Sunhi, diplômée en cinéma, vient chercher auprès de son ancien professeur, Choi Min-woo, une lettre de recommandation pour partir étudier aux États-Unis. Elle rencontre d'abord un autre étudiant qui lui affirme que le professeur est en voyage à l'étranger et tente vainement de l'inviter à prendre un verre avec elle. Sunhi est ainsi ébahie quand elle trouve Choi Min-woo se dorant au soleil sur un banc. Le professeur accepte avec réticence d'écrire une lettre de recommandation : il juge que Sunhi est trop secrète, ne se lie pas assez avec ses camarades et ne peut ainsi réaliser l'œuvre collective qu'est un film. Il juge aussi que des études à l'étranger ne sont qu'un moyen de repousser à plus tard, le désir de faire des films. Quand Sunhi reviendra des Etats-Unis, dans trois ans, elle aura trente-deux ans ; aura-t-elle encore envie de faire des films ? Sunhi déclare pourtant que son choix a été difficile mais qu'il est maintenant ferme et qu'elle a besoin de cette lettre. Choi lui promet d'y consacrer trente minutes, pas davantage et que son contenu pourrait ne pas lui plaire. Il lui donne rendez-vous pour le lendemain, même heure, même endroit. En le quittant, Sunhi, retrouve l'étudiant farceur dont elle exige des excuses. Celui-ci s'y refuse d'abord trouvant Sunhi trop naïve puis lorsque la colère de la jeune femme se fait plus forte, lui présente des excuses conventionnelles avant de s'éclipser.
Sunhi trouve refuge dans un snack qui sert du poulet. Lorsqu'elle commande une bière, la serveuse l'oblige à commander aussi à manger. Elle aperçoit par la fenêtre Moon-soo qui quitte une jolie étudiante et qu'elle appelle pour venir prendre un verre avec lui. Elle a déjà consommée trois bières et Moon-soo hésite à engager la conversation avec elle car elle se montre plutôt agressive, lui reprochant d'être fier et arrogant depuis qu'il a réalisé un film; film qui s'inspire un peu trop à son avis de leur ancienne histoire d'amour à laquelle elle a mis fin. Elle lui conseille aussi d'abandonner la faculté et de renoncer au refuge du professorat pour se consacrer pleinement à son métier de réalisateur. Moon-soo au bout de trois bouteilles de soju déclare n'être qu'un réalisateur sans succès et toujours très amoureux de Sunhi qui le plante alors.
C'est sur une musique évoquant les jours anciens que Moon-soo déambule ensuite dans Séoul recherchant la compagnie de Jae-hak, un de ses professeurs qui est irrité d'être dérangé et demande à Moon-soo de l'attendre une heure ou deux au bar du coin. Dans celui-ci, Moon-soo trouve une propriétaire charmante et à son écoute qui lui propose de terminer la soirée en commandant un excellent poulet croustillant. C'est ainsi que Jae-hak retrouve Moon-soo bien saoul en fin de soirée. Celui-ci reproche à son professeur de se montrer bien moins amical que par le passé et prétend qu'il va creuser et creuser bien profondément en lui pour savoir qui il est vraiment. La soirée se termine sur la même chanson dans le juke-box que celle écoutée dans l'après-midi.
L'après-midi suivant, Sunhi retrouve Choi sur le banc de la veille. Il lui remet trois exemplaires de sa lettre de recommandation puis se ravise pour en garder une pour lui-même. Lorsque Sunhi la lit un peu plus tard, solitaire sur un banc, elle trouve la lettre trop pleine de critiques, notamment sur sa répugnance à communiquer avec les autres ce qui lui laisse peu de chance de réaliser un film. Elle appelle Choi et l'invite dans son restaurant favori. Choi se défend un peu, arguant qu'il a écrit qu'elle était courageuse et possédait un talent artistique qui ne demandait qu'à s'épanouir. Néanmoins, il convient qu'il pourrait prendre plus de temps pour écrire une lettre plus élogieuse. Puis c'est lui qui reproche à Sunhi de s'être montrée distante et de ne jamais l'avoir rappelé alors qu'elle était son élève favorite. Sunhi en convient, lui rappelant qu'un après-midi, il lui avait fait des avances en serrant très fort sa main et qu'elle l'admirait beaucoup. Choi lui demande alors si elle aurait envie d'être toujours avec lui. Sunhi répond par l'affirmative et l'élève et son professeur déambulent alors, saouls et tendres, vers l'appartement de Choi.
