Enfant, c'est à partir des rêveries autour d'un livre plein d'illustrations que Georges se mit à concevoir un voyage dans la lune. Dans l'atelier familial il dessine.
En 1884, le jeune Méliès se rend à Londres. Il est vite attiré par l’Egyptian Hall de Maskelyne et Cook, un théâtre dédié à la magie et à l’illusion. Il est initié au monde de l’illusionnisme par Maskelyne, l’un des magiciens les plus célèbres d’Angleterre. En 1888, Méliès se porte acquéreur du théâtre de Robert-Houdin
Les frères Lumière sont venus voir un voisin photographe. Ils invitent Georges Méliès à la première projection du cinématographe à Paris du Grand Café, le 28 décembre 1895. Les Lumière refusant de lui vendre l'un de leur cinématographe, Georges Méliès part alors à Londres acheter auprès de William Paul une machine qu’il adaptera et appellera le « Kinétograph ». Il apprivoise la caméra, tournant des sujets simples, en plein air, à Trouville et au Havre.
En 1896, un accident de caméra fit trouver à Méliès « le truc de substitution par arrêt de l’appareil » qu’il raconte ainsi : « un jour que je photographiais prosaïquement la place de l’Opéra une minute fut nécessaire pour débloquer la pellicule et remettre l’appareil en marche. Pendant cette minute, les passants, omnibus, voitures, avaient changé de place, bien entendu. En projetant la bande ressoudée au point où s’était produite la rupture, je vis subitement un omnibus Madeleine-Bastille changé en corbillard et des hommes changés en femmes ». Fort de cette découverte, il réalise le premier film à truc de l’histoire, L’Escamotage d’une Dame chez Robert-Houdin. Il se filme avec l’actrice Jeanne d’Alcy pour partenaire en train d’exécuter un tour de magie, il arrête sa caméra, remplace l’actrice par un squelette, et recommence à filmer. En ajoutant un peu de fumée, il obtient à la projection une femme qui disparaît au profit d’un squelette.
Malgré d’énormes risques financiers, Méliès décide de construire un bâtiment "en dur" où il pourrait à tout moment produire ses films. Entre septembre 1896 et mars 1897, il ait construire un studio et lance la Star Film, qui sera la première compagnie exclusivement dédiée au cinéma.
Entre 1896 et 1900, Méliès s’essaie avec succès à tous les genres, et met également au point les innovations techniques qu’il allait utiliser durant toute sa carrière de cinéaste. Dans Les 400 farces du diable, le carrosse est tiré par un cheval squelette. Le géant du pôle est lui aussi manipulé adroitement par une armée de machinistes grâce à des leviers, poulies, treuils, contrepoids et autres systèmes cachés. Lorsque ce choix existait, il y avait un prix pour la version noir et blanc et un autre, bien plus élevé, pour la version en couleur.
Dans ce contexte d’expansion, la Star Film ouvre en 1903 une succursale à New York, dirigée par le frère de Méliès, Gaston. Ce nouveau bureau avait été installé pour protéger la Star Film du piratage. Il est obligé de de produire davantage de films pour permettre à la Star Film d’atteindre les quotas de production exigés par la Motion Picture Patents Company (MPPC). .Ses films sont beaucoup piratés aux Etats-Unis. Ses trouvailles sont pillées sans vergogne, ses films contretypés à l'étranger et diffusés hors de tout contrôle, des firmes plus solides que la sienne (Gaumont, Pathé) le concurrencent. En 1911, Pathé devint le distributeur exclusif de la Star Film, disposant désormais du contrôle éditorial sur la longueur et la structure des films. En 1918, au sortir de la guerre, il est définitivement ruiné
En 1925, Méliès se remarie. Sa collègue et amie de longue date, Jehanne d’Alcy, avait elle aussi vécu des moments difficiles mais avait réussi à acheter un petit magasin à la gare Montparnasse. Ensemble, ils tiennent ce petit kiosque en vendant des confiseries et des jouets aux voyageurs de passage.
En 1932, Méliès peut quitter le froid glacial de la Gare Montparnasse. Une mutuelle d’entraide créée pour les anciens artistes du cinéma venait d’acquérir des locaux près de l’aéroport d’Orly. Méliès a l'impression d'habiter un château avec un parc.
Ce spectacle pour enfants les fait entrer dans la magie de Georges Méliès tant les différentes ressources du théâtre se succèdent dans un merveilleux jamais démenti : marionnettes, numéros de cabaret, théâtre illusionniste avec magie et lévitation, duos comiques expliquant, avec les à-coups d'une bobine de film mal réglée, la technique du cinématographe, celle de la colorisation de la pellicule. Toiles peintes ou plateau nu avec accessoires puis grand miroir oblique semblant faire flotter dans le ciel les corps qui se trémoussent sur le plateau.
Georges Méliès n'est pas incarné sur le plateau autrement qu'enfant au début du spectacle. Il s'incarne dans plusieurs personnages tels l’illusionnisme Maskelyne, l’un des magiciens les plus célèbres d’Angleterre. Certains de ses texte, rédigés à la troisième personne sont utilisés comme la voix d’un conteur, ainsi ses premières expériences avec sa toute première caméra à Trouville et au Havre.
Des extraits de films sont projetés sur une toile avec parcimonie et toujours intégrés dans leur processus de fabrication dans le grand studio qu'avait construit Méliès à Montreuil. Ainsi Escamotage dune dame chez Robert-Houdin (1896), La lune à un mètre (1898), Un homme de tête (1898), L'homme orchestre (1900), Le voyage dans la lune (1902),Les 400 farces du diable (1906), A la conquête du pôle (1912)
Jean-Luc Lacuve, le 28 janvier 2018.