(1902-1968)
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Dada |
Marcel Duchamp s'inscrit moins dans l'histoire de l'art comme peintre, sculpteur ou cinéaste que comme l'inventeur d'une stratégie artistique. Après le Nu descendant l'escalier (1912) qui connaît un grand succès aux Etats-Unis, il rompt avec la peinture moderniste. Percevant alors intuitivement que la peinture perdait sa signification historique. Si l'on est pas, comme Picasso, un peintre né, on peut éventuellement le devenir en travaillant dur, mais à quoi bon se consacrer à un travail devenu, selon lui, caduc puisque le développement de la société industrielle conduit à l'élimination des fonctions artisanales donc des peintres.
Historiquement, la première réponse artistique à l'avènement de la photographie et au déclin de la peinture comme métier fut le passage à la peinture abstraite, qui affirmait du même coup la renaissance de la peinture comme idée. Duchamp quant à lui, ne se contente pas d'abandonner la figuration, mais bien plus radicalement le métier de peintre lui-même, sans pour autant renoncer à son ambition : devenir "le plus grand" artiste. Il passe donc à l'offensive : il invente le Ready made et devient curateur d'expositions surréalistes qui, au-delà de la sphère artistique, auront de multiples retombées d'ordre social et philosophique.
Nu descendant l'escalier | 1912 | Philadelphie, Musée des Beaux-Arts |
Roue de bicyclette | 1913 | Milan, Collection particulière |
Porte-bouteilles | 1914 | Paris, MNAM |
Porte-chapeaux | 1917 | Paris, MNAM |
Fontaine | 1917 | Philadelphie, Musée des Beaux-Arts |
Tu m' | 1918 | New Haven, Connecticut |
L.H.O.O.Q. | 1919 | Paris, Collection particulière |
La jeune mariée mise à nue... | 1923 | Philadelphie, Musée des Beaux-Arts |
Etant donnés la chute d'eau... | 1966 | Philadelphie, Musée des Beaux-Arts |
Marcel Duchamp naît à Blainville-Crevon (Seine Maritime), le 28 juillet 1887. Il est le fils de Justin Isidore Duchamp, notaire de la ville et de Marie Caroline Lucie, musicienne accomplie. Il est le troisième enfant d'une famille qui en compte sept, dont le frère aîné, le peintre Jacques Villon (Gaston Duchamp, 1875-1963) et le sculpteur Raymond Duchamp-Villon (1876-1918). Sa sœur Suzanne Duchamp (1889-1963) est également peintre.
Il entreprend son apprentissage de la peinture auprès de son grand-père artiste, puis de ses frères, de sa sœur et de leurs amis. Durant l'été 1902, il entame ses premières toiles en s'inspirant des paysages de Blainville et ne jure que par Monet. Le soir, il apprend à jouer aux échecs en observant ses deux frères, particulièrement doués. Il poursuit brillamment ses études à l'école Bossuet de Rouen, décrochant à quinze ans la première partie de son baccalauréat avec un 1er prix de dessin. Durant l'été, il part en voyage à Jersey. L'année suivante, il décroche la deuxième partie du bac (Lettres-Philosophie) et la médaille d’excellence des « Amis des Arts ». En octobre 1904, avec l'accord de son père, il part s'installer à Montmartre chez son frère, devenu le peintre Jacques Villon. Il s’inscrit à l'académie Julian, et tiendra seulement une année, abandonnant à cause des cours théoriques. Il ne cesse de dessiner, de jouer au billard et assiste aux numéros de cabaret humoristiques.Après avoir échoué au concours d'entrée des Beaux-Arts de Paris, Marcel est appelé à faire son service militaire le 30 octobre 1905.
