Jusqu’au XIXe siècle, colons et Indiens vivent côte à côte et se partagent le territoire. Quelques échanges commerciaux s’organisent : les colons fournissent notamment des perles aux Indiens en échange de peaux de bisons. La colonisation des territoires de l’Ouest change la donne et se fait dans la violence.
En 1783, les États-Unis, libérés de la tutelle britannique au lendemain de la guerre d'Indépendance, sont admis dans le concert des nations en vertu du traité de Paris. Promis à une domination continentale, les Américains gardent les yeux rivés vers l'Ouest, où leur expansion territoriale ne peut s'accomplir qu'aux dépens des peuples amérindiens. Ceux-ci tentent en vain de résister à la dépossession de leurs terres. L'armée fédérale, renforcée par des contingents de miliciens, refoule les Indiens.
En 1794, le général Taylor ouvre la vallée de l'Ohio à la colonisation après la victoire qu'il remporte à Fallen Timbers face à une coalition de Shawnees, de Delawares et de Miamis. Les affrontements sporadiques qui ont lieu dans la vallée de la Wabash aboutissent au même résultat.
En 1811, le chef shawnee Tecumseh lance des appels à l'unité indienne, mais ses forces sont anéanties lors du combat de Tippecanoe. L'étau se resserre.
En 1814, le général Jackson, qui sera élu président en 1828, inflige une cuisante défaite aux Creeks lors de la bataille de Horseshoe Bend, préparant la voie à la déportation, à partir de 1830, de toutes les tribus vivant à l'ouest du Mississippi vers le « Territoire indien » actuel Oklahoma. Malgré une vaillante résistance, les Cherokees, Creeks, les Choctaws, les Séminoles, les Chickasaws (les cinq tribues civilisées) et les Sauks, entre autres, sont contraints d'emprunter la « piste des larmes » entre 1838 et 1839 pendant laquelle 4 000 Cherokees escortés par les soldats américains trouvent la mort sur la route.
A partir des années 1860, le théâtre des guerres indiennes se déplace dans les Grandes Plaines et vers l'ouest, où l’afflux de milliers de pionniers, la pénétration du chemin de fer et des chercheurs d’or bouleversent les pâturages des bisons, les habitudes et les territoires sacrés des Indiens provoquant la colère des Indiens sioux. Ceux-ci réagissent en attaquant les convois, coupant les lignes télégraphiques ou sabotant les voies ferrées. Du Dakota au Texas, du Kansas à la Californie, les guerriers attaquent les convois de migrants, les mineurs, les bûcherons et les chasseurs de bisons, entretenant une agitation constante. Mais leurs efforts sont vains et les noyaux de résistance sont éclatés.
Dans le Sud-Ouest, les Navajos déposent les armes en 1864 après une lutte des plus implacables. Réfugiés dans des zones désertiques, les Apaches finissent par se soumettre en 1886 avec la reddition de Geronimo.
Dans le Grand Bassin, le Plateau et la Californie, les Indiens subissent le même sort. Les Paiutes 1866-1868, les Modocs 1872-1873, les Nez Percés 1877, les Bannocks 1878 et les Utes 1879 doivent enterrer la hache de guerre.
Dans les Plaines du Sud, la cavalerie mate également la résistance. Les massacres de Sand Creek 1864 et de la Washita 1868 démoralisent les Cheyennes. Les Comanches, les Kiowas et les Arapahos sont vaincus lors de la guerre de la Red River 1874-1875.
Pendant ce temps, dans les Plaines du Nord, les Sioux défendent leurs terres avec acharnement. Ils remportent deux grandes victoires, dans le Wyoming et le Montana, sous l'impulsion de chefs tels que Sitting Bull et Crazy Horse. Après la Fort Phil Kearny 1868, le traité de Fort Laramie (signé entre l’état américain et le chef des Sioux, Nuage rouge), ne met fin que provisoirement à l’insurrection des Sioux et leur garantit le respect de leur territoire sacré dans les Collines noires. La victoire de Little Big Horn 1876, ne fait que retarder l'échéance fatidique. Le gouvernement réagit en envoyant des milliers de soldats qui forcèrent les tribus à se soumettre. Dès 1881, ils sont confinés dans les réserves du Dakota et dépendent de maigres allocations gouvernementales pour leur subsistance. Neuf ans plus tard, en 1890, le massacre de Wounded Knee (mort de plus de 300 Indiens) marque la fin des guerres indiennes : les Indiens des grandes plaines capitulent et acceptent de vivre dans des réserves.
1 - De 1794 à 1860 : A l'est du Mississipi
Les Cinq tribus "civilisées" est le terme qui désigne cinq nations amérindiennes aux États-Unis, considérées comme « civilisées » par la société blanche pour avoir adopté beaucoup de coutumes occidentales (dont la possession de maisons en brique, de plantations et d'esclaves noirs et l'usage d'habillement à l'européenne) et pour avoir de bonnes relations avec leurs voisins. Ces cinq nations sont les Cherokees, les Chicachas, les Chactas, les Creeks et les Séminoles. Les Cinq tribus civilisées vivaient dans le sud-est des États-Unis avant leur déportation vers d'autres lieux, en particulier le futur Oklahoma.
Lorsque les tribus ont été déplacées dans le Territoire indien, le gouvernement leur promit que leurs terres seraient préservées de la colonisation blanche. Certains colons ne respectèrent pas cet engagement, en toute impunité jusqu'en 1893 quand le gouvernement ouvrit le « Cherokee Strip » pour étendre la colonisation par la conquête de l'Ouest en Oklahoma. En 1907, les territoires de l'Oklahoma et le Territoire indien ont été fusionnés dans un nouvel État de l'Oklahoma. Les Amérindiens des cinq tribus s'établissent dans des villes telles que Tulsa, Ardmore, Tahlequah, Muskogee. Ils apportent avec eux leurs esclaves noirs. Le Territoire indien est surveillé et encadré par une série de forts construits par le gouvernement fédéral. Les terres sont attribuées aux tribus qui les gèrent librement. Les Cherokees relancent leur journal, alors que les Creeks rédigent une constitution originale. Tous fondent des écoles de village et développent l'enseignement secondaire. Ils réorganisent leurs églises dans lesquelles les pasteurs prêchent en langue indigène.
