Editeur : Montparnasse. Novembre 2009. 9 DVD. 75 €

DVD1 : La voix de son maître (1978, 1h40). DVD2 : La Face nord du camembert (1985, 0h07), Trilogie pour un homme seul (1987, 0h53), Vas-y Lapébie ! (1988, 0h27). DVD3 : La ville Louvre (1990, 1h25). DVD4 : Le pays des sourds (1993, 1h39). DVD5 : Un animal, des animaux (1994, 0h59). DVD6 : La moindre des choses (1996, 1h45). DVD7 : Qui sait ? (1998, 1h46), Nénette (2009, 0h55). DVD8 : Être et avoir (2002, 1h44). DVD9 : Retour en Normandie (2007, 1h53).

Réunis dans un coffret de 9 DVD, les dix longs-métrages et quatre courts-métrages de Nicolas Philibert, de son premier film La voix de son maître à Retour en Normandie ... sans oublier Nénette, le moyen-métrage inédit qu'il vient d'achever sur la doyenne du Jardin des Plantes, un orang-outan pas comme les autres ...

Sous l'apparente limpidité de la mise en scène, au- delà du sujet choisi, Nicolas Philibert exprime l'universel de la condition humaine. Une intégrale qui traverse tous les milieux : les patrons, les animaux, les sportifs, les sourds, les malades mentaux ou la naissance du sentiment artistique de Retour en Normandie.

 

Cette intégrale est accompagnée de nombreux compléments (interviews, courts-métrages) et d'un livret avec des textes de Jacques Mandelbaum, journaliste au Monde, et de Nicolas Philibert, où le réalisateur évoque son approche très personnelle du documentaire.

Suppléments :

  • DVD1 : Entretien avec Gérard Mordillat et Nicolas Philibert par Odile Conseil
  • DVD1 : Décryptage du discours patronal par Frédéric Lordon, économiste et chercheur au CNRS.
  • DVD3 : Programmer le hasard, entretien avec Nicolas Philibert par Frédéric Strauss, critique à Télérama (47 mn)
  • DVD4 : Eclats de signes, entretien avec Emmanuelle Laborit par Nicolas Philibert
  • DVD5 : Trois courts-métrages de Nicolas Philibert : Portrait de famille (2mn30), Dans la peau d'un blaireau (7mn) et La métamorphose d'un bâtiment (8mn).
  • DVD5 : Ce qui anime le taxidermiste, entretien avec Jack Thiney (18mn)
  • DVD6 : L'Invisible, 2002, 45 mn Entretien avec Jean Oury, directeur de la Clinique de La Borde, par Nicolas Philibert (45 mn)
  • DVD7 : Nous sans papiers de France (1997, 3 min). En soutien aux sans-papiers, un film collectif cosigné par 200 réalisateurs, producteurs, distributeurs et exploitants de cinéma. Avec Madgiguène Cissé.
  • DVD8 : Entretien avec Nicolas Philibert, " Festival ! " (Toute l'équipe du film sur la Croisette), " Récitations "
  • DVD9 : Entretien avec Nicolas Philibert (15 mn)
  • Le coffret comprend un livret de 32 pages dans lequel s'expriment tour à tour Jacques Mandelbaum et Nicolas Philibert.

 

 

Entretien avec Gérard Mordillat et Nicolas Philibert par Odile Conseil

Cinéma militant dans le sillage de 68 donner la parole à ceux qui ne l'ont pas les ouvriers, les taulards. Or, on entend assez peu les patrons.

 

Décryptage du discours patronal par Frédéric Lordon


Fordisme s'éteint avec la crise pétrolière. Contradictions qui attendent une crise à l'aube de l'ordre néolibéral. Lionel Theret les conquérants de l'inutile surgissement de la société néolibérale individualiste : la compétition, la concurrence, le moi performant, le depassementde soi.

Programmer le hasard, entretien avec Nicolas Philibert

Programmer le hasard, entretien avec Nicolas Philibert par Frédéric Strauss, critique à Télérama (47 mn).