Il commence à exposer des tableaux au Salon d'automne (Grand Palais, octobre-novembre 1908), à savoir Portrait, Cerisier en fleurs, et Vieux cimetière, très marqués par les impressionnistes. Au printemps 1909, il expose au Salon des indépendants (Orangerie des Tuileries) deux paysages dont l'un sera acheté 100 francs : pour Marcel, c'est une première. De nouveau à Veules-les-Roses, il se met à peindre les environs et expose ses paysages au Salon d'automne pour la seconde fois. Une toile est achetée par Isadora Duncan. À la fin de l'année, il expose à la Société normande de peinture moderne organisée à Rouen par son camarade d'enfance, Pierre Dumont, qui lui présente Francis Picabia, qui expose également. Ses deux frères, Jacques et Raymond, l'invitent souvent à les rejoindre à Puteaux au 7, rue Lemaître où ils vivent dans une sorte de communauté d'artistes où se croisent des cubistes comme Albert Gleizes, Fernand Léger, Jean Metzinger, Roger de La Fresnaye, mais aussi des poètes comme Guillaume Apollinaire
Entre 1910 et 1912, la manière de s'exprimer de Duchamp évolue considérablement, et passe par différentes phases. Il est d'abord très marqué par Cézanne, comme en témoigne sa toile La Partie d'échecs, mais aussi par le fauvisme avec, par exemple, Le Portrait du docteur Dumouchel, tout en refusant de coller au modèle. Une certaine Jeanne Marguerite Chastagnier pose pour lui et Duchamp exécute des études de nus, puis noue une relation amoureuse avec elle. Au cours de cette période, il devient également sociétaire du Salon d'Automne et ne passe plus par le jury de sélection (mais ironiquement il n'y exposera plus). En 1911, il réalise la fusion entre le symbolisme et le cubisme, entreprenant des recherches picturales sur le mouvement, très marqué par les travaux de Kupka, son voisin de Puteaux et, dans la foulée, il exécute pour ses frères Moulin à café, sa première représentation de machine et de rouages. C'est au début de 1911 qu'il peint une toile intitulée Le Printemps (ou Jeune homme et jeune fille dans le printemps). Il élabore des dessins énigmatiques (série des Roi et reine traversés par des nus en vitesse, Joueurs d’échecs) et de minutieux tableaux travaillés à l’ancienne (les deux Nu descendant un escalier, Les Joueurs d'échecs, Le Roi et la Reine entourés de nus vites, Le Passage de la Vierge à la Mariée, Mariée). Il compose alors une iconographie hermétique, déconcertante de complexité,
Fin 1911 il entame le Nu descendant un escalier et propose la seconde version au Salon des indépendants, le 20 mars 1912. Cette toile est refusée par ses amis du jury : Duchamp en est profondément blessé. Fin juin 1912, il entreprend un voyage à Munich, où il retrouve son ami le peintre allemand Max Bergmann (1884-1955). Ce voyage met Duchamp au contact de l'avant-garde munichoise, il visite les musées et les expositions temporaires, il est pris en photo par Heinrich Hoffmann et achète Du spirituel dans l'art, l'essai de Vassily Kandinsky. Il passe ensuite par Bâle, Dresde et Berlin.
Il est présent au côté du groupe de la Section d'or en octobre 1912 à Paris, pour une exposition à la galerie La Boétie, Walter Pach met en relation Duchamp et les autres membres du Groupe de Puteaux avec Walt Kuhn et Arthur Bowen Davies, respectivement directeur et président de l'Association des peintres et sculpteur américains, qui préparent une énorme exposition devant faire le lien entre les modernistes de la fin du XIXe siècle, la peinture américaine et l'avant-garde européenne. De février à mai 1913, aux États-Unis, les nouvelles recherches européennes sont présentées lors de l'International Exhibition of Modern Art : l’Armory Show à New York, puis à l'Art Institute of Chicago et enfin à Boston à la Copley Society. Durant les deux premières expositions, le Nu descendant un escalier no 2 provoque hilarité et scandale dans certains journaux. Cette œuvre est influencée, tout comme le futurisme, par la chronophotographie. Duchamp y présente aussi Roi et reine entourés de nus, Joueur d'échecs. Les trois oeuvres sont achetées L'Armory Show ferme ses portes le 15 mars : deux jours après, Alfred Stieglitz invite Marcel Duchamp et Francis Picabia à exposer dans sa galerie appelée,"291".
