du mercredi 5 au dimanche 9 mars 2014

16e festival du film asiatique de Deauville

 

Rappel des éditions précédentes, site officiel , Page facebook du festival

Programme en ligne

Le jury 2014 était présidé par Claire Denis, entourée de René Bonnell, Rachid Bouchareb, Samir Guesmi, Florence Loiret-Caille, Gilles Marchand et Roxane Mesquida. La 16e édition du Festival du Film Asiatique de Deauville présentait huit films en compétition et proposait dix films hors compétition. Des hommages ont été rendu à la comédienne sri-lankaise Malani Fonseka au réalisateur japonais Hideo Nakata et au réalisateur taïwanais Tsai Ming-liang.

Le jury alors que les lumières vont s'éteindre

 

Palmarès :

Lotus du meilleur film : Naguima de Zhanna Issabayeva
Lotus du jury : A Cappella de Lee Sujin et Ugly de Anurag Kashyap
Lotus Air France (prix de la critique internationale) : A Capella de Lee Su-jin
Prix de la ville de Deauville : A Capellade Lee Su-jin

Lotus du meilleur film
Lotus du Jury
Lotus du Jury
Lotus de la critique
Prix de la ville de Deauville

Excellent palmarès pour une sélection en compétition de haute tenue. Naguima de Zhanna Issabayeva était incontestablement le film le plus intensément mis en scène. Le récit se déroule selon une économie rigoureuse : présentation du dur travail de Nagima ; la souffrance d'Anya, ventre en forme de bulbe qui menace d'écraser son corps de brindille ; son propriétaire qui la harcèle pour payer le loyer, alors que son employeur ne montre aucun scrupule à retarder son salaire; sa façon de plaider avec le propriétaire du magasin pour acheter de la nourriture. La réalisatrice ne divulgue jamais plus que ce que l'on doit savoir sur Nagima et le passé d'Anya. C'est seulement à mi-chemin, quand Nagima effectue un voyage décisif, que l'on apprend son âge, la nature de sa relation avec Anya et comment Anya est tombée enceinte en premier lieu. La cruauté de confrontation avec la mère est accentuée par le paysage aride et perdu dans laquelle elle se déroule.

A cappella de Lee Sujin remporte trois prix avec un thème présent dans les deux autres films coréens présentés à Deauville cette année. Le viol d'une adolescente est en effet présent dans Steel cold winter de Choi Jin-seong présenté en compétition alors que le harcèlement imprégnait Suneung de Shin Su-won, hors compétition. Là encore, c'est l'économie de moyen dans le récit qui garantit un réel travail de mise en scène. Suneung (l'examen d'entrée pour l'université) possède un scénario beaucoup trop rusé avec des pistes dans tous les sens et ne traite finalement aucun sujet. Steel cold winter de Choi Jin-seong voit s'affronter la pureté adolescente aux pulsions corruptrices de l'âge adulte et l'opposition symbolique entre le patinage sur glace et les cochons que l'on enterre vivants sur des soupçons de fièvre aphteuse est recyclée avec justesse (et ce n'est pas facile !) sur divers thèmes. A Cappella de Lee Sujin fait remonter lentement la scène traumatisante alors que le personnage éponyme lutte avec son caractère (apprivoiser sa logeuse, ses nouvelles amies) et ses forces créatrices (la musique) et physiques (elle apprend à nager) pour survivre aux dangers d'une société coréenne obsédée par la réussite de ses enfants à n'importe quel prix.

A cappella doit partager son prix du jury avec Ugly, neuvième film de Anurag Kashyap, le metteur en scène indien du long film de gangsters Gangs of Wasseypur, dont on se demande ce qu'il faisait en compétition.

La sélection hors compétition présentait le meilleur, Les chiens errants de Tsai Ming-Liang, Our Sunhi de Hong Sang-soo, Real de Kiyoshi Kurosawa mais aussi le décevant Monsterz de Hideo Nakata. Present for you de Yoshihiko Dai et Suneung de Shin Su-won ne m'ont guère convaincus alors que Ruin de Michael Cody et Amiel Courtin-Wilson et Toilet blues de Dirmawan Hatta semblent des oeuvres plus prometteuses. Trapped de Parviz Shahbazi donne des nouvelles plutôt rassurantes d'un assouplissement de la censure en Iran mais reste formellement trop pauvre.

