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Editeur : Wild Side Video, novembre 2008. 1h41 minutes | Noir & Blanc - 1.33, 4/3 Langues : Anglais Mono | Sous-titres : Français Bonus :
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Durant la guerre du Viêt Nam, Hollywood ne produira que deux films de fiction donc seul Les bérets verts de John Wayne connu une diffusion importante. Quatre documentaires vont cependant faire changer les consciences dont le plus important est ce Viêt Nam, année du cochon (1969). Le film de Emile de Antonio circule dans les universités et sa très longue analyse politique sur l'histoire du Viet Nâm et les raisons des interventions française et américaine va marquer la jeunesse américaine. Véritable scandale à sa sortie en 1968, le film est nominé pour l’Oscar du meilleur documentaire en 1970. Viendront ensuite Winter soldier, film collectif de 1972 non signé, qui rassemble des témoignages de vétérans du Viêt Nam, Les cœurs et les esprits, en 1973 de Peter Davis qui reçoit l'oscar du meilleur documentaire et enfin Milestones (1975), de John Douglas et Robert Kramer.
Interview exclusive du réalisateur (30')
Interrogé sur le sens que peut encore avoir aujourd'hui ce documentaire, Emile de Antonio répond qu'il ne peut plus y avoir qu'une liaison générale entre l'histoire passée et aujourd'hui. Cette liaison existe cependant : le gouvernement américain tente toujours d'imposer sa volonté à d'autres parties du monde. Ce type de guerre ne peut se conclure que par l'extermination des peuples qui ne veulent pas de nous. Le film raconte l'histoire tragique de la folie de l'ambition impérialiste. Achevé en 68, le film annonçait clairement la défaite. Emile de Antonio dit l'importance de recréer l'histoire sans quoi elle disparaît. Il se revendique comme un intellectuel qui aime avancer des arguments mais le film est aussi fait d'impressions et de souvenirs personnels ainsi la statue d'un membre du 163eme régiment d'infanterie de Pennsylvanie qui ouvre le film. Par rapport à la quantité de livres qu'il faut lire pour comprendre l'histoire du Viêt Nam, le cinéma à une puissance de révélation, d'épiphanie, parfois saisissante. Ainsi cette séquence des quatre pousse-pousse vietnamiens tirant des européens élégants qui les congédient d'un geste puis ensuite le défilé de la légion étrangère sur la musique de La cavalerie légère de Von Suppé. Cette séquence résume ce qu'est le colonialisme : les jaunes tirent les blancs et, quand le blanc en a terminé, il congédie le jaune. Emile de Antonio trouve "moralement et esthétiquement répugnant au plus haut point", la présence d'un narrateur dans un documentaire. Il déteste cette voix pseudo divine qui dit au spectateur ce qu'il regarde pendant qu'il le regarde. "Mes films sont des documentaires qui racontent une histoire" dit-il. Et ce grâce aux plans de coupe, souvent très rhétoriquex. Ainsi quand Jean Lacouture s'exprime sur le nationalisme de Ho Chi Minh, Emile de Antonio montre la terre et les arbres du Viêt Nam pour montrer son attachement à sa terre et à sa nation. Quand le sénateur Morton dit que Ho est le George Washington du Vietnam, de Antonio fait un plan sur les sigles de la Standard oil établissant un parallèle avec ce contre quoi les Américains se sont battus contre les Anglais : la "Taxation sans représentation", c'est aujourd'hui la présence de Shell et Mobil. Quand le général Westmorland dit que les soldats savent pourquoi ils combattent, de Antonio coupe sur John Toller, le béret vert déserteur, disant que les soldats ne communiquent que par les armes ou l'argent et méprisent les gens. L'image la plus terrible est sans doute celle du colonel, bel homme, qui sourit alors que l'on détruit un village. Il sourit encore alors qu'une vieille femme se débat au milieu des flammes. De Antonio dit qu'on l'accusa de forcer le sens mais dit-il, c'est bien comme cela que cela s'est passé. Jean-Luc Lacuve le 15/11/2008 |
présente
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Vietnam
année du cochon de Emile De Antonio
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