En 1913, Marcel Duchamp commence à travailler à la bibliothèque Sainte-Geneviève dans le Quartier latin et assure ainsi son indépendance financière. Il s’écarte de la peinture, vers 1913-1915, avec les premiers ready-mades, objets « tout faits » qu’il choisit pour leur neutralité esthétique, notamment ses œuvres Roue de bicyclette (1913) et Porte-bouteilles (1914). Duchamp prend des articles ordinaires, prosaïques, et les place quelque part où leur signification d’usage disparaît sous le nouveau titre et le nouveau point de vue. Le terme est employé par Duchamp pour la première fois en 1915 pour qualifier ses deux premières oeuvres. Puis il a admis des variantes, par exemple le "ready-made aidé", quand on donne à l'objet une position inusitée : Porte-chapeau de 1917 ou le "ready-made réciproque", quand Duchamp attribue à l'objet une autre fonction que celle à laquelle il était destiné, par exemple Fontaine, urinoir renversé à 90° et posé sur un socle, comme une sculpture, ou encore "le ready made rectifié" quand il ajoute quelque chose à l'objet : une moustache et une barbiche à la reproduction de la Joconde par exemple : LHOOQ. André Breton donnera sa définition des ready-mades dans Le phare de la mariée en 1934 : "Objets manufacturés promus à la dignité d'objets d'art par le choix de l'artiste". En arrachant un objet manufacturé à son contexte et en le plaçant dans un lieu inhabituel, Duchamp élève ces objets au rang d’œuvres d'art par son simple choix en tant qu'artiste.
Réformé en 1914 pour insuffisance cardiaque à la suite de son service militaire en 1906, il part à New York au printemps 1915 et entretient des liens avec Man Ray, Arthur Cravan, Alfred Stieglitz et Francis Picabia avec qui il fonde la revue 391. Hébergé par Walter Arensberg, qui lui fournit également un atelier, Duchamp donne des cours de français pour subvenir à ses besoins, tout en travaillant sur Le Grand Verre et en créant de nouveaux ready-mades. Il est nommé président du comité d'accrochage du salon des artistes indépendants de New-York en 1917.
A cette occasion, il ne veut rien exposer sous son nom, alors que tout le monde attendait un tableau dans le style du Nu. Il préfère opter pour un subterfuge, en inventant un artiste fictif : Richard Mutt (le mot américain Mutt signifie en langage familier "imbécile" ou encore "bâtard"), qui propose Fontaine, 1917, le fameux urinoir. Le comité d'accrochage refuse cet objet qui risque de discréditer le salon. Duchamp s'empresse, bien sûr, de démissionner de la présidence du Comité et ne fit savoir que bien plus tard que Richard Mutt n'était autre que son substitut artistique. Fontaine ne réapparaîtra plus dans l'histoire de l'art qu'en 1950
Autres readymade connus La pelle (En prévision du bras cassé), le peigne (Comb) sur lequel il avait tracé la phrase Trois ou quatre gouttes de hauteur n'ont rien à faire avec la sauvagerie ou encore With Hidden Noise, pelote de ficelle comprimée entre deux plaques de métal. Ces propositions de Duchamp ne sont pas destinées à être vendues, mais elles influencent ses amis comme Picabia ou Man Ray.
Tu m', exécutée en 1918 est la première œuvre de Duchamp à intégrer des objets dans sa peinture. Le tableau a été conçu afin d'entrer dans l'espace au-dessus de la bibliothèque de Katherine Dreier, sa mécène de l'époque et qui lui a commandé l'œuvre. Peinte peu avant le départ de Duchamp pour Buenos Aires, elle est vue comme « le dernier tableau de Marcel Duchamp », ou plutôt comme un abandon par l'artiste de l'huile sur toile. Sorte de synthèse des idées de Duchamp, on y retrouve trois représentations de ready-made, une roue de bicyclette, un tire-bouchon et un porte-chapeau, peints comme des ombrages. Des lignes sont créées par la chute d'un mètre de fils d'un mètre de long. Une succession de carrés de couleur, suggérant des échantillons de peinture, traverse la toile jusqu'à une fissure. Un goupillon est enfoncé dans cette fissure réelle dans la toile du tableau qui en rejoint une seconde, peinte celle-là en trompe-l’œil et retenue avec trois vraies épingles de sûreté. Sous la fissure peinte, on retrouve une main pointant un index et exécutée par un peintre d'enseignes que Duchamp avait embauché.
