Marie-Madeleine, contemplant le Christ ressuscité dans une révérence presque amoureuse, a les atours d’une belle patricienne vénitienne de la Renaissance. Elle a les cheveux dénoués et garde à la main son pot de parfum, réminiscences de ce avec quoi elle avait lavé puis séché les pieds du Christ.
C’est également à l’univers italien contemporain qu’appartient le jardin à l’arrière-plan, avec ses parterres géométriques, sa fontaine, son allée couverte d’une tonnelle et sa haie de clôture. Le liseron et la vigne vierge qui entourent l'arbre au pied du Christ symbolisent respectivement la fragilité de la vie et la résurection. Marie-Madeleine, avait d'abord pris le Christ ressuscité pour un jardinier avec sa binetteà sarcler. Le Christ jardinier s’exprime avec une calme autorité, enjoignant à la sainte femme de ne pas le toucher.
Le blason reconnaissable dans l’angle inférieur gauche de la toile appartient à la grande famille augsbourgeoise des Fugger. Le comte Anton Fugger (1493-1560), qui succéda à son oncle Jakob à la tête de la banque d’Augsbourg en 1525 et jouissait d’une des fortunes les plus considérables de son temps, en est probablement le commanditaire. La bague que porte Marie-Madeleine, qui n'est jamais l'un de ses attributs, laisse à penser quil pourrait s'agit d'une commande pour un mariage ; un tableau placé en hauteur dans la chambre nuptiale.
Ce tableau, qui passa un temps entre les mains d’Everhard Jabach avant d’intégrer les collections royales, est l’un des chefs-d’oeuvre de Lambert Sustris.
Source : Musée des Beaux-arts de Caen