Fin 1987, alors que les travaux du grand Louvre ont permis la nouvelle entrée par la Pyramide de verre et que l'accrochage des collections est repensé, Nicolas Philibert est appelé par le Service audiovisuel du Louvre pour une journée de tournage :  les énormes cylindre des toiles de Charles le Brun, dans les réserves depuis la guerre, vont être déroulés pour êtres fixés sur des cadres en bois et accrochés.  

Cette sortie des réserves promet d'être spectaculaire et Philibert décide de ne pas filmer  en vidéo mais en super16 ce trajet des grands cylindres. Les toiles se sont abimées et il faut les restaurer en partie. Philibert revient pendant une semaine sans demander d'autorisation de tournage puis une deuxième et troisième semaine sans que l'on s'inquiète de sa présence. Il trouve alors  des producteurs et obtient l'accord du directeur du Louvre  qu'il n'aurait sans doute pas obtenu s'il avait demandé plus tôt une autorisation de filmer les coulisses du musée. Le tournage durera  cinq mois.

Philibert est un curieux, pas quelqu'un qui sait et cherche à inculquer un savoir. Il est attentif au côté mystérieux du musée parfois proche de Belphégor et aux choses drôles aussi. Ce n'est pas un film sur l'art, de l'ordre de la contemplation ou de la pédagogie. Les oeuvres ne sont pas filmées pour elles-mêmes mais comme objets ayant une taille et un poids qu'il faut transporter ou  surveiller. Plaisir de la prise unique : une chose se passe en lien avec le travail du musée et il faut la saisir au moment où elle se passe, hors de question de recommencer.

Les détonations du couple des acousticiens sont un événement fortuit qui s'est déroulé lors du tournage. En revanche il y a mise en scène pour l'archéologue qui transporte un coquetier sur un parcours de deux kilomètres depuis son bureau jusqu'à la réserve. Le but est que ce parcourt apparaisse comme inversement proportionnelle à la taille de l'objet. Philibert a aussi demandé à l'archéologue de porter des talons pour renvoyer l'écho des sols différents, carrelage, ciment bois,
Il ya un jeu avec les gens, gardiens et conservateurs. Philibert s'autorise à déplacer l'ordre chronologique mais l'important et que ce qui est restitué sur grand écran soit acceptable pour les gens filmés.

Philibert évite les interviews pour un mode de narration proche de la fiction. Il y a fiction car des personnes deviennent des personnages : on en connait davantage sur eux, sur ce qu'ils font et pourquoi ils le font.

Attention à ne pas ramener le film à son titre à son intitulé ou son sujet. Le film doit être plus large. Pas des films sur mais des films avec.

C'est une rencontre qui provoque le désir initial ; c'est souvent le hasard. Il convient sans doute de programmer le hasard, être dans un état de disponibilité. Fait le vide entre deux films. Pas d'imagination pour écrire des histoires;  pas envie d'écrire une histoire avec des dialogues déjà écris. Etre sensible aux accidents du tournage. Imagine le cadre dans lequel les choses vont pouvoir arriver. Espace géographique comme état d'esprit dans l'attente que quelque chose naisse.

"Moins j'en sais, mieux je me porte avant, avant le film. Si j'en sais un peu trop, je vais me croire obliger d'illustrer un corps d'idées". Dans le bureau de Jean Oury, il ne veut pas qu'il lui parle de La Borde. "Stop ne m'expliquer rien" dit-il. Si on s'engage dans un projet de film avec tout un fatras d'idées à illustrer, c'est le cinéma qu'on perd en route;  ici il n'y a rien à voir si vous voulez faire un film sur l'invisible vous êtes le bienvenus. En arrivant la folie fait peur, elle marque les corps de ceux qui sont dans cette souffrance. Il dit avoir eu peur de ses réactions et des gens qui étaient là. Le film raconte ça : qu'il a moins peur et c'est ce chemin que les spectateurs partagent avec lui.

 

Ciné-club de Caen

 
 
présentent
 
L'intégrale Nicolas Philibert