La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, dite Le Grand Verre, réalisée aux États-Unis, enchâssée entre deux panneaux de verre montés sur cadre et trépieds (1915-1923, musée de Philadelphie), est l’aboutissement de plusieurs études préliminaires, constituées de notes, d'esquisses, de « peintures », remontant au début des années 1910, telles que la Boîte de 1914 ou Neuf moules mâliques (1913-1914). Chez l'artiste, cette recherche (ou ce questionnement) correspond à l’obsession d’une « vraie forme » invisible, obtenue par contact et transparence, afin de synthétiser toutes ses théories, notamment l'art comme « fait mental ». Réalisée à l’huile, feuille et fil de plomb, cette étude, considérée par l'artiste comme inachevée, fut brisée lors de son transport mais Marcel Duchamp refusa de la faire restaurer. Les critiques d'art qui découvrirent cette œuvre y virent les brisures et les considérèrent comme partie intégrante de l’œuvre jusqu'en 1959.
Duchamp était préoccupé par le temps, la vitesse et la décomposition des mouvements. Ce qui l'a justement amené, en 1925-1926, à expérimenter une nouvelle forme d'expression cinématographique, l'« Optical cinema », avec son unique film intitulé Anémic Cinéma. Son film présente des plaques rotatives qui deviendront plus tard, en 1935, les « rotoreliefs » (ou « machines optiques »). Proposés sous la forme de plaques tournantes sur un axe grâce à un moteur, ils associent jeux optiques, jeux de mots, et géométrie.
Il collabore à la revue Le Surréalisme au Service de la Révolution (1930-1933), lancée par André Breton et éditée par José Corti. En 1934, il entreprend “La Boîte verte (La mariée mise à nu par ses célibataires, même)”, qui rassemble de nouvelles notes préparatoires relatives au Grand Verre, soit une accumulation de « huit années, d’idées, de réflexions, de pensées », totalisant 93 documents (notes écrites, dessins, photographies). Chacun de ses originaux a été lithographié puis tiré sur du papier similaire à celui utilisé par l’artiste lors de ses travaux de réflexion. Tiré à 320 exemplaires (dont 20 contenant une œuvre originale numéroté I à XX, une série qualifiée d’«édition de luxe»), l’objet final est surnommé « La Boîte verte » et comprend sur son couvercle l’inscription La Mariée mise à nu par ses célibataires même dans une typographie pointillée exécutée au pochoir. L’éditeur mentionné est Rrose Sélavy.
Entre 1936 et 1941, il construit des "boites en valise". Duchamp devient le seul acteur de l'exposition. Il en réalise la miniaturisation et la portabilité. Il s'affranchit ainsi de la galerie et du musée.
En janvier 1938, il coorganise, avec Breton et Eluard, l’Exposition internationale du surréalisme à la Galerie des Beaux-Arts à Paris en proposant dans l'une des salles une sculpture éphémère composée de 1 200 sacs de charbon suspendus au plafond. En plongeant ainsi la pièce dans la pénombre, il oblige les spectateurs à s'éclairer et à se déplacer au moyen d'une lampe de poche.
Duchamp récidive en 1942 lors de l'exposition surréaliste internationale de New York où il installe un réseau de ficelles dans l'aire d'exposition, forçant à nouveau le visiteur à s'intégrer à son milieu. Ce faisant, Duchamp jette les bases du happening qui fera son apparition quelques années plus tard et qui reprend un principe similaire par ses événements et performances en direct.
Sur le catalogue, Marcel Duchamp signale que l'accrochage (hanging) est de Breton. Il se désigne comme "his twin". Apparait déjà l'ironie, "hanging : Breton" c'est aussi "pendre Breton". "His twin", son jumeau, est une indéniable marque d'affection, si cela ne sonnait comme "twine", ficelle, pour pendre l'exposition. Duchamp rend en effet le vernissage et l'exposition sciemment impossibles en tendant 16 miles de cordes et ficelles qui rendent la pièce inaccessible. Qui plus est, les enfants de Sidney Janis, galeriste, ont reçu pour consigne de jouer bruyamment à la balle. C'est une farce, juste et cruelle, de Duchamp et pas une simple soirée mondaine. Si Duchamp n'avait pas procédé ainsi, l'exposition aurait été un non-événement, une simple exposition de tableaux.
