Tableau I est inspiré des groupes de jazz qui ont joué dans les nombreux nouveaux bars américains à Paris. En jazz, la musique est basée sur une organisation stricte dans laquelle les musiciens créent un espace de rupture et d’improvisation. L'intuition est essentielle.
En discutant avec les artistes Theo van Doesburg (1883-1931) et le Belge Georges Vantongerloo (1886-1965), Mondrian conclut qu'un équilibre peut également être créé dans une peinture irrégulière. Il écrit à ce sujet à l'heure actuelle qu'il y a une augmentation considérable du nombre de salles de danse à Paris, juste après la Première Guerre mondiale. Les danses américaines les plus modernes comme le foxtrot, le shimmy et le One Step sont introduites dans les bars américains par des soldats revenus du front. Vous pouvez danser jusqu'à sept heures du matin. Pour socialiser mais aussi contre le froid, car le charbon est toujours rationné dans la métropole.
Dans Tableau I, Mondrian abandonne définitivement le rythme serré de la grille régulière qu'il utilisait dans ses précédentes compositions en damier. Il rompt avec toute la régularité. Celui-ci est remplacé par un axe plus ou moins central autour duquel se développe la composition. La symétrie est absente et en ajoutant des champs et des bandes de rouge, de jaune, de bleu et de noir, un blanc bleu-gris et un bleu blanchâtre, une composition est créée qui respire la tranquillité mais est également vivante.
Le tableau s'ouvre de tous les côtés de l'extérieur car les lignes noires du bord disparaissent vers l'extérieur. Cela contraste avec les travaux antérieurs où les lignes s'arrêtaient avant d'atteindre le bord, telles que Composition avec une large zone rouge, jaune, noire, grise et bleue (1921).