1968
En suivant Patrick Leboutte, responsable éditorial
du DVD de 15 films sur Mai 68, on distinguera
:
- les films d'avant mai 68 : La
Chinoise de Jean-Luc Godard, A
bientôt, j'espère de Chris Marker, Le
premier mai à Saint-Nazaire de de Marcel Trillat et Hubert Knapp,
Berlin 68-Rudi Dutschke,
un film de l'ARC sous la direction de Michel Andrieu et Jacques Kébadian,
La glu, un film d'Edouard Hayem.
1968, Les premières usines occupées,
Cléon d'Alain Laguarda, Nantes Sud Aviation, un film de
l'ARC de Pierre-William Glenn et Michel Andrieu.
- Mai 68 à Paris. L'explosion : Ce n'est qu'un début,
un film de l'ARC, réalisé par Michel Andrieu, Le joli mois
de mai, un film de l'ARC, Mikono, un film de l'ARC réalisé
par Jean-Michel Humeau, Avec les cheminots de la SNCF de Paris Sud-Ouest, un film de Fernand Moszkowicz,
CA13, Comité d'action du treizième, un film de l'ARC,
Le Droit à la parole, ARC sous la direction de Michel Andrieu
et Jacques Kébadian.
- Mai 68 Du côté des usines. Oser
lutter, oser vaincre de Jean-Pierre Thorn. 1968, Citroën-Nanterre
de Guy Devart et Edouard Hayem, 1968, 63'.
- Les films de l'après 68. Coup pour coup (Marin Karmitz,1972), L'an 01 (Jacques Doillon, 1973),
L'horloger de saint Paul (Bertrand Tavernier, 1974), L’une chante, l’autre pas (Agnès Varda, 1976) Le
fond de l'air est rouge (Chris Marker,1977), Mourir
à trente ans (Romain Goupil, 1982), Milou en mai (Louis Malle, 1990), Reprise (Hervé Le Roux,
1996), Innocents (Bernardo Bertolluci, 2003), Les
amants réguliers (Philippe Garrel, 2004), Nés en 68 (Ducastel et Martineau, 2008), Après
mai (Olivier Assayas, 2012), La belle saison (Catherine Corsini, 2015), 68, mon père et les clous (Samuel Bigiaoui, 2019).
Dans louvrage Zanzibar ou les dandys de mai 68 de Sally Shafto,
Jackie Raynal (réalisatrice et monteuse appartenant au groupe Zanzibar)
explique : « En mai 68, nous avons considéré quil
fallait nous organiser, non pas sur le modèle des partis politiques,
mais précisément en tant que cinéastes, poètes,
marginaux. Par exemple, avec Godard et Garrel, nous avons utilisé la
Lancia grand sport décapotable dAlain Jouffroy pour suivre les
manifestations avec une caméra 35mm et, comme cétait une
voiture de luxe, les C.R.S. qui attendait les manifestants nous laissaient
passer. Le soir je montais à chaud les Ciné-tracts ainsi tournés.
Malheureusement, les originaux ont été perdus lors dune
tournée en Italie. Sylvina et moi nous nous sommes déguisées
en infirmières de la Croix-Rouge, nous avons peint une croix sur une
voiture pour que les flics nous laissent passer et nous allions récupérer
les blessés derrière leurs lignes. Mais les flics ont fini par
sapercevoir du subterfuge, ils nous ont arrêtées et cest
ainsi que jai passé la nuit à lÉcole Militaire,
dans un centre de tri, dans une pièce pleine de femmes, et les flics
venaient pisser sur nous. Barbet Schroeder et Jacques Baratier sont venus
me chercher et, en sortant, jai vu quon tabassait des hommes dans
la cour : un véritable État policier ! Jai raconté
ce que javais vu lors des premiers États Généraux
du cinéma, à Maubert Mutualité. Un article est paru dès
le lendemain dans France Soir, avec une grande photo de moi. Éric Rohmer
ma appelé à 7 heures 30 du matin pour me prévenir,
« Partez vite, ils vont vous arrêter ». Il avait raison
: je suis partie, et la concierge ma dit plus tard que la police était
venue. Cest aussi ce qui ma motivée pour quitter la France.
»
Chonologie des évènements
- Janvier
8 - Inauguration de la piscine du campus de Nanterre par François
Missoffe, ministre de la jeunesse et des sports. Il est pris à partie
par des étudiants.
26 - Violents incidents à Caen entre les grévistes de la SAVIEM
et les forces de l'ordre. Bagarre à Nanterre.
- Février
7 - Heurts violents à l'occasion d'une contre-manifestation organisée
par les Comités Vietnam.