Les Cherokees, parlant une langue iroquoienne, auraient migré vers le Sud-Est des États-Unis depuis la région des Grands Lacs, où l’on retrouve différents peuples iroquois ont été déplacés de force de leurs terres ancestrales vers le Territoire indien en Oklahoma, principalement à cause de la ruée vers l'or aux environs de Dahlonega dans les années 1830. La déportation du peuple cherokee porte le nom de Piste des Larmes. Une fois arrivés dans ce territoire moins fertile, aux eaux plus rares et au climat plus contrasté que leur terre d'origine des Carolines et du nord de la Géorgie, les tensions s’aggravent et la suspension de la « Loi du Sang » cherokee est ignorée. Le 22 juin 1839, après l’ajournement d’une assemblée tribale, plusieurs des plus importants signataires du Traité de New Echota sont assassinés, y compris le rapporteur de la « Loi du Sang », Major Ridge, ainsi que John Ridge et Elias Boudinot. C’est le début d’une guerre civile de 15 ans parmi les Cherokees. Un des survivants notables, Stand Watie, devient général confédéré pendant la guerre de Sécession. Les Cherokees sont une des Cinq tribus civilisées qui ont signé des traités, et ont été reconnus par les États confédérés d'Amérique.
Guerre de Northwest Black Hawk (1832)
1832 : le guerrier Sauk Black Hawk (« Faucon noir ») tente de chasser les colons des terres de son peuple. Allié aux Fox, il quitte le territoire de l'Iowa où son peuple vivait depuis le traité de Saint-Louis (1805) pour reconquérir ses terres ancestrales.
La « piste des Larmes » (1838)
Deuxième guerre Séminole (1835-1854). Selon le même processus que pour les Cherokees, le gouvernement fit signer à une minorité de Séminoles le traité de Payne Landing (1832), qui leur imposait de quitter leurs terres dans les trois ans. En 1835, l'armée américaine fut envoyée pour faire appliquer ce traité. Au plus fort de la guerre, 10 000 soldats réguliers et 30 000 miliciens affrontèrent 5 000 guerriers qui pratiquaient une guerre d'embuscades et de coups de mains, les pertes américaines se montèrent à 1 500 hommes.
Troisième guerre Séminole (1855-1858). Des accrochages ont lieu en 1855 entre Américains et environ 200 Séminoles demeurés en Floride. En 1858, le chef Jambes Arquées se rend avec ses quarante guerriers.
Avril 1887 : en application du General Allotment Act, le territoire des Cinq tribus , où les Indiens cherokees, séminoles, creeks, chickasaws et choctaws ont été déportés dans les années 1830, est ouvert aux colons.
2 - La guerre des Plaines du Sud : Navajos, Apaches, Commanches.
1870 | Arizona | La flèche brisée | Delmer Daves | 1950 |
1876 | Montana | Le massacre de Fort Apache | John Ford | 1948 |
Les Apaches (de apachu, « ennemi » en langue zuñi) est un nom générique donné à différentes tribus amérindiennes d'Amérique du Nord vivant dans le sud-ouest des États-Unis et le Nord des États mexicains de Chihuahua et de Sonora, formant le territoire de l'Apacheria et partageant la même langue athapascane méridionale. Les Navajos parlent une langue très proche et partagent la même culture, ils sont donc souvent considérés comme des Apaches.
Les Apaches accueillirent favorablement les troupes américaines envoyées contre le Mexique en 1846-1848, leur servant même de guides. Le principal chef de guerre des Chiricahuas, Mangas Coloradas, signa même un traité avec cette nouvelle puissance. Les relations demeurent pacifique jusque dans les années 1850, des Apaches aidant même à la construction du relais postal d'Apache Pass. Les relations se tendent lors de la découverte d'or dans les montagnes Santa Rita qui entraine le déclenchement du conflit. Celui-ci durera près de 40 ans.
Guerre Navajo (1860-1864). À la suite d'accrochages divers dans le Territoire du Nouveau-Mexique entre les Navajos et les troupes fédérales, les Navajos se rendent à Kit Carson, qui fait détruire leurs biens et les déporte jusqu'à Bosque Redondo, en Arizona. C'est la Longue marche des Navajos : 8 000 Navajos font 620 km à pied. Au bout de quatre ans de sous-nutrition, ils sont autorisés à revenir sur leurs terres.
1848 : le Bureau des affaires indiennes passe au ministère de l'Intérieur. Il est chargé des relations entre l'État fédéral et les Indiens. Découverte d'or en Californie, ce qui provoque une ruée vers l'or. Les colons passent par la piste de l'Oregon, qui traverse les territoires indiens.
1851 : premier traité de Fort Laramie : les colons peuvent traverser les territoires indiens, moyennant un droit de passage en nature et en argent.
En 1861, Cochise et quelques-uns des siens se rendent chez les soldats pour se disculper d'un enlèvement d'enfant dont on les accuse. (Plus tard, on apprit qu'une autre bande d'Indiens l'avait capturé). Le lieutenant George Bascom accusa très vite Cochise et voulut l'arrêter, malgré les dires de Cochise sur son innocence. De ce fait, ce dernier s'échappa avec sa femme mais le lieutenant fit pendre les indiens qui l'avaient accompagné.
Dès lors, Cochise rejoint Mangas Coloradas pour combattre les blancs. Après plusieurs semaines de combat, deux compagnies de dragon conduisirent les Apaches qui restaient au Mexique, où ils les massacrèrent. Bascom fit pendre tous les otages masculins, dont le frère de Cochise.
En représailles, les Apaches tuèrent près de 150 blancs et mexicains sur une période de deux mois. Vers la fin de 1861, les soldats quittèrent la région de Chiricahua, pour partir à la guerre de Sécessionà l'Est. Bascom mourut plus tard au cours d'une bataille, fauché par un boulet de canon.
En 1865, la guerre de Sécession étant terminée, de nouvelles forces militaires sont envoyées dans l'Ouest pour en finir avec la guérilla Apache. La troupe de Cochise, très mobile, se réfugiant dans les collines entre deux raids parvient à tenir l'armée en échec jusqu'en 1871.
