Juin 68, c'est la reprise du travail aux usines Wonder à Saint-Ouen après trois semaines de grève. Deux membres du bureau CGT de la ville essaient de convaincre les salariés qu'il s'agit d'une victoire et qu'il faut reprendre le travail dans l'unité après le vote qui a donné 560 voix à la reprise contre 260 pour continuer la grève.
Mais une jeune femme crie que "C'est saboté le vote ! Ils ont fait ça à la saloperie". Les syndicalistes doivent admettre que le vote a été dépouillé sans un seul représentant du personnel.
"Non, je rentrerai pas là-dedans. Je mettrai plus les pieds dans cette taule. Vous rentrez-y, vous ! Allez voir quel bordel que c'est ! On est dégueulasse : jusque là, on est toutes noires. Les femmes qui sont dans les bureaux, elles s'en foutent. Elles fayotent avec le patron."
Les syndicalistes se veulent rassurants. C'est une victoire sur les patrons, ils ont reculé sur les salaires qui ont augmenté de 6 %. La moitié des jours de grève seront payés et une 1/2 journée sera payée en plus. La jeune femme crie qu'elle ne croit pas que c'est une étape vers plus de considération et d'avantages.
Un jeune homme partage son avis. Il est pris à parti par les syndicalistes qui lui reprochent de ne pas être de chez Wonder et de parler sans savoir. Il dit pourtant qu'il suffit d'écouter la jeune femme, sa situation c'est : "un salaire dégueulasse pour un travail dégueulasse".
"Les travailleurs qui rentrent aujourd'hui, rentrent dans l'unité", reprennent les syndicalistes sans convaincre la jeune femme :" On est noires, on est de vrais charbonniers, quand on sort de là-dedans... Il faut attendre une demi-heure pour se faire soigner".
Une autre jeune femme refuse de rentrer. Pourtant, cols blancs et cols bleus semblent obéir au contremaître qui bat le rappel pour rentrer à l'usine.
Sous la direction de Jacques Willemont, en mai et juin 68, les étudiants de l'Idhec en grève réalisent comme travaux pratiques des reportages sur les mouvements étudiants et ouvriers de l'organisation communiste internationale.
Wonder mai 68, filmé par Pierre Bonneau est la seule séquence
qui n'ai pas disparue.
A l'été 68, Rivette dira du film : "Le seul film intéressant
sur les événements (de mai 68), le seul vraiment fort que j'ai
vu, c'est celui de la rentrée des usines Wonder, tourné par
des étudiants de l'IDHEC, parce que c'est un film terrifiant, qui fait
mal. C'est le seul film qui soit un film vraiment révolutionnaire,
peut-être parce que c'est un moment où la réalité
se transfigure à tel point qu'elle se met à condenser toute
une situation politique en dix minutes d'intensité dramatique folle"
En 1997, Hervé Leroux réalise Reprise après être partie en quête, trente ans après, de la jeune femme en colère.