Dans son introduction, Sans l’ombre d’un doute, Youri Deschamps rapelle la personnalité mystérieuse et souvent controversée d'Henri-Georges Clouzot, directeur d’acteur exigent et réputé irascible. Réalisateur ambitieux et constamment inventif, il a bâti l’une des œuvres les plus singulières du cinéma français. L’une des plus marquantes également, jalonnée de plusieurs succès publics éclatants (Quai des orfèvres, Le salaire de la peur, Les diaboliques, La vérité), dont la modernité formelle impressionne toujours autant.
Pour Youri Deschamps, "À une époque où l’essentiel du cinéma hexagonal se contente trop souvent d’enregistrer platement des dialogues, Clouzot, lui, pense d’abord en termes visuels et fait de la mise en scène son souci premier. Drôle d’oiseau, donc, que le père du Corbeau : bien avant que la célèbre formule d’Alexandre Astruc ne serve de crédo aux jeunes «Turcs» de la Nouvelle Vague, Clouzot explore les ressources d’une «caméra stylo» émancipée des usages et des conventions, par laquelle il impose progressivement son style, sa vision du monde (souvent très noire) ainsi qu’une signature de plus en plus affirmée et aisément identifiable. Auteur avant l’heure, expérimentateur inspiré et infatigable, celui que la presse surnommait (à tort) «le Hitchcock français» compte assurément parmi les plus grands cinéastes de sa génération."
Sommaire
I. Prima caméra
II. Fractures et continuité
III. Écarts et circulation
.IV. De la suite dans les images