La pluie soudaine, sujet favori des poètes haïku d'Edo et des artistes ukiyo-e, est souvent représentée par un motif entrecroisé de fines lignes de pluie, une technique de gravure sur bois difficile. Ici, ce motif se superpose sur une image d'Ōhashi (le Grand Pont), qui traverse la rivière Sumida. L'estampe fait partie de la série été des Cent vues d'Edo. C'est l'une des estampes les plus célèbres de la série ainsi qu’en témoigne la copie qu’en a faite Vincent van Gogh en 1887.
Averse soudaine sur le grand pont d'Atake Utagawa Hiroshige, 1857 Gravure sur bois polychrome, 34 x 24.1 cm New York, Metropolitan |
Pont sous la pluie (d'après Hiroshige) Vincent Van Gogh, 1887 Huile sur toile, 73,3 cm x 53,8 cm Amsterdam, Musée Van Gogh |
Construit en 1693, le pont Shin-Ōhashi (« nouveau grand pont »), a souvent été endommagé par les incendies et les inondations, et reconstruit d'ailleurs vingt fois pendant les cinquante premières années de son existence. La partie inférieure est occupée par la présence du pont Shin-Ōhashi, dont est représentée la courbe de sa section centrale, où passent plusieurs piétons surpris par l'averse, s'abritant comme ils peuvent. La large surface de la Sumida-gawa est coupée par un radeau en bois tandis que le bord inférieur, correspondant à la zone portuaire d’Atake, n’est pas même esquiisé dans la pénombre.
La ligne d'horizon en face du pont forme avec lui une composition triangulaire avec deux diagonales qui se rencontrent. Les dégradés de nuages noirs diffèrent librement d'une impression à l'autre à la guise de l'éditeur et certaines versions présentent deux autres radeaux de flottage en gris, le long de la berge opposée.