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Un barrage contre le Pacifique

2008

Genre : Drame social

D'après le roman de marguerite Duras. Avec : Isabelle Huppert (La mère), Gaspard Ulliel (Joseph, le fils), Astrid Bergès-Frisbey (Suzanne), Randal Douc (Monsieur Jo), Duong Vanthon (Le Caporal), Vincent Grass (Le père Bart), Stéphane Rideau (Agosti), Lucy Harrison (Carmen), Than Nan Doeun (Monsieur Khing), Chorn Solyda (Le père Sok). 1h55.

Indochine, 1931. Dans le Golfe du Siam, au bord de l'Océan Pacifique, une mère survit tant bien que mal avec ses deux enfants, Joseph (20 ans) et Suzanne (16 ans), qu'elle voit grandir et dont elle sait le départ inéluctable.

Abusée par l'administration coloniale, elle a investi toutes ses économies dans une terre régulièrement inondée, donc incultivable. Se battant contre les bureaucrates corrompus qui l'ont escroquée, et qui menacent à présent de l'expulser, elle met toute son énergie dans un projet fou : construire un barrage contre la mer avec l'aide des paysans du village. Ruinée et obsédée par son entreprise, elle laisse à Joseph et Suzanne une liberté quasi-totale.

C'est alors que M. Jo, fils d'un riche homme d'affaires chinois tombe sous le charme de Suzanne. La famille va tenter d'en tirer profit...

Un barrage contre le pacifique est la troisième fiction de Rithy Panh, plus connu pour ses documentaires sur la souffrance du peuple cambodgien, tels les terribles Site 2 (1989) et S21, la machine de mort khmere rouge (2003).

C'est cette souffrance, à la fois terrible et calme, qu'il met aussi ici en scène au travers du personnage de la mère, magnifiquement interprétée par une Isabelle Huppert, fatiguée, épuisée, attendant de voir partir ses enfants pour s'abandonner à la mort.

La scène du cheval épuisé, les rappels de la maladie et des pilules, les cauchemars et plus généralement le confinement de la plupart des scènes au sein des relations familiales évitent l'excès d'académisme auquel aurait pu donné lieu cette adaptation littéraire.

Discrets anachronismes appelant à la révolte indochinoise avec le discours anticolonial, et l'arme donnée à Caporal. Quelques angles un peu visibles (pied de monsieur Jo sur la plage avec Suzanne se baignant à l'arrière plan, visage de Isabelle Huppert avec à l'arrière plan d'abord flou puis devenant plus net le départ de Joseph).

Magnifique dernier plan ou Rithy Panh fait l'éloge de l'obstination de la femme blanche dont le barrage tint finalement plus que sa vie et auquel sont redevables jusqu'à aujourd'hui les habitants de la rizière.

Jean-Luc Lacuve le 11/01/2009