Les régions situées sur l'immense cours du Fleuve Niger, du Mali, au Bénin et au Nigéria ont fourni le plus grand nombre d'œuvres anciennes. Celles-ci en bois, en terre cuite en bronze et en ivoire ont été créées dans des cultures narratives différentes.
Langues Gbe dont Royaume du Dahomey | Nigéria | dont royaume de Bénin |
Figure aux bras levés | 1080 | Pré-dogon | 17 | Paris, musée du quai Branly |
Maternité | 1350 | Pré-dogon | 17 | Paris, Louvre, pavillon des sessions |
Nains de cour | 1400 | Benin | 18 | Vienne, Musée d'éthnologie |
Figure équestre | 1500 | Pré-dogon | 17 | Collection particulière |
Couple de léopards | 1600 | Benin | 18 | Laos, Musée national |
Le trône de Cana | 1800 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Trône du roi Ghézo | 1830 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Asen hotagantin | 1850 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentie |
Sculpture dédiée à Gou | 1858 | Dahomey | 21 | Paris, Louvre, pavillon des sessions |
Statue homme-lion du roi Glèlè | 1870 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Portes du palais royal d’Abomey | 1889 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Statue homme-oiseau du roi Ghézo | 1890 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Statue homme-requin du roi Béhanzin | 1890 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Asen de Béhanzin | 1890 | Dahomey | 21 | Cotonou, Palais présidentiel |
Le royaume du Dahomey est un ancien royaume africain situé dans le sud de l'actuel Bénin. Il est désigné par différents noms et écrit de diverses façons, dont Danxome, Danhome et Fon. Le terme « Fon » désigne le groupe ethnique et linguistique dominant
Les noms « Dahomey », « Danxomè » et « Danhomè » possèdent une origine similaire, probablement légendaire. Selon cette histoire, Houessou Akaba (1685-1708) obtient la permission des chefs Guédévi, les souverains locaux, de s'installer sur le plateau d'Abomey. Akaba demande des terrains additionnels à un roi nommé Dan, qui lui répond de façon sarcastique : « Voilà que vous bâtissez partout des maisons et vous m'avez l'air de ne vouloir guère vous arrêter. Si je vous accorde encore du terrain, vous finirez par bâtir partout, jusqu'à ce que vous en veniez à bâtir sur mon ventre. » S'estimant insulté, Akaba tua Dan, étendit sa dépouille dans un creux, puis construisit par-dessus son premier palais : le nom du royaume, Danhomè, signifierait selon cette légende « dans le ventre de Dan ».
Aho Houegbadja (vers 1645-1685), 3e roi d'Abomey est parfois considéré comme le roi fondateur du Dahomey. C'est un roi bâtisseur qui fait construire les palais royaux d'Abomey et poursuit des raids et des conquêtes des villes en dehors du plateau d'Abomey
Agadja, fils de Houegbadja, monte sur le trône en 1718 et commence une expansion territoriale significative du royaume. En 1724, Agadja conquiert Allada : c'est l'origine de la famille royale selon la tradition orale. En 1727 il s'empare de Whydah ou Ouidah. La taille du royaume croît, particulièrement le long de la côte Atlantique, et le Dahomey devient une puissance régionale. En conséquence, le Dahomey est perpétuellement en guerre avec le principal État de la région, le royaume d'Oyo, entre 1728 et 1740. Le Dahomey finit par accepter un statut de tributaire de l'empire d'Oyo.
Le royaume d'Abomey, fonde sa prospérité du XVIIe siècle à la première moitié du XIXe siècle sur le commerce des esclaves. Vers 1750, le roi Tegbessou vend ainsi chaque année plus de 9 000 esclaves aux négriers. On estime que ses revenus sont quatre à cinq fois plus élevés que ceux des plus riches propriétaires terriens d'Angleterre.
Le royaume devient une puissance majeure dans la traite des esclaves, ceux-ci étant fournis grâce à des raids dans les régions voisines. Le royaume d'Oyo fait parfois pression sur le Dahomey pour mettre un frein à son trafic d'esclaves, essentiellement pour protéger le sien ; le commerce esclavagiste du Dahomey marque à ces moments une pause avant de reprendre à nouveau.