Au matin du 30 avril 1871, 150 mercenaires Anglais, Mexicains et Indiens Papago attaquèrent un camp Indien endormi, où ils massacrèrent une centaine d'innocents, des femmes et des enfants pour la plupart. Les survivants furent placés en esclavage. Le président américain, Ulysse S. Grant, fut indigné par cet épisode, et envoya une commission de paix en Arizona, conduite par le général Oliver Howard et Vincent Coyler
Howard arrangea également une rencontre avec Cochise à l'automne, grâce à l'intervention de Thomas Jeffords. Cochise était amer, mais réalisait qu'il menait un combat perdu d'avance. Après onze jours de négociation, le général accorda à Cochise une réserve sur les terres Chiricahua, avec Jeffords en tant qu'agent.
En contrepartie, Cochise tint parole, son peuple vécut paisiblement jusqu'à sa mort en 1874. A partir de cette date, le gouvernement brisa le traité
signé par Cochise et déplaça sa tribu de leurs montagnes vertes vers le désert aride de l'Arizona.
Le plus jeune fils de Cochise, Naiche, et Geronimo s'enfuirent avec la tribu et se cachèrent dans les montagnes de Chiricahua.
Guerre des Bannocks (1878) : révolte des Apaches mimbres menés par Victorio. Près de 400 colons et soldats sont tués. 1880 : Victorio est tué au Mexique et son groupe décimé.
1886 : Geronimo, dernier chef apache à résister à la déportation des siens dans une réserve se rend au général Miles.
B/ Les Comanches ont émergé comme un groupe distinct peu avant 1700, lorsqu'ils se sont détachés des Shoshones vivant le long de la partie supérieure de la Platte River au Wyoming. Ceci coïncide avec leur acquisition du cheval, qui leur a permis une plus grande mobilité dans leur recherche de meilleurs terrains de chasse. Leur migration originelle les a menés vers les Grandes Plaines, d'où ils se déplacèrent vers le sud sur un territoire s'étendant de l'Arkansas River au centre du Texas. Pendant ce temps, leur population augmenta de manière importante grâce à l'abondance de bisons, une affluence de migrants shoshones, et l'adoption d'un nombre significatif de femmes et d'enfants faits prisonniers dans les groupes rivaux.
Alors que les Comanches parvenaient à maintenir leur indépendance et même à agrandir leur territoire, ils passèrent près de l'annihilation au milieu du xixe siècle à cause de la vague d'épidémies introduite par les colons blancs ainsi que de l'épuisement de leurs ressources en chevaux et bisons. Les épidémies de variole (1817, 1848) et de choléra (1849) coûtèrent très cher en vies humaines aux Comanches, dont la population chuta d'environ 20 000 au milieu du siècle à seulement quelques milliers vers 1870,
Les efforts pour déplacer les Comanches dans des réserves commencèrent à la fin des années 1860 avec le traité de Medicine Lodge (1867), qui leur accordait des églises, des écoles et un revenu annuel en échange d'un vaste morceau de terrain dépassant les 160 000 km2. Le gouvernement promit d'arrêter les chasseurs de bisons qui massacraient les grands troupeaux des Plaines, à condition que les Comanches, avec les Apaches, les Kiowas, les Cheyennes et les Arapahos, s'installent dans une réserve de moins de 13 000 km2 de superficie.
Pourtant, le gouvernement ne parvint pas à empêcher les chasseurs de bisons de massacrer les troupeaux, ce qui amena 700 guerriers Comanches, Kiowas, Cheyennes et Arapahos commandés par Quanah Parker et Isa-Ta (White Eagle) à attaquer un groupe de chasseurs dans le Texas Panhandle lors de la seconde bataille d'Adobe Walls (1874). L'attaque fut un désastre pour les Comanches, Les Indiens sont repoussés avec 70 morts, contre 3 dans les rangs des chasseurs. Cette bataille entraîna une grande campagne de l'armée, commandée par William T. Sherman et Philip Sheridan, afin de s'assurer le contrôle des plaines du sud. Les Indiens pacifiques furent maintenus dans leur réserve avant le début de la campagne. Diverses colonnes encerclèrent les guerriers Indiens hostiles, et divers accrochages eurent lieu pendant l'été. La plus importante action est la prise le 26 septembre, avec deux tués parmi les Indiens, de plusieurs villages, dans le canyon de Palo Duro, par le colonel Mackenzie. Les campagnes d'hiver de l'armée américaine, renforcée par plusieurs détachements, aboutissent à la reddition des principaux chefs au printemps 1875. Leurs guerriers étaient affamés par le manque de bisons, mettant fin au mode de vie des Comanches en tant que chasseurs. Le dernier groupe de Comanches libres, dirigé par un guerrier Quahadi nommé Quanah Parker, capitula et partit pour la réserve de fort Sill dans l'Oklahoma.1875 : mort du chef kiowa Kicking Bird.
3 - Massacre des Cheyennes
1864 | Montana | Le soldat bleu | Ralph Nelson | 1971 |
1876 | Montana | Little Big Man | Arthur Penn | 1970 |
1878 | Oklahoma | Les cheyennes | John Ford | 1964 |
Les Cheyennes sont une nation amérindienne des Grandes Plaines, proches alliés des Arapahos et généralement alliés des Lakotas (Sioux). Ils sont l'une des plus célèbres et importantes tribus des Plaines. Au début du xixe siècle, la tribu s'est séparée en deux groupes : celui du sud restant près de la Platte River et celui du nord vivant près des Black Hills à proximité des tribus Lakotas.
Selon les termes du traité de Fort Laramie de 1851, conclu entre les États-Unis et les tribus cheyennes et arapahos, on reconnaissait à ces derniers la propriété d'un vaste territoire comprenant les terres comprises entre les rivières North Platte et Arkansas et situées de l'est des Montagnes Rocheuses, à l'ouest du Kansas. Cette région comprenait ce qui aujourd'hui forme le sud du Wyoming, le sud-ouest du Nebraska, l'est du Colorado, et l'extrême ouest du Kansas.
