Branle-bas de combat chez les Blandin : le colonel Brochard et le lieutenant Daumel viennent déjeuner et demain, Jean Dubois d'Ombelles, neveu de Mme Blandin et Joseph, le valet de la maison, rejoindront la caserne. Il importe, en effet de recommander Jean, si délicat et poète de surcroît à l'attention de ses supérieurs afin que son service se passe dans les meilleures conditions. Malheureusement, le repas tourne au désastre : Joseph, tout ému à l'idée d'être séparé de Georgette, la cuisinière, a inondé de sauce l'uniforme du colonel !
Le lendemain, au quartier, le pauvre Jean est accueilli avec les "honneurs " dus à son rang de deuxième classe : les fines plaisanteries de la chambrée comme les corvées les plus désagréables pleuvent sur le malheureux poète rebaptisé "l'idiot". Joseph, lui, se débrouille au mieux et trouve même le moyen de faire engager Georgette à la cantine. Et quand la mignonne vient lui dire bonsoir dans la chambrée c'est le délire!
Emprisonné pour s'être battu avec Muflot, la terreur du régiment Jean surprend sa cousine et fiancée Solange en conversation galante, sous la fenêtre de sa cellule, avec le lieutenant Daumel. L'infortuné apprend alors par Joseph et Georgette, que Lili, son autre cousine, est amoureuse de lui.
Dès sa sortie de prison, Jean participe à la fête de la caserne. Un triomphe, surtout lorsque le public est copieusement arrosé par une lance d'incendie farceuse ! Mais qu'importe, les invités sont ravis et Jean a enfin trouvé la gentille Lili .
Ce vaudeville de Mouézy-Eon et Sylvane a été filmé une fois avant Renoir, en 1912, et trois fois après lui : en 1933 par Henry Wulschleger, en 1950 par Fernand Rivers et en 1960 par Claude de Givray. Il s'agit d'un des films les plus drôles de Renoir. Le film s'inspire sans doute du Charlot soldat ou de Charlot au music hall est construit par sketches très courts de huit ou dix plans ; l'arrivée à la caserne, la piqure, les essais de masque à gaz dans la forêt de Fontainebleau sont autant de croquis désopilants.
Tourné dans l'allégresse et l'improvisation absolue, les mouvements d'appareils sont hallucinants d'héroïsme. Triomphant du manque de moyens, la caméra pivote, panoramique, virevolte et se meut en force fouillant les plans généraux pour en extraire des gros plans.
Il est probable que Jean Vigo a bien regardé Tire au flanc avant de tourner Zéro de conduite ; le film de Renoir est à la caserne ce que le film de Vigo est au collège.
Source : d'après une notule de François Truffaut.