24 - Déclaration politique et sociale commune PCF - FGDS
- Mars
20 - Attaque du siège parisien de l'American Express.
22 - Incidents à Nanterre. Occupation de la tour administrative.
Création par les anarchistes du Mouvement du 22 mars.
28 - Suspension des cours à Nanterre jusqu'au 1er avril.
- Avril
25 - Le député communiste Pierre Juquin est expulsé
du campus de Nanterre par les gauchistes prochinois.
28 - Un commando prochinois dévaste une exposition de soutien au
Sud-Vietnam.
- Mai
1er - Défilé CGT, PC, PSU (République - Bastille).
Naissance de La cause du peuple.
2 - Début du voyage de Georges Pompidou en Iran et en Afghanistan.
Incidents à Nanterre où les cours sont suspendus.
3 - Meeting dans la cour de la Sorbonne. Editorial de Georges Marchais dans
l'Humanité qui y fustige "l'anarchiste allemand Cohn-Bendit"
et raille les "révolutionnaires [... ] fils de grands bourgeois
[... ] qui rapidement mettront en veilleuse leur flamme révolutionnaire
pour aller diriger l'entreprise de papa et y exploiter les travailleurs".
Evacuation par la police requise par le Recteur Roche. Manifestation au
Quartier latin, incidents, près de six cents interpellations.
4 - Condamnation de personnes appréhendées la veille. Appel
à la grève illimitée de L'UNEF et du SNEsup. Suspension
des cours à la Sorbonne.
5 - Condamnation de quatre manifestants du 3 mai à la prison ferme.
6 - Comparution de Daniel Cohn-Bendit et d'étudiants nanterrois devant
la commission disciplinaire. Manifestations, puis premières barricades
et violents affrontements avec la police, plus de quatre cents arrestations.
7 - Manifestation de Denfert-Rochereau à l'Etoile.
8 - Discours d'Alain Peyrefitte à l'Assemblée nationale.
9 - Les leaders étudiants annoncent leur intention d'occuper la Sorbonne
dès le départ des forces de l'ordre. En réponse, Alain
Peyreffite déclare que la Sorbonne restera fermée jusqu'au
retour au calme.
10 - Nuit d'émeutes au Quartier latin où soixante barricades
se dressent. Intervention de la police à partir de deux heures du
matin.
11 - La CGT, la CFDT et la FEN appellent à la grève générale
pour le 13 mai. Retour de Georges Pompidou d'Afghanistan qui annonce la
réouverture de la Sorbonne pour le 13 mai.
13 - La Cour d'appel met en liberté provisoire les condamnés
du 5 mai. La Sorbonne est réouverte et aussitôt occupée.
Manifestation syndicale de la gare de l'Est à Denfert-Rochereau.
Les étudiants continuent jusqu'au Champs-de-Mars.
14 - Départ du Général de Gaulle pour la Roumanie.
Dépôt d'une motion de censure à l'Assemblée nationale
par le PCF et la FGDS.
15 - Occupation de l'Odéon et de l'usine Renault à Cléon.
16 - Le mouvement de grève s'étend dans les entreprises.
17 - Rencontre Mitterrand - Waldeck-Rochet. Grève à l'ORTF.
18 - Retour du Général de Gaulle. Grève générale,
la paralysie économique gagne l'ensemble du pays.
22 - La motion de censure déposée par la gauche est rejetée,
elle ne recueille que 233 voix. Daniel Cohn-Bendit est interdit de séjour.
Création du Comité national de défense de la République
(CDR). Les syndicats se déclarent prêts à négocier
avec le gouvernement. Attaque du local national conjoint des CDR et du Service
d'action civique rue de Solférino par des manifestants.
24 - Nouvelle nuit des barricades. Le Général de Gaulle annonce
un référendum sur la participation (entreprises, universités)
pour le mois de juin. La Bourse est incendiée. Un commissaire de
police est tué à Lyon par un camion lancé par les manifestants.
25 - Début des négociations rue de Grenelle.
26 - Le Général de Gaulle donne son accord à Jacques
Foccart pour l'organisation d'une grande manifestation pour le vendredi
31 mai (elle aura finalement lieu le 30).
27 - Accord sur le protocole de Grenelle entre les syndicats, le patronat
et le gouvernement (augmentation du SMIG et des salaires, réduction
des horaires, abaissement de l'âge de la retraite). Meeting de Charléty
organisé par l'UNEF, le PSU et la CFDT.
28 - Conférence de presse de François Mitterrand qui annonce
sa candidature à la présidence de la République en
cas de vacance du pouvoir.