Cependant, la découverte d'or en novembre 1858 dans les Montagnes Rocheuses du Colorado (alors situées dans l'ouest du territoire du Kansas) conduisit à une ruée vers l'or d'émigrants blancs sur les terres des tribus. Les représentants du territoire du Colorado firent pression sur les autorités fédérales afin que soient redéfinies les limites territoriales des terres indiennes, et à l'automne 1860 A.B. Greenwood, Commissaire aux Affaires Indiennes arriva à Bent's New Fort pour y négocier un nouveau traité.
Le 18 février 1861, six chefs cheyennes du sud et quatre Arapahos signèrent le traité de Fort Wise avec les États-Unis, par lequel ils cédaient la plupart des terres qui leur avaient été concédées par le traité de Fort Laramie. La nouvelle réserve, qui représentait moins d'un treizième de celle concédée en 1851, était située dans l'est du Colorado entre les rivières Arkansas River et Sand Creek. Certains groupes de Cheyennes,dont les Dog Soldiers, une troupe militaire des Cheyennes et des Lakotas, mécontents des chefs qui avaient signé ce traité et le désavouant, refusèrent de se plier à ses contraintes. Ils continuèrent devivre et chasser sur les riches pâturages à bisons de l'est du Colorado et de l'ouest Kansas. Ils se montrèrent graduellement plus agressifs envers les immigrants blancs qui traversaient leur territoire, en particulier dans la région de la Smoky Hill River du Kansas, par laquelle passait une nouvelle piste vers les terrains aurifères. Les Cheyennes opposés au traité prétendaient qu'il avait été signé par une petite minorité de chefs sans le consentement ni l'approbation des autres tribus, que les signataires n'avaient pas compris ce qu'ils signaient, et qu'ils avaient été corrompus par une large distribution de cadeaux. Les blancs au contraire voyaient le traité comme un « devoir solennel » et considéraient les Indiens qui le refusaient comme hostiles et fauteurs de guerre
Le déclenchement de la guerre de Sécession en 1861 conduisit à une réorganisation des forces militaires sur le territoire du Colorado. En mars 1862, les troupes du Colorado défirent celle des confédérés du Texas lors de la bataille de Glorieta Pass dans le Nouveau-Mexique. Après la bataille, le 1er régiment de volontaires du Colorado, sous le commandement du colonel John Chivington rentra chez lui pour y servir en tant que garde territoriale. Chivington et le gouverneur du territoire, John Evans, adoptèrent une ligne dure vis-à-vis des Indiens, accusés par les colons de voler du bétail. Les conflits entre blancs et Indiens lors du printemps 1864 se matérialisèrent par la prise et la destruction de campements cheyennes.
Le 16 mai 1864, un détachement commandé par le lieutenant George S. Eayre se rendant au Kansas rencontra des Cheyennes sur leur territoire de chasse aux bisons près de la Smoky Hill River. Les chefs cheyennes Lean Bear et Star vinrent au-devant des soldats pour signifier leurs intentions pacifiques, mais furent abattus par les hommes de Eayre. Cet incident déclencha des raids vengeurs des Cheyennes sur les colons du Kansas.
Comme le conflit entre les Indiens et les colons soutenus par les soldats se poursuivait au Colorado, nombre de Cheyennes et d'Arapahos (dont les groupes commandés par les chefs Black Kettle et White Antelope qui avaient cherché à maintenir la paix malgré les attaques des colons) s'étaient résignés à négocier la paix. En septembre 1864, ils rencontrèrent le gouverneur Evans et le colonel Chivington à Camp Weld, près de Denver, et déduisirent, sans doute à tort, qu'un accord de paix était acquis.
En compagnie d'indiens Arapahos commandés par le chef Left Hands, ils s'installent ensuite dans un campement à Sand Creek, à moins de 40 miles au nord du fort. Les guerriers dits « Dog Soldiers », qui avaient été très actifs au cours du conflit, ne sont pas présents dans ce campement. Rassuré par les promesses de paix du gouvernement des États-Unis, Black Kettle envoie la plupart de ses guerriers à la chasse. Une soixantaine d'hommes restent au camp, la plupart trop jeunes ou trop vieux pour chasser. Le drapeau des États-Unis flotte sur le campement, car il lui est promis qu'« aussi longtemps qu'il ferait flotter le drapeau américain, lui et son peuple ne seraient pas inquiétés par les soldats.
29 novembre 1864 : massacre de Sand Creek
Partant de Fort Lyon, le colonel Chivington et 800 hommes appartenant aux 1e et 3e régiments de cavalerie du Colorado, ainsi qu'une compagnie du 1e régiment de volontaires du Nouveau-Mexique, mènent un raid sur le campement indien. Dans la nuit du 28 novembre, les soldats et miliciens s'enivrent aux alentours du camp. Le lendemain matin, Chivington ordonne à ses troupes d'attaquer. Un officier, le capitaine Silas Soule, refuse de suivre les ordres et demande à ses hommes de ne pas ouvrir le feu. Le reste des troupes attaque immédiatement, sans égards pour le drapeau des États-Unis flottant sur le camp, ni pour un drapeau blanc qui est brandi peu après les premiers coups de feu. Les soldats de Chivington massacrent la plupart des indiens présents, souvent désarmés. Le massacre fait 150 morts, hommes mais surtout femmes et enfants. Lles soldats s'empressent de prélever de grandes quantités de scalps et mutilent les cadavres.
Ceci lança les Cheyennes dans une guérilla de représailles contre les Blancs, notamment les Dog Soldiers (Hotamétaneo'o).
27 novembre 1868 : bataille de Washita River.
Pour répliquer à ces raids, le 7e de cavalerie commandé par le lieutenant-colonel George Armstrong Custer attaqua le matin du 27 novembre 1868 sur la Washita (Oklahoma) un camp Cheyenne accusé de raids dirigés par le chef Black Kettle. Ce dernier, rescapé du massacre de Sand Creek, prônait la paix entre les Blancs et les Amérindiens. Environ une soixantaine de Cheyennes furent tués, dont approximativement la moitié étaient des femmes et des enfants. .En représailles à des raids meurtriers d'indiens Cheyennes, le lieutenant-colonel George A. Custer attaque le village de Black Kettle, tue plus de 120 guerriers, fait 53 prisonniers civils et annonce la libération de deux enfants blancs captifs et la mort d'une femme captive.
