Les cavaliers

Avril 1863.Une brigade de cavalerie de l'Union dirigée par le colonel John Marlowe, ingénieur en construction ferroviaire dans la vie civile, est envoyée dans un raid derrière les lignes confédérées pour détruire une voie ferrée et un dépôt de ravitaillement à la gare de Newton. Le major Henry Kendall, un chirurgien militaire déchiré entre le devoir et l'horreur de la guerre, est constamment en désaccord avec Marlowe.

Pendant que l'unité se repose à Greenbriar Plantation, Miss Hannah Hunter, la maîtresse de la plantation, agit comme une aimable hôtesse auprès des officiers de l'unité. Mais elle et son esclave, Lukey, écoutent une réunion du personnel alors que Marlowe discute de sa stratégie de combat. Pour protéger le secret de la mission, Marlowe est obligé d'emmener les deux femmes avec lui. Initialement hostile à son ravisseur Yankee, Miss Hunter en vient progressivement à le respecter et finit par tomber amoureuse de lui. En plus de Kendall et de Miss Hunter, Marlowe doit également affronter le colonel Phil Secord, un officier politiquement ambitieux qui remet continuellement en question les ordres et les décisions de commandement de Marlowe.

Plusieurs batailles s'ensuivent, y compris la capture de la gare de Newton, plus tard un échange de tirs au cours duquel Lukey est tué et une escarmouche avec des cadets d'une école militaire locale (basée sur la véritable bataille de New Market). Après avoir détruit la ligne de ravitaillement cruciale et avec les forces confédérées à sa poursuite, la brigade atteint un pont qui doit être pris d'assaut pour accéder aux lignes de l'Union. Après avoir pris le pont, les hommes de Marlowe l'équipent de charges explosives et Marlowe fait ses adieux à Hannah. Kendall choisit de rester avec quelques hommes grièvement blessés, sachant qu'il sera capturé avec eux, plutôt que de les laisser sans surveillance jusqu'à l'arrivée du personnel médical confédéré.

Marlowe, bien que blessé, dit au revoir à Miss Hunter, allume la mèche et est le dernier de ses hommes à traverser le pont avant qu'il ne soit détruit, arrêtant l'avancée confédérée. Leur mission accomplie, lui et sa brigade poursuivent leur route vers Baton Rouge. Les cavaliers de l'Union de Marlowe interprètent la chanson When Johnny Comes Marching Home, la dernière ligne étant modifiée en "Et nous soulèverons tous l'enfer quand Johnny rentrera chez lui".

Si Ford aborde souvent l'antagonisme Nord-Sud c'est souvent pour panser les plaies mal refermées de la guerre de Sécession notamment avec Je n'ai pas tué Lincoln, Le juge Priest ou Le soleil brille pour tout le monde. C'est ainsi sur le tard qu'il aborde frontalement cette déchirure dans l'histoire américaine, transformant un acte héroïque en une violente charge contre l'esprit de destruction.

La guerre de Sécession

Le film est basé sur le roman du même nom de Harold Sinclair de 1956, qui à son tour était basé sur le raid historique de 17 jours de Grierson et la bataille de Newton's Station dans le Mississippi pendant la guerre civile.

En avril 1863, le colonel Benjamin Grierson mena 1 700 soldats de l'Illinois et de l'Iowa de LaGrange, Tennessee à Baton Rouge, Louisiane, à travers plusieurs centaines de kilomètres de territoire ennemi, détruisant les chemins de fer confédérés et les lignes de ravitaillement entre Newton's Station et Vicksburg, Mississippi. La mission faisait partie de la campagne réussie de l'armée de l'Union à Vicksburg pour prendre le contrôle du trafic maritime sur le fleuve Mississippi, culminant avec la bataille de Vicksburg. La destruction par Grierson des liaisons ferroviaires et des approvisionnements contrôlés par les Confédérés a joué un rôle important en perturbant les stratégies et les déploiements de troupes du général confédéré John C. Pemberton. Le général de l'Union William Tecumseh Sherman aurait décrit la mission audacieuse de Grierson comme « la plus brillante de la guerre ».

Bien que vaguement basé sur le Raid de Grierson, The Horse Soldiers est un récit fictif qui s'écarte considérablement des événements réels. Le protagoniste réel, un professeur de musique nommé Benjamin Grierson, devient l'ingénieur ferroviaire John Marlowe dans le film. Hannah Hunter, amoureuse de Marlowe, n'a pas d'équivalent historique. De nombreux autres détails ont également été modifiés "pour rationaliser et populariser l'histoire pour les non-amateurs d'histoire qui constitueraient une grande partie du public". Mais le docteur Erastus Dean Yule, l'homologue chirurgien du major Hank Kendall, s'est effectivement porté volontaire pour rester sur place et se faire capturer par les confédérés avec des victimes trop blessées pour continuer. Le raid a en fait eu lieu environ un an avant la construction du célèbre camp de prisonniers de guerre d'Andersonville, et il a finalement été échangé après plusieurs mois en tant que prisonnier de guerre.

Un road movie tragique

Le film développe divers antagonismes, celui du Sud et du Nord d'abord, celui du monde militaire et du monde médical ensuite. Les uns tuent, les autres sauvent mais, pire peut-être, en sauvant des vies humaines, Kendall fabrique de la chair à canon pour son supérieur. Troisième opposition, celle entre un officier bourru et une jeune sudiste.

Le récit est organisé en de multiples épisodes durant les haltes de la marche forcée. Il préfigure ainsi le road movie. Le personnage féminin offre un rôle de composition remarquable. Femme du sud, Constance offre un contrepoint au camp du général Lincoln que Ford privilégie. On ne sait pourtant pas trop pourquoi, patriote, Hannah Hunter tombe amoureuse du colonel John Marlowe ; est-ce parce qu'il a souffert en perdant sa première femme ?

Sous l'apparente désinvolture du propos, la noirceur du contenu est exceptionnelle. Quelle plus vigoureuse charge contre la guerre que cette mission de pure destruction entreprise par un homme dont le métier civil est de construire ? La charge de New-station est une boucherie menée par un manchot avec pour seuls combattants des enfants qui s'opposent aux nordistes. Les seuls personnages qui se réjouissent de la guerre sont les soldats-politiciens.