Incapable de maintenir un apport régulier d'esclaves, le roi Adandozan (1797-1818) est renversé par son frère Ghézo (1818-1858) et le marchand d'esclaves brésilien Francisco Félix de Souza, installé au Bénin et au Togo (actuels) où les esclaves, provenant des royaumes voisins, étaient pratiquement le seul produit d'exportation. Sous Ghézo, l'empire atteint son apogée ; Ghézo bat l'empire d'Oyo en 1823, mettant fin à son statut de tributaire et développant fortement le commerce d'esclaves.
Les années 1850 voient le développement d'Abeokuta, une ville vouée à la protection des populations des raids du Dahomey, et l'application d'un blocus naval par les Britanniques en 1851 et 1852 pour stopper le commerce d'esclaves. Ghézo est contraint d'arrêter les raids et accepte de mettre fin au commerce d'esclaves. Des tentatives sont effectuées à la fin des années 1850 et 1860 pour le redémarrer, mais sans succès à long terme.
La zone côtière est contrôlée par les Français dans les années 1870 et 1880, la France obtenant un accord avec le roi Glélé en 1878 pour transformer le port de Cotonou en protectorat avec de vives tensions avec Anglais, Portugais et Allemands, ses voisins, qui excitent le roi Glé-Glé contre les Français. En 1883, la France fait de même avec les chefs de Porto-Novo, un rival du Dahomey.
Ghezo (1818-1858) |
Glélé (1858-1889) |
Béhanzin (1889-1894) |
Lorsque Béhanzin (1889-1894) prend le pouvoir, il lance des raids sur les protectorats français et conteste l'accord de cession de Cotonou. Les Français répliquent en lançant la première et seconde guerre du Dahomey entre 1890 et 1894. En 1892, les troupes du général Alfred Dodds capturent et déportent le roi Béhanzin, pillent le palais d’Abomey, annexent cette région et installent Agoli-Agbo comme roi. Lorsque celui-ci résiste aux tentatives d'imposition françaises, les Français dissolvent le royaume et exilent Agoli-Agbo. Il est autorisé à retourner dans la région en 1910, à des fins cérémonielles.
La colonie française, qui inclut le royaume, Porto-Novo et une grande zone au nord, prend le nom de colonie du Dahomey. Elle devient indépendante en 1960 sous le nom de république du Dahomey. Le terme reste jusqu'en 1975 lorsque le pays devient la république populaire du Bénin puis en 1990 la république du Bénin.
Le prince Arini Ouanilo, fils de Béhanzin et dernier descendant royal du Dahomey est mort à Dakar le 19 mai 1928. Il reposa d'abord dans le caveau de son épouse bordelaise, avant d'en être exhumé le 24 septembre 2006 pour être enterré au Bénin. Les successeurs actuels au trône du Dahomey, même s'ils ne possèdent plus de pouvoir politique officiel, restent d'importants leaders d'opinion auprès des Fon d'Abomey.
Pillées en 1892 dans le palais d’Abomey (capitale du Royaume du Dahomey, Bénin actuel) par les troupes coloniales françaises du général Alfred Dodds, 26 œuvres du « Trésor de Béhanzin » ont ensuite été offertes au Musée d’Ethnographie du Trocadéro (aujourd’hui disparu) avant d’intégrer les collections du musée du quai Branly-Jacques Chirac en 2003.
une partie du Trésor du Béhanzin est présentée au Bénin en 2006 dans la Fondation Zinsou, et ce n’est pas moins de 275 000 visiteurs qui découvrent ces œuvres en trois mois à Cotonou. l’incompréhension des Béninois à la fin de cette exposition en 2006 à l’idée que les œuvres quittent à nouveau le pays. Christiane Taubira leur conseilla à l’époque de s’enchaîner aux grilles du musée pour empêcher le retour des œuvres en France. La proposition était originale, mais les Africains ayant été assez enchaînés par le passé, les Béninois décidèrent de recourir à d’autres méthodes de négociations. Plus personne ne rappelle, souligne Marie-Cécile Zinsou, que le directeur du Musée Branly avait proposé au Bénin d’introduire une demande de prêt à long terme, Stéphane Martin leur assurant que le Trésor de Béhanzin serait ensuite demeuré au Bénin. La proposition française ne rencontra malheureusement pas un grand enthousiasme de la part du gouvernement béninois de l’époque. La Fondation Zinsou, quant à elle, était encore jeune. Elle venait d’ouvrir depuis un an, et son objectif était la promotion des artistes d’aujourd’hui. Elle ne désirait pas patrimonialiser le musée qui venait d’ouvrir. Au regard des expos qui suivirent et dont témoignent les publications stimulantes, ce fut un choix judicieux.