 


Les 8 films en compétition

La 16e édition du Festival du Film Asiatique de Deauville présentait huit films en compétition dont trois premiers longs métrages.

Zhanna Issabayeva écoute sa traductrice après avoir présenté Naguima
Lee Su-jin remonte les marches après avoir
présenté A capella

 

 

A cappella de Lee Sujin (Corée du Sud, 1er film). Avec : Chun Woo-hee (Han Gong-Ju), Jung In-sun (Eun-Hee), Kim So-young (Hwa-Ok), Lee Young-lan (Ms. Lee). 1h52.

Han Gong-ju, une jeune lycéenne, se retrouve impliquée malgré elle dans une histoire sordide. Délaissée par ses parents et contrainte de s’inscrire dans un autre établissement, elle emménage chez la mère d’un enseignant. Victime des circonstances et n’ayant rien à se reprocher, Gong-ju doit tout faire pour éviter d’attirer l’attention sur elle... Mais un jour, Eun-hee, une nouvelle camarade de classe qui fait partie du club de chant a capella du lycée, découvre les prédispositions de Gong-ju au chant et décide de lui proposer d’intégrer la chorale.

 

Mater dolorosa d’Adolfo B. Alix Jr. (Philippines)

Lourdes Lagrimas est à la tête d’une organisation criminelle qui sévit dans un petit quartier de la ville. Elle tient, avec ses enfants, les rênes du commerce illégal local : vols de voitures, jeux d’argent et trafics de drogue. A l’aube de la nouvelle année, le maire de la ville lance une campagne anti-corruption qui met en péril les activités de la famille Lagrimas. Lourdes va tout faire pour maintenir sa famille soudée malgré les événements qui vont remettre en cause son statut de mère et de criminelle.

 

Naguima de Zhanna Issabayeva (Kazakhstan). Avec : Dina Tukubayeva (Nagima), Mariya Nezhentseva (Anya), Aidar Mukhametzhanov (Abai), Galina Pyanova (Ninka). 1h17.

Nagima est une jeune femme disgracieuse, illettrée et peu diserte qui a été abandonnée à la naissance et placée dans un orphelinat. Elle partage dorénavant un petit studio dans les environs de la ville d’Almaty avec son amie Anya rencontrée à l’orphelinat et qui est enceinte. Mais Anya meurt lors de l’accouchement et le nouveau-né - une fille - se retrouve à son tour placé dans un orphelinat. Afin d’arrêter ce cercle vicieux, Nagima décide de l’adopter...

 

No man's land de Ning Hao (Chine, Film d’ouverture). (Wu ren qu). Avec : Xu Zheng (Xio Pan), Huang Bo (Lao Er), Duo Bujie (Big Boss), Wang Hui (Liu Si), Huang Jingyi (Liu San) Yu Nan (Jiaojiao). 1h57.

Dans un tribunal d’une ville située au beau milieu du désert de Gobi, Xiao Pan, un jeune avocat charismatique, fait innocenter Big Boss, suspecté de meurtre. Il reçoit en guise d’émoluments la Sedan rouge flambant neuve de son client, visiblement contrarié. Au volant de cette voiture, Xiao Pan prend la direction de l’autoroute qui traverse cette région totalement isolée nommée No Man’s Land. Mais un des hommes de main de Big Boss a été dépêché afin de récupérer son bien…

 

Steel cold winter de Choi Jin-seong (Corée du Sud, 1er film) Yoon-soo a lancé une rumeur dans son lycée sur un camarade de classe qui a fini par se suicider. Incapable de supporter sa culpabilité, il essaye de se suicider à son tour mais sa tentative échoue. Sa famille décide alors de déménager à la campagne afin de l’aider à se remettre sur pied. Là-bas, le jeune garçon fait la rencontre d’Hae-won, une jeune fille mystérieuse qui a tout le village à dos. Se voyant lui-même en elle, il lui offre réconfort et compassion. Peu à peu, Hae-won s’ouvre à son contact. Mais Yoon-soo se détourne finalement d’elle lorsqu’il entend des rumeurs peu flatteuses la concernant.

