens de tous cotés rendant impossible avant longtemps toute riposte cheyenne.

Nathan à l'aube est déjà loin, chevauchant seul vers quelque improbable retraite. Un coursier le rejoint, lui annonce sa promotion au grade de colonel. Un long et majestueux travelling introduit Nathan en habit de poussière qui traverse la salle où une fête a été préparée en son honneur. Il remercie et se retire au cimetière où, cette fois, Olivia ne viendra pas interrompre le monologue devant la stèle de son épouse. Olivia ouvre le bal avec le lieutenant Cohill.

La charge héroïque est le deuxième volet de la trilogie de John Ford sur la cavalerie. Il commence où s'achevait Le massacre de Fort Apache (1948), transposition de la défaite subie à Little Big Horn en 1876 par le général Custer. Le cycle de la cavalerie s'achévera avec Rio Gande (1950).

"Autour du cou, elle portait un ruban jaune… ". La vieille chanson populaire, She wore a yellow ribbon donne son titre au film, devenu en version française La charge héroïque (référence à la charge finale parmi les chevaux).

Comme le juge Priest du Soleil brille pour tout le monde, comme le jeune Lincoln de Vers sa destinée, le capitaine Nathan Brittles a perdu la femme aimée. Il a aussi perdu ses deux filles comme l'indiquent les deux tombes entourant celles de leur mère, disposition qui était déjà annoncée par les trois photos sur une étagère dans la chambre de Nathan.

La scène du cimetière est celle où Ford exprime le mieux tout à la fois la nostalgie de la jeunesse perdue et la transmission des valeurs d'une génération à l'autre, la permanence du dialogue entre les vivants et les mort que l'on retrouve dans nombre de ses films

Le dialogue avec les morts
 
La charge héroïque (1949)

Elle atteint ici uen intensité maximale. A la nuit tombante, après s'être recueilli sur le sort de Custer et de ses hommes dont la mort vient de lui être annoncée par lettre, il vient parler à sa femme, enterrée au cimetière. Il confie ses inquiétudes à la disparue : que sera sa retraite ? Réussira-til à accomplir sa dernière mission, conduire la femme du commandant et sa nièce Olivia au relais où elles prendront la diligence ? Il arrose les fleurs de la tombe. Raccord sur la stèle où nous voyons une ombre de femme grandir. Un rapide gros plan fait apparaître la jeune et jolie Olivia, venue offrir des cyclamens pour la défunte. Une plongée sur Nathan le montre se détournant de la morte vers Olivia. Celle-ci après avoir échangé quelques mots avec Nathan le quitte. Sortant par la gauche du plan, elle laisse un grand vide que Nathan ressent lorsqu'il s'adresse à nouveau à la défunte à gauche. "C'est une gentille enfant. Quand je la vois, je pense à toi."

Bibliographie : Jean Collet : John Ford, la violence et la loi, 2004

Test du DVD

Editeur : Montparnasse

 

 

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