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Editeur : Arte Editions. Septembre 2009. 20 €. Suppléments :
Lionel est conducteur de RER. Il élève seul sa fille, Joséphine, depuis quelle est toute petite. Aujourdhui, cest une jeune femme. Ils vivent côte à côte, un peu à la manière dun couple, refusant les avances des uns et les soucis des autres. Pour Lionel, seule compte sa fille, et pour Joséphine, son père. Peu à peu, Lionel réalise que le temps a passé, même pour eux. Lheure de se quitter est peut-être venue... |
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Difficile de ne pas penser à Printemps tardif ou au Goût du saké de Ozu à propos de ce film. Même ancrage dans une réalité moderne subie avec bonne grâce avec ces trames de RER qui défilent dans la nuit ; même goût pour le riz pris en famille et l'alcool pris avec les amis (le rhum remplaçant ici le saké), et même sujet d'un père et d'une fille qui doivent apprendre à rompre une harmonie qui est devenue contre-nature. On retrouve surtout l'extrême modestie de Ozu face aux déchirures humaines, leur inscription toujours affirmée au sein d'une nature pour laquelle les métamorphoses sont la règle et la stagnation un impossible espoir. On retrouve enfin la capacité à filmer des objets comme véhicule du temps qui passe. Figuration directe du temps qui a passé, l'autocuiseur que père et fille achètent le même jour. Les deux achats, splendidement choisis par Claire Denis, l'un d'un rouge éclatant, l'autre plus petit d'un modeste rose, disent que le couple est redondant. Joséphine se cachera à elle-même cette vérité comme elle cache à son père l'achat qu'elle vient de faire. Celui-ci a sans doute trouvé l'objet avant le mariage de sa fille mais en le déballant le soir des noces, il affirme bien que désormais ce sont deux foyers qui existent. Autre image-temps, la porte de l'appartement. Elle est d'abord vue de façon étrange par Noé qui, entendant de la musique, n'ose pas entrer. On se demande alors s'il n'est pas une petite frappe qui pense à quelque mauvais coup. Une fois rassuré sur son compte, on le verra ensuite faire à nouveau un effort pour aller vers cette porte symbole du cocon qu'il sait établi de l'autre coté mais qu'il a à coeur de voir se métamorphoser. Sur ces objets symboles, Claire Denis greffe deux voyages. L'un qui ne se fera pas, celui de René qui reviendra sans cesse aux rames du RER qu'il a connu toute sa vie et y mourra faute de n'avoir pas su changer. L'autre voyage est aussi un voyage dans le temps, celui vers le passé de la mère originaire de Lubeck morte alors que Joséphine était enfant Ode au voyage dans le temps d'une vie plus que dans de vains espaces lointains, 35 rhums réussit l'exploit de proposer une légende, celle des 35 rhums que l'on accepte sans en connaître le fondement comme on se doit d'accepter les séparations qu'impose la nature sans en comprendre les justifications. J.-L. L.
Interview de Claire Denis (0h12)
Courte interview de Claire Denis par Olivier Bombarda. La réalisatrice découvre les éléments autobiographiques à la base de son film. Il transpose les relations très fortes entre sa mère et son grand-père. Claire Denis se souvient de son enfance avec son grand-père et sa mère où la seconde respectait toujours l'autorité du premier. Elle rappelle surtout qu'elle emmena sa mère voir une rétrospective Ozu où celle-ci fut très émue par les relations entre père veuf et fille à marier. Elle se promit de réaliser un jour un tel film qui est aujourd'hui possible grâce à Alex Decas, son jeu sans pathos qui montre cette relation père-fille comme un archétype. La bande originale du film est composée par Tindersticks, compositeur anglais avec qui elle collabore souvent depuis Nenette et Bonie. Elle craignit d'abord que les bruits du train et de la ville n'empêche l'écoute d'une musique mais, enthousiasmée par le thème initial du train, elle utilisa les six morceaux composés.
Interview de Alex Descas (0h08)
Alex Descas en est à son huitième tournage avec Claire Denis. La relation demeure toujours très simple. Alex Decas est toujours surpris par les idées de film qu'elle lui propose, qui lui arrivent très tard, déjà développées : ici, le lien très fort entre père et fille mais aussi la vision sociale avec son métier de conducteur du RER. La jeune Mati Diop, avec qui le couple père fille s'impose d'emblée, ne se destine pas au métier de comédienne. Elle étudie à l'école du Fresnoy pour devenir réalisatrice comme son oncle.
Commentaire de plusieurs séquences du film
(0h21)
Commentaires denses et passionnants de plusieurs séquences du film par Claire Denis et sa chef opératrice Agnès Godard. La séquence de la première soirée a pour but
de mettre en scène un premier rituel entre le père et
la fille, de faire exister des bribes de vie toutes simples comme un
tout, de montrer comment deux personnes vivent ensemble et ont des gestes
qu'ils connaissent. Comment installer un rituel alors que c'est la première
fois qu'on les voit ? L'espace est chorégraphié dans des
plans larges avec, autour Analyse de l'arrivée de Grégoire Colin qui joue Noé en contre-plongée. C'est un homme qui connaît tout de ce qui se passe derrière la porte et des relations entre le père et la fille. Il s'agit d'être proche d'Ozu moins par la forme que par la même foi à filmer des choses minimalistes. Gabrielle à sa fenêtre contemplant les trains est une séquence qui élargit le noyau central de l'appartement, à l'immeuble et finalement à la cité et au monde.
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présente
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35 rhums
de Claire Denis
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