En 1947, les surréalistes reviennent en France et trouvent un pays transformé et meurtri par la guerre. Le paysage idéologique est dominé par le marxisme et l'existentialisme. Le surréalisme doit reconquérir sa place; c'est l'objet de l'Exposition internationale du Surréalisme qui se tient du 7 juillet au 30 septembre 1947 à la Galerie Maeght, 13 rue de Téhéran à Paris. Ce sont de nouveau André Breton et Marcel Duchamp qui l'organisent. Marcel Duchamp est resté à New York mais il a donné ses instructions à Frederick Kiesler, artiste autrichien installé à New York qui fait spécialement le voyage et avec lequel il correspond par lettre. Marcel Duchamp signe le catalogue. Il est enfermé dans une une boite, Prière de toucher, avec une couverture en forme de sein de mousse qui le rend malaisé à consulter :
On accède à l'exposition par un escalier de 21 marches, comme les lames du tarot; chaque contremarche est marquée du nom d'un personnage important pour les surréalistes : Le facteur Cheval, les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, le rameau d'or de George Frazer qui a compilé les mythes du monde entier, Hypérion de Hölderlin...
Salle de pluie : il faut se mouiller pour entrer dans l'exposition, un labyrinthe, sculpture de Kiesler Brauner, Maria Martins, tableaux de Tanguy, le loup-table de Brauner. Vitrine avec des photographie autour de l'humour noir. Breton a publié une anthologie de l'humour noir citant Charles Cross, Swift, Jacques Rigaud, Alfred Jarry, Xavier Fornerait, Raymond Roussel, Alphonse Allais, Arthur Cravan...
Douze autels dédiés à des personnages fictifs ou réels : Léonie Aubois d'Ashby par Breton (Rimbaud, dévotion, Illuminations)
Marcel Duchamp, Le soigneur de gravité : un guéridon de spirit qui défie la gravité avec une boule de billard qui ne tombe pas, notamment pas sur le sein posé sur une assiette. Rayon vert, photographie prise à Lausanne. Au loin, la côte française du côté d'Evian et, au premier plan, le lac Léman en oblique. Une fente d'où sort une lumière teintée en vert qui vient diffuser dans la pièce. Reprend l'idée, improbable, que lorsque le soleil se lève ou se couche, la première ou dernière lumière est le vert, roman de Jules Verne.
En 1959-1960, Marcel Duchamp scénographie Eros, dans la galerie de Daniel Cordier. Le catalogue de Duchamp est une boîte aux lettres en carton, nommée boîte alerte, réalisée par Mimi Parent, artiste canadienne, dans laquelle sont glissées des missives que l’on peut regarder ou lire, il réalise la structure de l'exposition. Au fond The bed de Rauschenberg, sculpture de Giacometti, tableau de Pierre Molinier.
Les murs sont tapissés de velours rose donnant l'impression d'entrer dans un corps. Organicité du lieu, avec du sable sur le sol. La poupée de Bellmer en trois dimensions avec des miroirs fixés dans le sable pour la voir par en-dessous.
Le jour du vernissage une grande table est disposée pour un diner des exposants avec une femme allongée recouverte de victuailles, des langoustes, des crabes. C'est une performance de Meret Oppenheim. Pas d'intention machiste mais bien davantage l'idée d'un festin cannibale. Ce sont ensuite des mannequins qui sont disposés. Une forte odeur de patchouli se fait sentir au début de l'exposition puis les parfums s'affinent et s'allègent. Des gémissements propre à l'acte sexuel constituent l'environnement sonore
En 1960, aux D'Arcy Galleries de New York, Marcel Duchamp organise L'intrusion des surréalistes dans le domaine des enchanteurs. La carotte du buraliste est familière aux français mais est étrangère aux américains.
Dans la dernière salle, derrière une porte grillagée, Duchamp a installé un poulailler. Plus scandaleux,il expose L'oreille de Jean XXIII de Salvador Dali. Celui-ci s'est rapproché de Franco et ses frasques économiques aux USA (Avida Dollars) l'ont définitivement éloigné de Breton. C'est un casus belli de l'exposer. Les surréalistes se fâchent ainsi avec Duchamp. L'exposition est parcourue d'un tuyau d'arrosage pour rendre la visite inconfortable, sculpture de Maria Martins.
Dans les dernières années de sa vie, Duchamp exécuta une œuvre pour le Philadelphia Museum of Art, Étant donnés : 1) La chute d’eau 2) le gaz d’éclairage… (1946-1966), environnement sculptural érotique, interdit, par la volonté de l'artiste, à la vue du public avant l'année 1969 (soit un an après sa mort).
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