Dans les années 1850, Jeremiah Johnson, ancien militaire, décide de quitter le monde civilisé pour devenir trappeur et vivre seul dans les hauteurs sauvages des montagnes Rocheuses. Mal préparé à cette rude vie, il passe un premier hiver difficile jusqu’au jour où il fait la rencontre de Chris Lapp, surnommé Griffe d'Ours, un vieux chasseur de grizzlis, qui l'initie à la montagne et aux coutumes des Indiens.
Un jour, Jeremiah découvre une cabane dont les occupants pionniers ont été massacrés par des Indiens. À la demande de sa mère devenue folle à la suite de ce traumatisme, Jeremiah recueille alors un jeune garçon que le massacre de sa famille a rendu muet, et le nommera Caleb. Peu après, les deux personnages font la rencontre de Del Gue, un chasseur cynique et malhonnête et chauve de circonstance (pour éviter d'attirer l'attention sur son scalp), détroussé et enterré jusqu'au cou par les Indiens Pieds-Noirs. Ce dernier récupère ses effets avec l’aide de Jeremiah et scalpe trois Indiens de la tribu en guise de vengeance. Le lendemain, ils rencontrent tous trois une tribu adverse, les Têtes-Plates. Deux Langues Lebeaux, le chef de la tribu, qui parle français, décide d’offrir sa fille, Swan, à Jeremiah en échange des scalps de Del Gue et des chevaux des Pieds-Noirs. Après la cérémonie de mariage, Del Gue quitte ses compagnons en leur souhaitant une bonne lune de miel.
Après avoir longtemps erré, Jeremiah trouve enfin un endroit idéal pour construire une habitation et fonder une famille heureuse avec Swan et Caleb. Un jour, des militaires demandent l’aide de Jeremiah afin de les guider vers un convoi de colons bloqué par la neige. En chemin, afin de gagner du temps, ils profanent un cimetière Crows (Corbeaux) en le traversant contre l'avis de Jeremiah. À son retour, Jeremiah découvre Swan et Caleb tués par les Crows.
Il sombre alors dans une vendetta personnelle contre eux, qui en retour le poursuivent sans relâche d'embuscades en embuscades. Il partira finalement vers le Canada, recroisant une dernière fois Del Gue, qui s'est laissé pousser les cheveux pour laisser une « trace sur cette terre ». Puis retournant sur le site de la ferme des parents de Caleb, il y apprend par les nouveaux colons, Qualen et sa famille, que la mère de Caleb est morte. Jeremiah y trouve également une sorte de monument en forme de tombe commémorative dressée en son honneur par les Indiens qui y laissent périodiquement des tributs votifs. Il est devenu un personnage de légende.
Plus tard, Jeremiah rencontre à nouveau son ami "Griffes d’Ours", toujours à la chasse au grizzli, et qui lui réaffirme sa préférence pour la vie rude des montagnes. Jeremiah rencontre "Chemise Rouge" un indien Crows qui semble avoir été derrière les attaques répétées contre lui. L'Indien lève son bras dans un geste de paix que Jeremiah lui retourne après un moment d'hésitation.
Après Propriété interdite (1966), c'est le deuxième des sept films que Sydney Pollack et Robert Redford ont tourné ensemble. Suivront Nos plus belles années (1973), Les trois Jours du Condor (1975), Le cavalier électrique (1975), Out of Africa (1985) et Havana (1990). Bien que non crédité au générique, Robert Redford, dont les convictions écologiques et pacifistes sont fortes, aurait contribué au scénario.
Jeremiah Johnson a quitté l'armée, dégouté de la violence de la société contemporaine. Le film s'inscrit ainsi dans la ligné des paraboles contre la guerre du Viêt-Nam, à la suite du Soldat bleu (Ralph Nelson, 1970) et Little big man (Arthur Penn, 1970). La dénonciation de l'attitude des armées américaines pendant la guerre passe aussi par le non respect des traditions des populations indigènes, ici la traversée du cimetière des Crows. Dans La dernière maison sur la gauche, film également sorti en 1972, Wes Craven dit avoir été marqué par les images sadiques de guerre diffusées par la télévision et qu'il trouvait absentes des écrans de cinéma. L'incendie de sa maison après le massacre de sa famille par Jeremiah Johnson évoque aussi peut-être les destructions au napalm.
Mais c'est aussi la violence intrinsèque à la nature qui est mise en scène, de façon moins cruelle toutefois que dans le contemporain Délivrance de John Boorman. Le lyrisme de la musique, des mouvements d'appareils en font bien davantage un précurseur du film écologique qui trouvera de nouvelles incarnations dans le western avec Danse avec les loups (Kevin Costner, 1990) ou le road-movie avec Into the wild (Sean Penn, 2007).
Jean-Luc Lacuve, le 3 août 2017