Le tableau est sans doute le plus célèbre et le plus controversé de Rembrandt. Son titre, La ronde de nuit, ne lui a été donné qu'au début du 19e siècle.
Le titre original, attesté dans la famille du capitaine Banning Cocq sur une esquisse de la peinture, était bien moins sobre : "Scène peinte de la grande salle des arquebusiers de l'hôtel Doelen, dans laquelle le jeune Heer van Purmerlandt [Banning Cocq], transmet ses commandements à son lieutenant, Heer van Vlaerderdingen [Willem van Ruytenburch]"
Le tableau commandé pour être accroché dans la salle de banquet de la nouvelle construction qui allait servir de salle de réunion et de banquet aux gardes civils alors au sommet de leur réputation pourrait ainsi s'intituler : La compagnie de Banning Cocq et Willem van Ruytenburch.
De plus, le vernis apposé sur la peinture a beaucoup noirci et le tableau représente une scène à la tombée du jour et non pas de nuit. Au premier plan, le commandant Banning Cocq est vêtu de noir tandis que son lieutenant est habillé de jaune. Tout en conversant, le commandant donne à son lieutenant lordre de faire marcher la compagnie au pas.
Une troupe au pas dont chaque soldat a payé son portrait.
Sur un bouclier au-dessus de la porte se trouvent les noms de 18 gardes représentés. Une compagnie comptait davantage de membres et le tableau représente plus d'une trentaine de personnages, ajoutés par Rembrandt afin de rendre la peinture plus vivante. Néanmoins seuls les gardes civils qui payaient pouvaient reconnaitre leurs traits sur les portraits de groupe. Le tableau a été peint pour 1 600 florins, seize gardes civils ayant réglé le montant assez considérable de 100 florins pour être représenté. Le tambour était engagé et figure donc gratuitement sur le tableau. Deux personnages situés sur le côté gauche ont disparu lorsque le tableau à été déplacé pour rejoindre l'hôtel de ville d'Amsterdam en 1715... et découpé pour "s'adapter" à son nouvel environnement entre deux colonnes. Il nest plus possible de mettre un nom que sur quelques-uns des visages.
Les gardes représentés dans La ronde de nuit sappellent les Kloveniers, daprès le terme klover, qui fait référence à une arme à feu du 16ème siècle, sorte d'arquebuse. Rembrandt a inséré les symboles des Kloveniers de manière spectaculaire et subtile. Spectaculaire est la lumière tombant sur la jeune fille qui est comme la mascotte de la troupe : les serres de la poule sur sa ceinture font référence aux Kloveniers. Le pistolet (à peine visible derrière la poule) symbolise le klover. Dans sa main, la fillette tient la corne de cérémonie des Kloveniers. Le garde situé devant elle dispose dun casque avec une feuille de chêne, un motif traditionnel des Kloveniers. Sur le revers de la veste du lieutenant, les trois croix des armes dAmsterdam sont visibles, détail subtil qui permet de déterminer quil sagit des Kloveniers dAmsterdam.
Il y a inévitablement un sens de la cérémonie dans la représentation d'individus réunis dans un groupe. Néanmoins, alors que Frans Hals, par exemple, rassemble ses différents participants autour d'une scène de banquet, Rembrandt compose son groupe comme si chacun des participants était absorbé, chacun individuellement, dans sa propre action. Le groupe est en effet plus ou moins composé de "types", des portraits et des gestes que Rembrandt détenait dans ses stocks d'études. C'est la composition et le clair obscur qui donnent l'impression de mouvement qui a fortement marqué les contemporains de l'oeuvre.
La ronde de nuit a déménagé plusieurs fois. Jusquen 1715, elle était accrochée dans la grande salle des arquebusiers d'Amsterdam, maintenant connu comme l'Hôtel Doelen. En 1715, il a été déplacé à la mairie d'Amsterdam, pour laquelle il a été modifié. En 1887, le Rijksmuseum fait lacquisition de La ronde de nuit.
Jean-Luc Godard dans Passion (1981) puis Dario Argento dans Le syndrome de Stendhal (1996) et Peter Greeneway dans La ronde de nuit (2008) ont interprété à leur manière ce tableau.
Le Rijksmuseum d’Amsterdam publie sur son site une photographie de La Ronde de nuit (1642) de Rembrandt (1606-1669) composée de 44,8 gigapixels. Avec 528 clichés assemblés, soit 24 rangées de 22 photos réunies numériquement, l’image finale est la plus grande et la plus détaillée reproduction de l’œuvre. Les internautes peuvent dès à présent contempler l’œuvre comme jamais auparavant en zoomant sur les touches de pinceaux ou sur les pigments utilisés par Rembrandt, invisibles à l’œil nu.