29 - Le conseil des ministres est ajourné. Le Général
de Gaulle quitte l'Elysée à 11 h 15 et n'arrive à Colombey-les-deux-Eglises,
via Baden-Baden où il a rencontré le Général
Massu, qu'à 18h30. Pierre Mendès France se déclare
prêt à former un "gouvernement de gestion".
30 - À 16h30 le Général de Gaulle annonce la dissolution
de l'Assemblée nationale. Une manifestation de soutien au chef de
l'Etat réunit un million de personnes.
31 - Remaniement ministériel. Manifestations de soutien au Général
de Gaulle en province.
- Juin
1er - Manifestation parisienne de l'UNEF, au slogan " Élections,
trahison ". Le ministère de l'Éducation nationale annonce
des modalités aménagées pour le baccalauréat.
1er au 3 juin - Réapprovisionnement des villes en essence durant
le week-end de la Pentecôte.
4 - Négociations au ministère de l'Éducation nationale,
qui se terminent le lendemain à l'aube.
5 - Début de la reprise du travail à EDF-GDF, dans les mines,
la sidérurgie et les employés d'État.
6 - Reprise à la RATP, à la SNCF, et dans la fonction publique.
La FEN appelle à la reprise du travail. Le SNES, après consultation
des sections d'établissements, décide de poursuivre la grève.
7 - Évacuation par la force de l'usine Renault de Flins par les CRS,
de violents affrontements ont lieu. Reprise du travail aux PTT.
10 - Nouveaux affrontements avec la police. À Flins, mort du lycéen
Gilles Tautin, noyé dans la Seine après avoir été
poussé par des CRS. Ouverture de la campagne électorale. Le
SGEN-CDFT appelle à la reprise du travail pour le mercredi 12. Le
SNES appelle à la reconversion du mouvement.
11 - Affrontements avec la police devant les usines Peugeot à Sochaux
(Doubs) : deux ouvriers meurent, dont Jean Beylot tué par balle.
Appel de la CGT à un arrêt de travail pour le 12 juin. Réoccupation
de l'usine Renault à Flins par les grévistes. Violentes manifestations
à Paris (au départ de la gare de l'Est), et dans plusieurs
grandes villes de province.
12 - Reprise des cours dans les lycées. Interdiction de toute manifestation
sur la voie publique pendant la durée des élections. Dissolution
de plusieurs mouvements d'extrême-gauche, dont certains sous différentes
appellations : la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), Voix
ouvrière, les groupes " Révoltes ", la Fédération
des étudiants révolutionnaires (FER), le Comité de
liaison des étudiants révolutionnaires (CLER), l'Union des
jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJCml), le Parti communiste
internationaliste (PCI), le Parti communiste marxiste-léniniste de
France (PCMLF), la Fédération de la jeunesse révolutionnaire,
l'Organisation communiste internationaliste (OCI), le Mouvement du 22 mars.
14 - À Paris, évacuation du théâtre de l'Odéon
par la police. Après trois semaines de grève et d'occupation,
les employés de l'usine de piles Wonder à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)
votent la reprise du travail [on peut revoir le court film amateur tourné
à cette occasion, devant les portes de l'usine, dans le documentaire
d'Hervé Le Roux Reprise, sorti en 1996]. Reprise du travail dans
d'autres entreprises.
16 - À Paris, évacuation de la Sorbonne par la police.
18 - Reprise du travail dans plusieurs secteurs de l'automobile (dont les
usines Renault), et de la métallurgie. Organisation d'une table ronde
au ministère de l'Éducation nationale sur les modalités
des examens.
23 - Premier tour des élections législatives.
24 juin - Reprise du travail aux usines Citroën.
27 juin - Reprise du travail à l'ORTF. À Paris, évacuation
de l'École des Beaux-Arts par la police.
30 juin - Second tour des élections législatives : 22 millions
de votants, pour 78% de participation. C'est un raz de marée gaulliste
; l'UDR et les RI regroupent 43,6% des voix ; le Centre démocratique
: 10,3% ; le PCF : 20% ; la FGDS : 16,5% ; le PSU : 3,9%.
31 juin - Épuration à l'ORTF : 102 journalistes sont mutés
ou licenciés sous couvert d'une " réorganisation "
de la société.
- Juillet
3 au 9 - Assises nationales des universités à Grenoble.
10 - Arrestation et emprisonnement de militants d'extrême-gauche,
dont Alain Krivine, jusqu'à l'automne.
5 - À Paris, évacuation par la police de la faculté
de médecine.
13 - Maurice Couve de Murville succède à Georges Pompidou
au poste de premier ministre.