Le 26 août 2016, la république du Bénin présente une demande officielle de restitution des pièces de cette liste, aux termes d’une lettre de son ministre des affaires étrangères et de la coopération, manifestant une cohérence d’ordre historique, puisque ce sont les œuvres issues du don du général Dodds qui proviennent toutes de la prise d’Abomey. François Hollande rejette la demande. L’année suivante, Emmanuel Macron se montré plus ouvert, annonçant sa volonté de rendre une partie du patrimoine africain "pour être en mesure de reconstruire un imaginaire commun" à la fin de son discours prononcé le mardi 28 novembre 2017 par le à l’université Ouaga 1 au Burkina Faso. Il termine ce discours par une citation de l’ouvrage Afrotopia de l’économiste sénégalais Felwine Sarr, paru un an avant : « L’Afrique n’a personne à rattraper. Elle ne doit plus courir sur les chemins qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi. » . C’est au même Felwine Sarr qu’il commande un rapport sur la restitution des œuvres en mars 2018. Le rapport est rédigé conjointement avec Bénédicte Savoy, enseignante française en histoire de l’art à la Technische Universität de Berlin. Le Rapport Sarr-Savoy sur la restitution du patrimoine culturel africain "Vers une nouvelle éthique relationnelle" est remis à Emmanuel Macron le vendredi 23 novembre 2018 dans le « salon vert » de l’Élysée est publié en même temps que les recommandations faites aux musées allemands qui ont entraîné le 1er juillet 2022, la signature d’un accord entre l’Allemagne et le Nigeria pour le retour de 1130 « bronzes » du Bénin. Ces œuvres avaient été pillées en 1897 du palais royal de l’Oba par les troupes coloniales britanniques, puis acquises par plusieurs musées allemands.
Le 17 décembre 2020, l'Assemblée nationale, sur demande la ministre de la culture Roselyne Bachelot vote la restitution des pièces grâce à la loi dérogatoire au code du patrimoine français. C'est la première importante restitution d’objets de collections publiques à un pays africain. Le 24 décembre 2020, est promulguée en France la loi relative à la restitution de 26 biens culturels au Bénin, par dérogation au principe d’inaliénabilité des collections publiques françaises.
Après une dernière exposition événement au musée du quai Branly-Jacques Chirac, le 9 novembre 2021, est signé à l’Élysée l’acte de transfert physique de propriété de ces 26 biens à la République du Bénin par la République française, en présence du Président Patrice Talon et du Président Emmanuel Macron. Le lendemain, les 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey arrivent à Cotonou dans un avion spécialement affrété par le gouvernement béninois et sont réceptionnées au palais de la Marina, lors d’une cérémonie officielle pour l’exposition Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation dans un espace muséal de plus de 2000 m². Ce projet de 12 millions d’euros, financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par Expertise France, entend retracer l’histoire du Dahomey. « Avec cette exposition, nous rendons au peuple béninois, une partie de son âme, une partie de son histoire, et de sa dignité », a déclaré à l’AFP le ministre de la Culture du Bénin, Jean-Michel Abimbola. "Ce travail de restitution continue" a assuré Roselyne Bachelot lors de l’inauguration officielle. "Nous sommes en train de travailler sur une loi-cadre pour faciliter ces retours." Après les sceptres, trônes et statues royales mi-homme mi-lion du roi Glèlè et mi-homme mi-oiseau du roi Ghézo ou encore le trône du roi Ghézo, c’est la sculpture du Dieu Gou, conservée au musée du Louvre, qui fait actuellement l’objet d’une demande de restitution du Bénin.
La France, via l’Agence française de développement (AFD), soutient activement l’un des 4 musées en construction dans le pays : le Musée de l’épopée des amazones et du royaume de Danhomè (MEARD) au cœur du site palatial d’Abomey, classé patrimoine de l’Unesco depuis 1985. Le projet est financé à hauteur de 23 milliards de francs CFA par Paris, et 15 milliards par Cotonou. C’est dans ce musée que sera exposé à terme le Trésor du Béhanzin.
Sources :