Des milliers de jeunes hommes tirent les cordes d’un char sur lequel une croix est fixée. C’est la procession de La vierge du Village où chacun dans la foule jette un vêtement ou un tissu pour que les officiants sur le char le frotte à la croix et le leur rende. Bona assiste de loin à cette procession puis se retrouve devant un plateau de tournage admirant Bardo, un acteur de second ordre. Elle le regarde ensuite jouer au basket avec l'équipe du film. Une fois que les grands acteurs sont partis, elle l'attend au sortir des vestiaires avec un sandwich et un soda qu'elle lui tend au déplaisir d'une autre fan qui accompagne Bardo. Quand elle rentre chez elle, l'heure du diner est passée. Sa mère l'accueille avec indulgence. Mais son père, Domeng, qui rentre du travail la met en demeure de cesser de sortir tard et d'aider sa mère à al couture. Le lendemain, Bona est pourtant de nouveau sur le plateau de tournage avec un sandwich et du soda et se fait ouvrir les grilles du plateau par Bardo auquel elle avoue avoir séché les cours pour lui. Bardo voudrait l'impressionner en jouant dans une scène mais le réalisateur le repousse. En fin de journée, un orage éclate et Bona protège comme elle peut de la pluie un Bardo éternuant. Alors qu’ils rentrent chez lui par un chemin boueux, Bardo est pris à parti par trois hommes dont l'un lui reproche d'avoir couché avec sa sœur. Ils le rouent de coups et jette Bona à terre. Celle-ci ramène néanmoins Bardo dansa pauvre maison et avec l'aide des Clearing, les voisin, elle allonge Bardo sur son lit, évanoui ou délirant, appelant sa mère. Le matin, Bona va chercher l’eau à l'unique robinet du quartier. Nilo, un jeune homme attentionné lui vient en aide sous le regard moqueur de ses amis désœuvrés. Bardo lui demande de préparer son bain avec de l'eau chaude comme le faisait sa mère, attentive à sa santé fragile, autrefois. Quand elle le lave, elle lui rappelle les gestes de sa mère.
Quand Bona rentre chez elle, c'est à coups de ceinture qu'elle est accueillie par son père, persuadé que sa fille a couché avec Bardo dans la nuit. Bona s'enfuit chez Bardo. Quand celui-ci rentre dans la nuit, il est saoul, vomi et accepte de l'héberger. Bona l'accompagne sur un plateau de tournage où elle lui apporte à manger. Le soir elle l'observe dans le restaurant draguer puis emmener une fille dans le motel à proximité. Le lendemain sur le tournage, elle fait tomber la fille dans l'eau.
Apres quelques jours son père vient la chercher mais elle préfère fuir. Dans sa course pour la rattraper Domeng est victime d'une crise cardiaque et s'écroule. Emmené à l'hôpital, il se remet lentement. Bona refuse la demande en mariage de Nilo et attend le retour, souvent tardif, de Bardo.Un soir, il rentre avec Nancy, danse avec elle et lui fait l'amour sous le regard désemparée de Bona. Le matin, après avoir été cherché à manger pour Bardo, Bona chasse Nancy à coups de balai. Bardo lui fait comprendre qu’il est maître chez lui.
Un soir, alors que Bona le masse, Bardo lui fait l'amour mais, dès le lendemain matin pour le bain, elle reprend sa fonction maternelle. Se suivent ainsi les jours de corvées d'eau et d'attente. Lorsqu’il n'est pas rentré de trois nuits, Bona part à sa recherche mais ne trouve pas trace de lui sur les plateaux. Nilo lui apprend qu'il va se marier avec sa meilleure amie, ce qui réjouit Bona. Bardo finit par rentrer mais accompagné d'Annie, une lycéenne enceinte de lui qui veut avorter. C’est Bona qui l'accompagne pour avorter et règle la somme due.
Bardo ne se sent plus apte à faire du cinéma, comprenant qu'il ne sera jamais une vedette. Bona connait des moments heureux lors du mariage de Nilo. Le soir, elle attend Bardo qui rentre avec Katrina, une femme décidée et riche, heureuse de fêter l'anniversaire de Bardo. Mais Nilo vient chercher Bona : Domeng est mort et elle doit éviter de voir son frère qui la rend responsable de cette mort. Bona s'introduit furtivement chez elle et console sa mère. Mais le frère survient qui la chasse violemment sans espoir de retour.
En rentrant, Bardo lui apprend qu'il va suivre Katrina en Europe et n'a que faire de ce qu'elle devient. Bona saisit la marmite qui chauffe pour l'eau du bain et l'ébouillante.
Jeune fille issue de la classe moyenne philippine, Bona a cessé de fréquenter le lycée. Elle préfère suivre Gardo, acteur second couteau sur des films à petit budget. Son attitude finit par exaspérer son père, qui la met dehors. Bona part s’installer chez Gardo. Alors qu’elle pense pouvoir enfin vivre une histoire d’amour avec lui, la jeune fille devient sa bonne à tout faire, obligée de supporter le défilé incessant de ses nombreuses conquêtes...
Pièce maîtresse de l’œuvre de Lino Brocka sélectionnée en 1981 à la Quinzaine des réalisateurs, Bona est indissociable de son actrice et productrice, Nora Aunor. Première comédienne non métissée à accéder au rang de superstar, la jeune femme, alors âgée de 28 ans, était vénérée par les classes populaires dont elle est issue. La dévotion de ses fans était sans limites. Ainsi, son rôle dans Bona, qu’elle a elle-même produit pour enfin apparaître dans un film « sérieux », est un curieux renversement de situation, dans lequel Lino Brocka désacralise son statut de star en lui offrant le rôle d’une fille qui sacrifie tout ce qu’elle a (sa famille, sa classe sociale) pour se rapprocher de son idole. Aux Philippines, un alalay désigne un fan de cinéma passé de l'adoration lointaine au service d'une vedette, généralement au prix d'une dévotion tenace. Ayant commencé comme un admirateur parmi d'autres sur les plateaux de tournage, l'alalay réussit à devenir l'un des fidèles aides à domicile de son idole, avant d'atteindre le but suprême : intégrer la masse salariale de la vedette en tant qu'assistant.
Comme dans Insiang ou Manille, le cinéaste excelle à ancrer ses mélodrames dans un contexte social bien réel (la vie quotidienne dans un bidonville filmée en quasi huis clos), tout en évitant l’écueil du misérabilisme. Face à un Phillip Salvador impressionnant en monstre d’égoïsme, Nora Aunor crève l’écran en petite sœur d’Adèle H., aveuglée par un amour sans retour.