Georges Méliès, l’enchanteur

Madeleine Malthête-Méliès

Editeur : La Tour Verte Collection : La muse Celluloïd. Décembre 2011. 536 pages au format 12,5 x 19,5 cm. Prix public : 18 € .

Cette biographie de Georges Méliès dont la première édition est parue en 1973 s'appuie sur plusieurs histoires du cinéma et diverses archives. 135 films sur les 520 réalisés entre 1896 et 1912 avaient été retrouvés en 1973. Il en existe actuellement 210. A la lumière de ces découvertes, des expositions et des colloques, le texte de 1973 a ainsi été revu, corrigé et actualisé pour en faire un document de référence sur les débuts du cinéma.

Vingt-cinq chapitres et vingt-quatre pages d'illustrations pour faire connaissance avec Méliès, caricaturiste, illusionniste et génie du 7e art naissant. Pudique et tendre, très documenté, le témoignage irremplaçable de Madeleine Malthête-Méliès, petite-fille de Georges Méliès, sur un créateur hors pair fait revivre l'homme Méliès et toute son époque.

On assiste à la création des premiers studios de cinéma, à Montreuil, à l'équipée de la Star-Film, dont Méliès imagine toutes les féeries, aux séances fantastiques de son Théâtre Robert-Houdin. La renommée de Méliès, qui pressent l'incroyable pouvoir suggestif du spectacle cinématographique et en invente grammaire et trucages, dépasse bientôt les frontières, en pleine folie 1900. Inventif, généreux, désintéressé et orgueilleux, Méliès, après avoir enchanté son époque, préfère affronter la ruine plutôt que de composer avec une industrie peu accordée avec ses rêves d'artiste.

Notes de lecture (P. 165 à 170):

Quand le 13 février 1895, Louis Lumière prend son premier brevet pour le prototype qu'il vient de créer, il ne songe pas à lui fournir une appellation officielle. Ce n'est que el 10 mars, dans un additif au précédant brevet, qu'apparait le nom de cinématographe (...).

Au cours de la séance donnée à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, rue de Rennes, à Paris le 22 mars 1895, Louis Lumière parle principalement de la photographie en couleurs. Dans ce domaine aussi les deux frères se sont illustrés par l'invention d'un nouveau procédé. A la fin de son exposé, Louis annonce à son auditoire qu'il lui a réservé une petite surprise". La "petite surprise" en question c'est tout simplement La sortie des usines Lumière, le premier film qui ait jamais été projeté en public. L'effet obtenu dépasse les espérances de Louis Lumière. Dans l'assistance, l'admiration le dispute à l'étonnement. On entoure Lumière, on le presse de questions, on le congratule ; mais cette manifestation ne sera pas suivie d'effets. Lumière s'est adressé à un public de spécialistes donc aux effets limités.

La seconde séance cinématographique qui a lieu le 10 juin à Lyon cette fois, à l'occasion du congrès de la Société française de la photographie, n'aura pas plus de répercussions sur le grand public (...). La veille de l'ouverture du congrès, les délégués ont fait une promenade en bateau sur la Saône. Les frères Lumière qui avaient emporté leur appareil de prise de vue, ont filmé l'astronome Jules Janssen, le président du congrès, en conversation avec M. Lagrange, conseiller général du Rhône. Le lendemain sans rien dire à l'avance, les Lumière projettent leur petit film aux congressistes.

Janssen et Lagrange ont alors une idée originale dont ils ne soupçonnent pas que, quarante ans à l'avance, elle préfigure le doublage. Ils demandent aux Lumière de repasser le film puis, ils vont se placer derrière l'écran et tiennent à nouveau les propos qu'ils ont échangés la veille, tâchant de synchroniser leurs voix avec les mouvements de leurs lèvres.

Deux autres projections ont lieu, le 11 juillet à Paris dans un salon de la Revue générale des Sciences et devant l'association belge de la Photographie qui se déroule à Bruxelles le 10 novembre.

 

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