Zatôichi, le masseur aveugle

Le masseur aveugle Zatoichi est engagé par le yakuza Sukegoro car il pense que la guerre avec son rival Shigezo est inévitable. Zatoichi a une réputation d'épéiste et Sukegoro pense qu'acheter ses services est de l'argent bien dépensé. Shigezo répond en embauchant un ronin de réputation similaire, Miki Hirate.

Ichi se présente comme un homme doux et humble et est généralement sous-estimé et considéré avec méfiance du fait qu'il soit masseur, état peu apprécié dans le Japon féodal. L'hostilité à son égard se manifeste quand il joue aux dés dans une maison où le croupier tente de l'escroquer avec des dés truqués. Ichi démontre à quel point il maîtrise ses autres sens en remarquant que les dés ont un son différent et en interpelant les joueurs pour l'avoir trompé. La seule personne qui le respecte est Hirate, qui, en tant que ronin, comprend ce que signifie être un paria.

Bien que Hirate et Ichi sachent qu'ils devront se battre lorsque la guerre commencera, ils développent un sentiment d'amitié. Hirate est impatient de combattre Zatoichi, car il est en phase terminale de tuberculose et souhaite mourir en combattant.

Profitant que Hirate soit de plus en plus malade, Sukegoro en profite pour ordonner une attaque totale contre Shigezo tout en licenciant Ichi. Hirate apprend que Shigezo a de toute façon l'intention de tuer Ichi en lui tirant dessus avec un tanegashima. Le guerrier mourant se tire de son lit et s'engage à tuer Ichi de manière honorable. Ichi apprend d'un garçon du temple où séjournait Hirate ses intentions et en apprend également la raison. Après le combat final tendu, dans lequel Zatoichi l'emporte et abat Hirate, il rejette les avances de la maîtresse yakuza Otane, déjà désillusionnée par son style de vie, pour continuer comme une vagabonde solitaire.

La figure mythique de Zatōichi, son triomphe du film au box-office ainsi que son imposante descendance (pas moins de 26 suites) ont durablement marqué l'industrie du cinéma nippon. Tout en imposant son acteur, le génial Shintarō Katsu, indissociable du rôle-titre au point de jouer dans tous les Zatōichi jusqu'en 1989, cet épisode inaugural ne ressemble guère aux films qui suivront. Loin d'être un chanbara baroque, dans un magnifique Cinémascope noir et blanc, Misumi livre un drame intimiste, ponctué de rares scènes de sabre, et où seule la dernière demi-heure, ébouriffante et exaltée, semble annoncer la fureur à venir.