Un vieil homme, propriétaire d'une statuette de Ganesh, le dieu éléphant, ne comprend pas les offres démesurées qu'on lui fait pour cet objet sans valeur apparente. Peu de temps après, la statuette est dérobée. Le détective Feluda enquête ainsi dans la ville sainte de Bénarès, où avec son cousin Topshe et son ami Lalmohan Ganguly, il était parti en vacances.
Feluda entre en confrontation directe avec Maganlal Meghraj, un commerçant impitoyable qui fait du pacifique Lalmohan la cible d'un lanceur de couteaux. Mais il y a plusieurs autres suspects : un artisan qui sera brutalement assassiné, un "saint homme" louche qui tient sa cour sur les rives du Gange et un petit garçon épris d'aventure élevé par son grand-père dans le culte des polars et de la mythologie indienne. Une fusillade sur le Gange sera suivie de la révélation du mystère.
Le film appartient à la troisième source d'inspiration de Satyajit Ray, après les films relevant de la renaissance Bengalie inspirée de Rabindranath Tagore, les films d'émancipation sociale, pour les enfants et les femmes notamment, ceux faisant l'éloge de la culture populaire. Il adapte en effet ici pour la deuxième fois en effet ici, après La forteresse d'or (1974), l'un de ses propres romans de détectives.
En 1961, Satyajit Ray, artiste complet, musicien, écrivain, dessinateur, a en effet relancé Sandesh, la revue crée par son grand-père, ami de Rabindranath Tagore mais aussi féru de culture occidentale populaire car traducteur de Conan Doyle, Edgar Poe et Jules Verne, HG Welles. Sandesh avait été reprise par le père de Satyajit Ray qui décède très tôt, en 1927, entrainant la fin de la revue. Ainsi en 1961, pour alimenter sa revue, Ray écrit-il une multitude d'histoires populaires dont un scénario très proche de ce que deviendra E.T. (Steven Spielberg, 1982) qu'il propose sans succès aux studios américains. Il écrit aussi 15 romans avec le détective Feluda, toujours accompagné de son assistant, Tapesh, son jeune cousin et de son ami, le détective écrivain, Ganguly.
Avec ce film, Satyajit Ray rend hommage à son grand-père, proche de Rabindranath Tagore et de sa renaissance Bengalie, pour l'indépendance mais contre le rejet des valeurs occidentales. C’est notamment le cas avec la scène initiale du grand-père enseignant la double culture, savante et populaire, à son petit-fils où Ray retrouve l'enfant qu'il a été vis-à-vis de son grand-père.
Source : Charles Tesson sur le DVD ci-dessous.
Editeur
: Carlotta Films, mars 2022. Les six films : BLU-RAY 1: La grande ville (1963, 2h16) ;BLU-RAY 2 : Charulata (1964, 1h59) ; BLU-RAY 3 : Le lâche (1965, 1h09) et Le saint (1965, 1h06) ; BLU-RAY 4 : Le héros (1966, 1h57) ; BLU-RAY 5 : Le dieu éléphant (1979, 2h01). Version originale sous-titrée français Édition Blu-ray ou DVD. 50€ |
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Suppléments : À PROPOS DE… : 6 ENTRETIENS AVEC CHARLES TESSON Décryptage et contextualisation des 6 films, du style et de l’œuvre de Satyajit Ray par Charles Tesson, critique, historien du cinéma et auteur du livre Satyajit Ray."CHARULATA" ET "LE HÉROS" VUS PAR EVA MARKOVITS Eva Markovits, programmatrice et critique, analyse quelques scènes clés des films Charulata et Le Héros. L’INVITÉ DE FR3 : SATYAJIT RAY (20 mn) Réalisation : Yves Barbara - © 1981 INA Satyajit Ray est l’invité exceptionnel de cette émission aux côtés du critique de cinéma Michel Ciment et du réalisateur Claude Sautet. Il y parle de ses débuts, de mise en scène, de son film Charulata et du prix Nobel de littérature Rabindranath Tagore. |