Madrid, été 2011. La ville, plongée en pleine crise économique, est confrontée à l’émergence du mouvement des « indignés » et à la visite imminente du Pape Benoît XVI. C’est dans ce contexte hyper-tendu que l'improbable binôme que forment Alfaro et Velarde se retrouve en charge de l'enquête sur un serial-killer d’un genre bien particulier. Les deux inspecteurs, sous pression, sont de surcroît contraints d’agir dans la plus grande discrétion.
Dans Zodiac (David Fincher, 2007) deux enquêteurs passaient des mois puis des années à traquer un serial killer jusqu'à l'obsession. Ici les vies de Velarde et Alfaro sont plus délabrées et pittoresques. La traque leur offre un bref moment une forme de rédemption. Velarde, introverti du fait de son bégaiement, se trouve confronté à des expériences nouvelles (amitié, terreur face à la menace d'être tué). Alfaro aux pulsions violentes manque de s'autodétruire en decouvant l'infidélité de sa femme et aborde de nouveaux l'enquête avec sérieux se réconciliant avec ses anciens ennemis au sein de la police. Le scénario oblique vers une fin tragique. Velarde oublie dans les bras de celle qu'il a fini par conquérir l'heure du rendez-vous avec Alfredo et celui-ci, toujours victime de pulsions instinctives, prend le risque d'être seul dans l'appartement du tueur qui l'assassine. L'arrestation du criminel par jour de pluie, trois ans plus tard, ne résout rien. Velarde est plus seul que jamais.
Un film finalement assez proche du Petit lieutenant (Xavier Beauvois)
Jean-Luc Lacuve, le 12/05/2021