Une salle de bains. Un tuyau qui coule. Un jeune homme arrive. Il ouvre le robinet. Il se mouille le visage. Il enlève son tee-shirt. Il se met de la mousse sur le visage. Il prend son rasoir et commence à se raser. Il se coupe de plus en plus. Son sang coule de plus en plus. Le sang coule sur son visage, sa poitrine, le sol.
Interrogé pour Positif, Scorsese déclarait : "Quand j'ai écrit le script, c'était très sérieux, mais pendant le tournage nous n'avons pas cessé de rire. Aux rushes, nous étions pliés en deux. C'est après que j'ai essayé de rationaliser ce que j'avais fait. Je me suis presque convaincu que c'était un film contre la guerre du Viêt Nam, que ce type qui se rase méticuleusement et qui finit par s'ouvrir la gorge était un symbole de l'Américain moyen de ce temps.
C'est pour ces implications politiques que j'ai utilisé en fond sonore la version originale de I can't get started, celle de Bunny Berigan en 1939. Je voulais même terminer sur des stock-shots du Vietnam, mais ils étaient inutiles.
En fait, The big shave était un fantasme une vision de la mort strictement personnelle. (Positif n°170, juin 1975 Entretien avec Martin Scorsese par Michel Ciment et Michael Henry).
Ailleurs, il ajoutait : "Consciemment, c'était un hurlement de colère contre la guerre. Mais en réalité il y avait quelque chose en moi qui n'avait rien à voir avec la guerre. C'était juste une très mauvaise période (David Thompson et Ian Christie, Scorsese on Scorsese, Faber and Faber, Londres, 1989.)
Le thème du sang, si présent dans l'uvre de Scorsese, règne ici en maître. C'est la mauvaise conscience de l'Américain moyen contre la guerre du Viêt Nam qui retourne les objets du quotidien contre lui.
Rupture avec le cinéma mais continuité en même temps. Difficile en effet de ne pas penser à la séquence de la douche dans Psychose (Hitchcock,1960).
Editeur : Wild
Side Video, juin 2007. 2h40. Anglais sous-titré en Français.
|
|
What's a Nice Girl Like You Doing in a Place Like This ? (0h09), It's Not Just You Murray ! (0h15) The Big Shave (0h06). ItalianAmerican (0h48) American Boy, un portrait de Steven Prince (0h54). Bonus : Présentations des films par Michael Henry Wilson (5 x 5) |