Le lendemain, Choi appelle Jea-hak et a du mal à cacher être transformé par son amour pour une jeune femme assez jeune dont il lui cache le nom. Jea-hak le rejoint pour parler dans un autre café que la veille. Choi dit ne pas être encore l'amant de la jeune femme qu'il aime mais espère le devenir bientôt. Il félicite Jea-hak d'avoir déjà une belle vie : une femme aimante et exceptionnelle qu'il a pourtant laissé loin derrière lui pour vivre la vie qui lui plait à Séoul. Jea-hak est très étonné de la transformation de son ami. Un peu plus tard dans l'après-midi, Sunhi lit la lettre de Choi et la trouve si élogieuse, si différente de la première, qu'elle interroge Choi par téléphone pour savoir si sa personnalité correspond plutôt à la première ou à la dernière lettre. Assise à la table d'un café, elle voit Jea-hak qu'elle interpelle. Ils vont dans un café et, buvant bières et soju, finissent par se dire des mots d'amour. Sunhi raccompagne Jea-hak jusque chez lui mais lui affirme avoir le temps de se revoir pour aller plus loin... et le laisse en plan.
Le quatrième après-midi, Moon-soo téléphone à Sunhi lui demandant à la revoir. Elle refuse, ne veut pas lui indiquer où elle est mais, connaissant ses goûts pour la solitude, Moon-soo identifie facilement le parc où elle se trouve. Sunhi attend en effet Choi qui reçoit un appel de Jea-hak qui cherche à le voir mais dont il décline l'invitation en déclarant qu'il n'est pas seul. Sunhi et Choi discutent dans la parc et alors que Sunhi est partie aux toilettes, Choi voit avec colère Jea-hak le rejoindre. Pire même, c'est bientôt Moon-soo qui arrive déclarant tout de go aux deux hommes qu'il vient pour retrouver Sunhi. Choi joue la surprise et veut se rendre aux toilettes où il est suivi par ses deux compagnons. Sunhi ressort de la porte des femmes pour voir sur son téléphone un massage de Choi lui demandant de partir car Moon-soo et Jae-hak sont là. Sunhi s'en va donc pendant que les trois hommes échangent leurs impressions à son sujet.
Après l'hivernal Matins calmes à Séoul (2011), le solaire In another country (2012) et le printanier Haewon et les hommes (2013) c'est une nouvelle variation amoureuse, mais cette en fois en automne, que nous propose Hong sang-soo. On y retrouve la même apparente nonchalance du récit avec bifurcations et répétitions des séquences constituées majoritairement de dialogues autour d'une table ou assis sur un banc avec un refus du champ-contrechamp pour un seul recours désinvolte au zoom. Sunhi magnifie ainsi un personnage féminin, fragile, au départ peu sympathique, qui s'en ira assumer l'avenir avec un optimisme modéré, laissant les trois hommes qui l'ont aimé ratiociner à l'envie.
Les répétitions et variations jouent comme d'habitude sur les lieux, semblables sans être jamais tout à fait les mêmes : le snack de poulet, le bar où l'on commande le poulet croustillant, le café où se retrouvent Jae-hak et Choi Min-woo. Ces snacks, bar et café sont entourés au début et à la fin d'une part par le banc de l'université et le parc sur les hauteurs du Palais Changgyeong, lieux où se manifeste l'automne avec ses feuilles jaunissantes, son soleil encore chaleureux (Choi s'y dore avec satisfaction) son vent dans les hautes branches... et le départ final de Sunhi qui en franchit els portes pour sans doute ne plus y revenir avant longtemps.
Les conversations circulent aussi comme des blocs de paroles que l'on débite parce qu'on les a entendu autre part et qui ne sont là que pour meubler une conversation où l'important est le désir du moment présent, la relation amoureuse qui peut se nouer ou non. Sunhi séduira de nouveau les trois hommes qu'elle a connu en répétant à l'un les conseil qu'on lui a donné et écoutant des paroles qui ont déjà été formulées pour d'autres. Ce désir est aussi fugace qu'un rayon de soleil d'automne. Sunhi sait y mettre fin avant de s'engager trop avant : elle laisse là Moon-soo dès qu'il lui renouvelle des mots d'amour qu'elle estime dépassés et raccompagne Choi Min-woo et Jae-hak chez eux sans coucher avec eux. Seul, le second retour est filmé, donnant corps ainsi à la parole de Choi Min-woo qui avait affirmé au matin ne pas être l'amant de celle qu'il aimait.
Les ellipses du récit sont ainsi l'un des grands plaisirs du film : le personnage se faisant plus complexe qu'il n'y parait au départ, plus attachant aussi, avant de disparaitre à nos yeux, toujours aussi mystérieux qu'il l'est pour les trois héros masculins du film.
Jean-Luc Lacuve le 12/08/2014.