Un homme condamné à mort, un père tué ainsi qu'une centaine d'hommes en Inde et dans un royaume imaginaire, et, enfin, l'horreur de la première guerre mondiale. Sur ces trois toiles de fond a priori cruelles et mélodramatiques le génie de Ford ne s'est pas exprimé avec la même intensité.

Steamboat round the bend (1935) est l'un des sommets, il est vrai nombreux, de l'œuvre de Ford. Réalisé la même année et juste après Le mouchard, vanté à juste titre pour son expressionnisme tranché, Steamboat round the bend est beaucoup plus proche de la thématique et de l'esthétisme de Ford. L'extrême attention au temps qui passe, incarné par un formidable William Rogers en fin de carrière, va de paire avec la volonté de réconcilier génération, sexe et nations (ici celle du fleuve et celle des marais) que, pour Ford, rien n'oppose vraiment. Il suffit d'une action, grande, folle et démesurée -ici une exceptionnelle course de steamers- pour que tout rentre de l'ordre.

Quatre hommes et une prière (1938) et What price glory (1953) sont des oeuvres de commandes plaisantes mais plus mineures, parsemées toutefois ici où là de touches qui raviront les fordiens convaincus avec une bagarre dans un bar en Inde ou une vacherie contre les Anglais pour le premier et le combat de deux hommes autour d'une femme pour le second.

J.-L. L. le 08/03/2007.