Quelques années plus tard, les Cheyennes du Sud accepteront de partager une réserve avec les Arapahos en Oklahoma. Les Cheyennes du Nord, et quelques Cheyennes du Sud participèrent à la bataille de Little Bighorn (25 juin 1876). Avec les Lakotas et une petite bande d'Arapahos, ils écrasèrent George Armstrong Custer et son contingent de 647 hommes près de la rivière Little Bighorn, tuant ou blessant 323 soldats, dont Custer lui-même et 215 de ses hommes.
Les Cheyennes du Nord, et quelques Cheyennes du Sud participèrent à la bataille de Little Bighorn (25 juin 1876). Avec les Lakotas et une petite bande d'Arapahos, ils annihilèrent George Armstrong Custer et son contingent près de la rivière Little Bighorn. On estime la population du campement des Cheyennes, Lakotas et Arapahos près du lieu de la bataille à environ 6 000 (dont 1 500 guerriers) ; ce qui en ferait le plus grand rassemblement amérindien en Amérique du Nord avant la généralisation des réserves.
La longue marche des Indiens Cheyennes
Après la bataille de Little Bighorn, les tentatives de l'armée américaine de capturer les Cheyennes s'intensifièrent et les forcèrent à la reddition. Les 973 Cheyennes du Nord furent envoyés dans les Territoires indiens de l'Oklahoma en 1877. Là-bas, les conditions de vie étaient terribles, les Cheyennes du Nord n'étant pas habitués au climat, et bientôt beaucoup furent atteints de malaria.
En 1878, les deux principaux chefs, Little Wolf et Morning Star (Dull Knife), réclamèrent la libération des Cheyennes afin qu'il puissent retourner vers le nord. Devant le silence des autorités, un groupe d'environ 350 Cheyennes, dont au grand maximum une centaine de combattants, quitta les Territoires indiens en direction du nord, mené par ces deux chefs. Les soldats de l'armée et des volontaires civils, dont on estime le nombre total à 13 000, furent rapidement à leur poursuite. Les Cheyennes parvinrent à éluder toutes les tentatives pour les capturer et s'approvisionnèrent en vivres et en chevaux en pillant des colons dans l'est de Kansas, tuant 41 hommes et adolescents. Elle laissa derrière elle de nombreux traînards qui furent tués ou capturés.
Après avoir franchi la ligne de chemin de fer Transcontinentale, la bande se sépara rapidement en deux groupes. Le groupe mené par Little Wolf retourna dans le Montana où il passa un hiver très rude avant de se rendre au printemps suivant à un lieutenant de l'armée américaine qui était un ami personnel de Little Wolf. La bande de Morning Star fit sa reddition au Fort Robinson, au Nebraska. D'abord bien accueillie par la garnison, elle sera mise en détention en raison de son refus de retourner en Oklahoma. Les conditions devinrent de plus en plus difficiles à la fin de l'année 1878, et bientôt, les Cheyennes furent confinés dans leurs quartiers, sans nourriture, ni eau, ni chauffage pour les faire plier.
En janvier 1879, Morning Star et ses compagnons s'évadèrent de Fort Robinson. La plupart furent abattus en s'enfuyant du fort. On estime à cinquante le nombre de rescapés, qui rejoignirent les autres Cheyennes du Nord dans le Montana. Grâce à leur détermination et à leur sacrifice, les Cheyennes du Nord ont gagné le droit de demeurer dans le nord près des Black Hills.
En 1884, par ordre de l'exécutif, une réserve destinée aux Cheyennes du Nord fut établie dans le Sud-Est du Montana. Cette réserve fut étendue en 1890, pour s'étendre de la réserve Crow à l'ouest à la rivière Tongue à l'est.
4 - La résistance des Sioux
Les Sioux sont issus d'une population qui habitait au Ve siècle sur le cours moyen du Mississippi et a en partie migré au VIIIe siècle vers les sources de ce fleuve. Au cours du XVIIe siècle, les bandes sioux, probablement chassées par les conflits alors endémiques autour des Grands Lacs et le développement des épidémies qui décimaient les tribus voisines, commencèrent leur migration vers l'Ouest. Ce mouvement au-delà du Mississippi était également motivé par l'abondance du bison et par l'apparition du cheval, venu des plaines du Sud, où les Amérindiens l'avaient adopté lorsqu'il était apparu avec l'arrivée des Espagnols, au XVIe siècle.
Au cours du XVIIIe siècle, les tribus sioux se constituèrent un véritable « empire » dans l'Ouest en repoussant les Crows vers les montagnes Rocheuses, et les Pawnees sur la rivière Platte. Sous la pression des tribus ojibwés (parmi les premiers à obtenir des armes à feu), ils se déplacèrent plus à l’ouest, poussant devant eux les Cheyennes, les Omahas, les Crows et d’autres tribus plus petites. Ils envahirent rapidement tout l’ouest et le sud-ouest du pays après l’acquisition de chevaux et de fusils.
Vers 1750, ils traversèrent le Mississippi et envahirent les Black Hills (Paha Sapa en lakota). Les Sioux arrivent peu de temps après les Cheyennes dans la région des Black Hills. Grâce notamment à la puissance que leur confèrent les armes à feu issues du commerce avec les Blancs (Wasichus en lakota), ils s'imposent rapidement comme étant un peuple belliqueux et puissant. Vers les années 1800, ils chassent de la région les Kiowas et les Comanches qui émigrent alors vers le Sud, puis se tournent vers les Crows qui sont à leur tour chassés. Dans cette conquête, la Confédération sioux s'est alliée aux Arapahos et aux Cheyennes. L'alliance formée par ces trois peuples, qui perdura tout au long du xixe siècle, faisait des Sioux la puissance militaire la plus imposante des Plaines du Nord. Leurs ennemis traditionnels sont les Crows, les Pawnees, les Shoshones mais également les alliés de ces derniers, comme les Nez-Percé.
À l'arrivée des colons américains dans les Grandes Plaines, dans les années 1830-1840, les Sioux occupaient ainsi un vaste territoire qui s'étendait depuis le Missouri jusqu'aux monts Big Horn (les actuels États du Dakota du Nord et du Dakota du Sud), ainsi que sur une partie du Minnesota, du Wyoming et du Nebraska.