Toilet blues de Dirmawan Hatta (Indonésie, 1er film) Anjani s’enfuit du foyer familial le jour où elle est accusée d’avoir commis un acte obscène avec ses amis du sexe opposé. Elle décide d’accompagner Anggalih, son amour platonique depuis le collège, qui est en route pour rejoindre une communauté catholique où il doit rentrer dans les ordres et devenir prêtre. Ce voyage ne sera pas seulement l’occasion pour Anggalih de questionner sa vocation, mais également le moyen pour les deux d’échapper à leur vie toute tracée…

Trapped de Parviz Shahbazi (Iran). Nazanin est une étudiante en première année de médecine. Ne trouvant pas de places disponibles dans le dortoir de l’université, elle cherche à louer un studio. Comme Téhéran est une ville chère, Nazanin n’a pas assez d’argent pour payer seule son loyer et se résout à partager un logement avec Sahar, une jeune femme qui travaille dans une parfumerie. Désireuse de quitter l’Iran, Sahar a dû emprunter de l’argent à un commerçant qui décide finalement de porter plainte contre elle. Sahar se retrouve emprisonnée du jour au lendemain. Nazanin va alors tout faire pour la sortir de là…

 

Ugly d’Anurag Kashyap (Inde). Avec : Rahul Bhatt (Rahul), Surveen Chawla (Rakhi), Siddhant Kapoor (Siddhant), Tejaswini Kolhapure (Shalini), Girish Kulkarni (Jadhav), Vineet Kumar singh (Chaitanya), Ronit Roy (Bose), Anshika Shrivastava (Kali). 2h08.

Rahul et Shalini, les parents de Kali, dix ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombay. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît…

 


Les 10 films hors compétition

Le promeneur d'oiseau de Philippe Muyl (Chine & France, Film de clôture). Afin de tenir la promesse qu’il avait faite à sa femme, Zhigen, un vieux paysan chinois, décide de faire le grand voyage de Pékin à Yangshuo et de ramener à son village l’oiseau qui fût son seul compagnon durant toutes ces années passées loin de chez lui. Qianing, sa belle-fille, riche et belle femme d’affaire, lui demande d’emmener Renxing, sa fille unique élevée dans le luxe. Tandis que le grand père et sa petite fille cheminent à travers les magnifiques paysages de la Chine - Zhigen vers ses souvenirs, Renxing vers ses racines familiales – le père et la mère de Renxing se penchent sur le sens de leur vie uniquement axée sur la réussite et l’argent.

 

Les chiens errants de Tsai Ming-Liang. Avec : Lee Kang-sheng, Lee Yi-Cheng, Lee Yi-Chieh. 2h18.

Un père et ses deux enfants vivent en marge de Taipei, entre les bois et les rivières de la banlieue et les rues pluvieuses de la capitale. Le jour, le père gagne chichement sa vie en faisant l’homme sandwich pour des appartements de luxe pendant que son fils et sa fille hantent les centres commerciaux à la recherche d’échantillons gratuits de nourriture. Chaque nuit, la famille trouve refuge dans un immeuble abandonné…

 

Monsterz de Hideo Nakata (Japon) Avec : Tatsuya Fujiwara, Takayuki Yamada, Satomi Ishihara, Yutaka Matsushige, Tae Kimura, Mina Fujii.

