Douze patrons de grandes entreprises parlent face à la caméra du pouvoir, de la hiérarchie, des syndicats, des grèves, de l'autogestion... Leurs voix se mêlent, se dispersent, se démultiplient dans la ville, les usines... Sous le discours patronal apparaît progressivement l'image d'un monde futur...
Michel Barba rejette le choix du titre " La voix de son maître ". C'est une expression éculée et qui fait référence au chien. L'ouvrier aurait à obéir à la voix de son maître s'il est bien dressé.
Daniel Lebard trouve aussi que c''est un cliché du XIX siècle aux relents de philosophie anarchiste, à l'expression "Ni dieu ni maître", qui n'ont plus rien à voir avec le patron du XXe. Il préférerait le titre Les patrons. Mais cela fait référence au concept de famille. Le chef d'entreprise est une nouvelle création, entre la famille et le monde moderne. On ne devient pas patron du jour au lendemain. La carrière de manager est continue : ingénieur, ingénieur responsable, directeur d'une petite filiale qui développe le goût du risque, le goût de convaincre....
co-réalisé avec Gérard Mordillat c'est à la fois un long-métrage documentaire, La voix de son maître, et trois heures pour la télévision, Patrons/Télévision qui mettent en scène la parole dune douzaine de dirigeants de grands groupes industriels français. Censurée à lépoque, cette série sera finalement diffusée treize ans plus tard sur La Sept/ARTE sous le titre Patrons 78/91
Victime de la censure à la télévision sous deux mandats présidentiels successifs, La voix de son maître est un document rare et passionnant, qui serait aujourd'hui impossible à reproduire : les interviewés sont en effet livrés à leur propre discours, sans intervention orale de la part des réalisateurs. Une méthode implacable qui laisse poindre une vérité sans fard...