Au début des années 1840, les premiers colons blancs traversent les plaines pour s'implanter dans l'Oregon. C'est la création de la piste de l'Oregon, qui sera utilisée durant des années. Les migrations s'intensifient en 1849, avec la découverte d'or en Californie et la ruée qui s'ensuivit : des milliers de migrants traversent les territoires de chasse des Amérindiens. La piste est large de plusieurs centaines de mètres. Les migrants prélèvent le bois et la nourriture dont ils ont besoin sur leur passage dans les environs, abattant et faisant fuir le gibier et rasant les arbres alentour. Très rapidement, elle est marquée par des tombes de migrants morts durant le voyage et de carcasses d'animaux. Les Sioux voient donc d'un mauvais œil cette route. Le pire se produit quand en 1849, les migrants transmettent aux Amérindiens le choléra. L'épidémie se répand dans les plaines comme une traînée de poudre, frappant de plein fouet les Cheyennes, les Sioux, les Kiowas, les Comanches, les Blackfeet, les Osages… Les tribus sont décimées et de plus en plus méfiantes vis-à-vis des Blancs.
Le 17 septembre 1851 , neuf tribus amérindiennes, parmi lesquelles les Sioux et les Cheyennes, signent avec le gouvernement des États-Unis le traité de Fort Laramie, également connu sous le nom de traité de Horse Creek. En échange de 50 000 dollars d'annuité versés durant cinquante ans et de marchandises, les Amérindiens voient leurs territoires délimités sur une carte, autorisent la construction de routes et de forts dans les plaines et s'engagent à ne pas attaquer les migrants Blancs et à cesser les guerres tribales. La culture des Indiens des Plaines, la mauvaise volonté du gouvernement américain (le Congrès rectifie le versement des annuités de cinquante à dix ans au moment de la ratification du traité) feront que le traité ne sera jamais respecté.
18 août 1854 : épisode de la vache du mormon. Une vache appartenant à un mormon, s'échappe et dévaste un camp des Sicangus (Sioux Lakota) : elle est abattue par un Sicangu. Les soldats de Fort Laramie exigent que le responsable soit livré, et devant le refus du chef Ours Conquérant (Hollow Horn Bear), canonnent le village. Un détachement de 29 soldats américains attaque un camp de 4 000 Sicangus en prétextant un vol de bétail : le détachement est anéanti. Cet événement, nommé Affaire Grattan du nom du lieutenant qui dirige le détachement marque le début de la guerre des Sioux contre les États-Unis.
En 1855, en répression à l'Affaire Grattan, le village lakota du chef Petit Orage est attaqué par l'armée américaine qui tue ou mutile 136 Amérindiens, et fait 70 prisonniers. Malgré la reddition de Petit Orage, ils sont retenus deux ans.
La ruée vers l'or de Pikes Peak, entamée en 1859, déclenche des convoitises sur de nouveaux territoires des Amérindiens et l'arrivée de près de 100 000 chercheurs d'or fait pression sur les autorités pour obtenir des terres amenant les Amérindiens à signer le traité de Fort Wise le 18 février 1861, aboutissant à diviser par treize les territoires amérindiens. Les Cheyennes désavouèrent les chefs qui avaient signé ce traité et restèrent sur leurs terres.
En août 1862, les Sioux Dakotas du Minnesota qui avaient perdu, à la suite du traités de Fort Wise, les neuf dixièmes de leurs terres se révoltent sous la conduite de Little Crow. Un millier de colons et de soldats sont tués et plusieurs centaines de femmes et d'enfants sont faits prisonniers. Éclatant pendant la guerre de Sécession, ce massacre par les Sioux bénéficie du manque de troupes adverses disponibles.
Le 29 novembre 1864, 700 volontaires du Colorado sous les ordres du colonel Chivington massacrent plus de cent cinquante Cheyennes du sud (dont une centaine de femmes et d'enfants) à Sand Creek. Le massacre révolte les Cheyennes qui, aux côtés des Sioux et des Arapahos, entrent en guerre contre les États-Unis. conduisant des raids épars, obligeant les soldats de l'Union à stationner le long de la piste de l'Oregon pour la protéger, notamment à Platte Bridge.
Guerre de Red Cloud sur la piste Bozeman (1865-1868)
En 1865, la découverte d'or dans le Montana Occidental entraîne une ruée vers l'or et la construction de la piste Bozeman, qui traverse les terrains de chasse des Sioux et Cheyennes de la vallée de la Platte River. De plus, la piste est gardée par trois forts. Les Sioux, les Cheyennes du Nord et les Arapahos coalisés mènent alors la guerre contre les Américains sous la conduite de chefs tel que Red Cloud. Les Amérindiens soumettent dès lors la route et les forts qui la protège à une guérilla, attaquant chaque convoi de chariots, les ranches de la région et les relais de diligence, coupant les lignes télégraphiques et attaquant les détachements de soldats sans relâche.
1866 : Les chefs Sioux Red Cloud et Tashunca-Uitco ou Crazy Horse attaquent le fort Kearny. Juin 1866 : le gouvernement des États-Unis organise une conférence de paix à Fort Laramie. Le général William Sherman demande aux chefs l'autorisation de traverser leurs terres, et de construire trois forts sur la Piste Bozeman (entre la Platte et le Montana). Nuage Rouge refuse.
21 décembre 1866 : le massacre Fetterman, ou la Battle of a Hundred Slain. Attirés dans une embuscade par une ruse des Sioux, les 81 hommes du capitaine Fetterman sont anéantis aux environs de Fort Phil Kearny : c'est la bataille de Fetterman .À la suite de cette défaite des États-Unis, le général Sherman écrit au président des États-Unis "Nous devons agir impitoyablement face aux Sioux allant même jusqu’à l’extermination des hommes, femmes et enfants."
18 avril 1867 : l'expédition Hancock, à laquelle participe Custer, veut négocier avec des Indiens sioux et cheyennes. Mais, approchant trop du village, il inquiète les chefs qui s'enfuient avec leurs familles. Les Indiens ayant massacré 20 civils plus au nord, Hancok fait brûler 251 des 291 tipis, avec tout ce qu'ils contenaient. La guerre recommence et de nombreuses attaques se succèdent dans les mois qui suivent. 1er et 2 août 1867 : Les attaques simultanées des Sioux et des Cheyennes sur la piste Bozeman sont repoussées avec succès par l’armée américaine.