Un homme qui a la capacité de contrôler les gens par la seule force de son regard préfère mener une vie solitaire au lieu de faire plier l’humanité à son bon vouloir. Lorsqu’il fait usage, avec parcimonie, de son pouvoir, il s’assure que personne ne se souvienne d’avoir été manipulé. Sa petite vie sans saveur prend une tournure particulière lorsqu’il croise le chemin de Shuichi Tanaka. Ce dernier semble être le seul à pouvoir résister à ses pouvoirs télékinétiques. Troublé et furieux de ne pouvoir contrôler Shuichi, il décide de le faire disparaître coûte que coûte…

 

Our Sunhi de Hong Sang-soo (Corée du Sud). Sunhi, diplômée en cinéma, vient chercher auprès de son ancien professeur une lettre de recommandation pour partir étudier aux États-Unis. Enfin épanouie après une longue période d’introspection, elle rencontre alors au même moment deux anciennes relations : Munsu, son ancien petit ami, et Jaehak, un réalisateur diplômé de la même école qu’elle. Le temps passé ensemble, les trois hommes vont prodiguer à Sunhi leurs conseils sur la vie, pleins de bonnes intentions.

Patema et le monde inversé de Yasuhiro Yoshiura (Japon, Séance enfants).Après une catastrophe écologique, la terre se trouve séparée en deux mondes inversés ignorant tout l’un de l’autre. Dans le monde souterrain, Patéma, une jeune fille de quatorze ans espiègle et aventurière, rêve d’ailleurs. Sur la terre ferme, Age, un lycéen mélancolique, a du mal à s’adapter à son monde totalitaire. Le hasard va provoquer la rencontre des deux adolescents en défiant les lois de la gravité.

Present for you de Yoshihiko Dai (Japon).Lorsque les employés d’une entreprise véreuse, vantant les mérites d’une alimentation diététique, partent avec l’argent de la caisse, Kajiwara, un employé à temps partiel, se retrouve seul à devoir remettre l’entreprise à flot et à rendre des comptes au Boss, le président de la maison-mère. En un temps record, il parvient à faire rentrer dans les comptes de la société un demi-milliard de yen et à s’attirer les faveurs du Boss. Ce dernier le nomme alors président d’une autre entreprise, Present For You…

 

Réal de Kiyoshi Kurosawa (Japon). Avec : Takeru Sato (Koichi Fujita), Haruka Ayase (Atsumi Kazu), Jô Odagiri (L'éditeur), Shôta Sometani (L'assistant d'Atsumi). 2h07.

Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve plongée dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé, d'autant qu'ils s'aimaient passionnément. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l'inconscient de sa compagne. Mais le système l'envoie-t-il vraiment là où il croit ?

 

Ruin de Michael Cody & Amiel Courtin-Wilson (Australie & Cambodge). Phirun et Sovanna, deux jeunes amants liés par un meurtre, décident de s’enfuir ensemble de Phnom Penh, la capitale cambodgienne gangrénée par la violence et la corruption. Inexplicablement attirés l’un vers l’autre, ils s’aventurent dans les profondeurs de la jungle. Au fil de leur errance, leur fragile amour se délie et fait ressurgir les traumatismes de leur vie passée et leur haine envers le monde…

Suneung de Shin Su-won (Corée du Sud, 2ème film). Yujin, élève de terminale promis à un avenir brillant, est retrouvé assassiné. Très rapidement, les soupçons se portent sur June, l’un de ses camarades de classe. Mais en remontant le fil des événements, c’est un univers d’ultra-compétition et de cruauté qui se fait jour au sein de ce lycée d’élite, où la réussite au Suneung, l’examen final qui conditionne l’entrée des élèves dans les meilleures universités, est une obsession. Pour obtenir la première place, certains sont prêts à tout, et même au pire…

The fake de Yeon Sangho (Corée du Sud, Film d’animation). Les habitants d’un village qui sera bientôt englouti par les flots suite à la construction d’un barrage deviennent les victimes d’un escroc prénommé Choi. Se faisant passer pour un prophète, Choi sermonne ses ouilles à longueur de journée, aidé dans sa tâche par le pasteur Chung, et parvient à convaincre les villageois de verser leurs indemnités de relogement à cette religion d’un nouveau genre. Mais Min-chul, un bon-à-rien méprisé de tous, découvre le pot aux roses…



Il était rendu hommage à :

Les cjiens errants

 

Monsterz

 


 

Jean-Luc lacuve le 10/03/2014