La route n'est désormais plus praticable, et en 1868, les Américains proposent aux Sioux la signature d'un traité qui leur serait avantageux. Une partie des chefs sioux le signe dès avril, Red Cloud attend que les forts soient abandonnés par l'armée pour s'assurer de la sincérité des Blancs, et les signe en novembre.
Le traité de Fort Laramie de 1868 promet aux Sioux une immense réserve dans le Dakota et des droits de chasse dans le Montana mais surtout la propriété de leurs terres sacrées des Black Hills. Aucun Blanc, selon les termes du traité, ne pouvait s'introduire dans la réserve sans l'autorisation des Amérindiens. Seuls Sitting Bull et Crazy Horse refusent de signer le traité.
29 avril 1868 : Le second traité de Fort Laramie reconnaît le territoire ancestral des Sioux (entre Missouri à l'est, Platte au sud et monts Big Horn à l'ouest) ; des vivres et des matériels seront donnés annuellement aux Sioux ; une réserve est créée entre le Wyoming et le Dakota, à destination des Sioux. Les États-Unis renoncent à la piste Bozeman, au droit de traverser les Black Hills, et à se les approprier.
3 juillet 1868 : révision du traité de Fort-Bridger (1863), qui garantissait une réserve de 178 688 km2 aux Shoshones. Elle est réduite à 11 097 km2 (16 fois moins). Ils conservent cependant le droit de chasse sur leur territoire. Les États-Unis s'engagent à construire divers bâtiments (moulin, école, église) ; l'United States Rail Road est autorisée à construire une ligne de chemin de fer sur le territoire shoshone.
Guerre des Black Hills (1874-1877)
En 1874, alors que les États-Unis sont en pleine crise économique, des rumeurs courent et affirment que les Black Hills, la terre sacrée des Lakotas, sont riches en gisement aurifères. Une expédition, comptant des chercheurs d'or, des géologues… escortés par une troupe armée dirigée par le lieutenant-colonel George Armstrong Custer est alors lancée au cœur des Black Hills pour vérifier ces propos. Ce dernier ouvre une route que les Amérindiens surnommeront la Piste des Voleurs. En effet, de l'or est découvert et, violant le traité de Fort Laramie, des milliers de chercheurs d'or s'introduisent illégalement dans les Black Hills. Commence alors la guerre des Black Hills. Le gouvernement ne fait rien pour endiguer la ruée vers l'or, et les Amérindiens sous les ordres de Crazy Horse et de Sitting Bull lancent alors des raids contre les chercheurs d'or. En 1875, le gouvernement décide d'acheter les Black Hills aux Sioux. Ces derniers sont partagés : certains refusent catégoriquement la cession des Black Hills ; d'autres sont prêts à les vendre mais à un prix beaucoup plus élevé que celui proposé par le gouvernement américain. L'échec des négociations entraîne de nombreux Sioux établis dans les réserves à rejoindre Sitting Bull et Crazy Horse pour faire la guerre contre les Blancs. Fin décembre, le gouvernement lance un ultimatum aux Amérindiens « hostiles » : ils ont jusqu'au 31 janvier 1876 pour regagner la réserve, au-delà, ils seront la cible de l'armée. Face à leur refus, le général Sheridan monte un plan pour encercler le village hostile qui compte désormais des Sioux, des Cheyennes et des Arapahos. Trois colonnes de chacune plus ou moins un millier d'hommes ont pour mission de ratisser le Montana. L'une, sous le commandement des généraux Terry et Gibbon doit longer la Little Bighorn du nord vers le sud ; une autre, commandée par le général Crook doit partir du Wyoming et remonter vers le nord ; la troisième, sous les ordres du lieutenant-colonel George Armstrong Custer doit descendre vers le sud en longeant la Rosebud. Les trois colonnes doivent finalement se retrouver au camp des hostiles et les prendre en tenaille.
La colonne du général Crook est défaite le 17 juin 1876 à la bataille de la Rosebud et bat en retraite. Le 25 juin 1876, le 7e de cavalerie, qui forme la colonne de Custer attaque le camp de Sitting Bull et de Crazy Horse sur la Little Bighorn. La coalition compte six à huit mille Amérindiens sioux, cheyennes et arapahos dont 1 500 à 2 000 guerriers. Le 7e de cavalerie est défait, 268 hommes sont tués dont le lieutenant-colonel George Armstrong Custer au cours de la légendaire bataille de Little Bighorn. Début juillet, le camp se disloque. Dans les mois qui suivent, des milliers de soldats et de volontaires traquent les Amérindiens. L'hiver 1876-1877 est particulièrement rigoureux pour les Amérindiens. Petit à petit, ils rejoignent les réserves. Le 6 mai 1877, Crazy Horse se rend à Fort Robinson avec 889 Oglalas, tandis que Sitting Bull se réfugie au Canada. Là, il prend la tête d'un rassemblement de 4 000 Sioux. Cependant, la famine menace les Amérindiens et le camp se disloque, les Sioux retournent par petits groupes dans les réserves. Le 19 juillet 1881, Sitting Bull, poussé par la faim, retourne aux États-Unis et se rend avec 187 irréductibles. Il est emprisonné deux ans à Fort Randall avant de pouvoir rejoindre la réserve de Standing Rock.
Guerre des Nez-Percés (1877). La pression des colons conduit à un premier traité délimitant le territoire Nez-Percés en 1855. Traité dont le gouvernement des États-Unis demande la révision en 1863, en diminuant la surface de la réserve de 90 %. Certains chefs, dont Lawyer (Juriste) signent ce traité, et vont dans une réserve de l'Idaho. Cinq tribus refusent d'être enfermées dans une réserve, dont celle de Vieux Chef Joseph. Son fils Jeune Chef Joseph continue de refuser ce traité, et d'entretenir de bonnes relations avec les autorités de Wallowa. Celles-ci décident en 1873 que les terrains occupés par les colons ont été acquis illégalement, et leur demandent de les évacuer. En 1876, la bataille de Little Big Horn accroît la pression de l'armée pour que les Indiens soient confinés dans leurs réserves. Mais les Nez-Percés ne trouvant pas de terrain convenable dans la réserve en Idaho, refusent, jusqu'à l'ultimatum du général Oliver Howard, le 3 mai 1877. Les Nez-Percés restants libres se divisent en trois groupes : certains rejoignent la réserve, d'autres se dirigent vers les plaines à bisons, le dernier groupe tente de s'échapper au Canada. 1878 : mort du chef Kiowa Satanta.
Vie sur les réserves (1877-1890)
Peu de temps après Little Bighorn les États-Unis s'emparent par la force des Black Hills. Le Bureau des affaires indiennes qui gère les réserves est miné par la corruption : les stocks de marchandises et de nourriture prévus pour les Amérindiens sont en permanence détournés et très peu, souvent de piètre qualité, sont livrés aux Amérindiens. De plus, les agents des réserves sèment la discorde parmi les Amérindiens et les divisent. Red Cloud et Spotted Tail, jaloux de la renommée de Crazy Horse répandent des rumeurs sur son compte. Le 5 septembre 1877, il est arrêté et conduit en prison. Alors qu'il entre dans le bâtiment, il s'aperçoit qu'on veut le faire prisonnier et tente de fuir. Une sentinelle lui enfonce sa baïonnette dans l'abdomen. Le chef Oglala meurt dans la nuit. Le gouvernement se lance alors dans une politique d'acculturation : les Amérindiens doivent se sédentariser et les vieilles coutumes tribales sont interdites. Le port des cheveux longs est interdit (alors que c'est un signe de virilité pour les hommes), la Danse du Soleil rendue illégale, les enfants sont envoyés dans des écoles où ils n'ont pas le droit de parler leurs langues maternelles. Mais surtout, les deux éléments centraux de la vie des Sioux sont supprimés : les bisons, de 30 millions d'individus au début du xixe siècle ne sont plus que quelques centaines confinés dans le parc national de Yellowstone ; les chevaux sont souvent confisqués, exterminés ou croisés avec des chevaux de bât. Afin de veiller à l'extinction des vieilles coutumes tribales une police indienne est créée dans les réserves. De nombreux jeunes hommes s'engagent et y voient une nouvelle source de prestige. L'alcoolisme, la misère, la faim et les maladies ravagent les populations. L'hécatombe démographique se poursuit. La Grande Réserve sioux est éclatée et séparée en six petites réserves.
En 1887, c'est le General Allotment Act, qui autorise le président des États-Unis à morceler les réserves : chaque célibataire reçoit 37 hectares et chaque famille 75 hectares, le reste étant ouvert à la colonisation, à des particuliers, en petites parcelles. Ce lotissement est amplifié par le Burke Act de 1906. Il vise à supprimer la propriété collective des terres, et à transformer les Indiens en fermiers. Le restant est distribué aux colons, et l'Oklahoma devient un État en 1907.
Dans les années 1880, William Cody, dit Buffalo Bill, lance le Buffalo Bill's Wild West Show. Il s'agit de spectacles dans lesquels il présente la Conquête de l'Ouest et fonde le mythe de Custer. Ses représentations mettent en scène des Amérindiens et des blancs, qui jouent les thèmes fondateurs du western : l'attaque de la diligence ou de la cabane de colon… et bien sûr la dernière résistance de Custer. Il engage de nombreux Indiens dont Sitting Bull avec qui il fait une tournée dans l'Est en 1885. À partir de 1887, il fait plusieurs tournées en Europe accompagné d'Amérindiens. L'Oglala Black Elk (petit cousin du célèbre chef indien Crazy Horse. Il participa à l’âge de 13 ans à la bataille de Little Bighorn en 1876 et fut blessé en 1890 lors du massacre de Wounded Knee) participe à ces tournées et se rend à Londres en 1887.
8 février 1887 : vote du General Allotment Act ou Dawes Severalty Act par le Congrès, autorisant le président à vendre l 1889 : Janvier : le chaman païute Wovoka a une vision, qui inspire la Danse des esprits. Le message : « laissez faire le grand esprit », est interprété comme un appel à la révolte ou comme un appel au fatalisme.
Danse des Esprits et le massacre de Wounded Knee (1890)
Dans ce climat de misère et de désespoir, les Amérindiens adhèrent massivement à un nouveau mouvement : la Danse des Esprits. Un pasteur païute, Wovoka, annonce que les Blancs vont partir, le retour des bisons et de ceux qui sont morts. Les Danseurs de l'esprit revêtissent des chemises sacrées qui sont censées arrêter les balles et ne cessent de danser pour que la prophétie se réalise.
Bien que le mouvement soit pacifique, les Américains voient d'un mauvais œil cette agitation et craignent de nouveaux troubles. La Danse est rendue illégale mais rien n'y fait : les Amérindiens y adhèrent massivement. Le 15 décembre 1890, 43 policiers Sioux agissant sous les ordres du gouvernement encerclent la maison de Sitting Bull à Standing Rock pour l'arrêter. Le chef soutient en effet la Danse des Esprits. Ce dernier résiste et est abattu avec son fils et six de ses partisans, ainsi que six policiers amérindiens.
29 décembre 1890 : massacre de Wounded Knee, une bande de danseurs de l'Esprit Minneconjous dirigés par le chef Big Foot est encerclée par le 7e de cavalerie dans la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud. Les guerriers sont désarmés mais certains résistent, persuadés que les chemises qu'ils portent les protégeront des balles. Un coup de feu est tiré. Les soldats ouvrent le feu. 300 hommes, femmes et enfants sont massacrés, dont le chef Big Foot. Le massacre de Wounded Knee met un terme sanglant à la Danse des Esprits et aux guerres indiennes.
Dans les jours qui suivent, des bandes de guerriers se révoltent et attaquent les soldats dans la réserve pour venger les morts de Wounded Knee. Le 15 janvier 1891, les derniers combattants déposent les armes.
Prolongements au XXe siècle
Le génocides des indiens Selknam en Terre de Feu, République du Chili, 1901 est raconté par Les Colons (Felipe Gálvez, 2023). En 1905, il ne restait plus que 500 Selknam sur une population estimée à 4 000 en 1880 sur un territoire immense, fertile, que l’aristocratie blanche chercha à "civiliser"