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En cette année
859, la Chine est ravagée par les conflits. La dynastie Tang, autrefois
prospère, est sur le déclin, et le gouvernement corrompu s'épuise
à lutter contre les groupes de rebelles toujours plus nombreux qui
se dressent contre lui. La plus puissante de ces armées révolutionnaires
et la plus prestigieuse de toutes est la Maison des Poignards Volants. Deux
capitaines, Leo et Jin sont envoyés pour capturer le mystérieux
chef de cette redoutable armée. Ils élaborent un plan : Jin
se fera passer pour un combattant solitaire nommé Wind, se portera
au secours de la belle révolutionnaire aveugle Mei et la fera sortir
de prison. Gagnant ainsi sa confiance, il l'escortera jusqu'au quartier général
secret de la Maison des Poignards Volants...
A la fin
du IXème siècle, le pouvoir de l'empereur déclinant,
des groupuscules dissidents se développent un peu partout en Chine.
L'un d'eux, la Maison des poignards volants, commence à prendre une
importance gênante pour le pouvoir en place. Ce dernier décide
d'envoyer deux capitaines de son armée, Jin et Leo, pour mettre un
terme à l'affront et trouver qui se cache derrière ces fameux
poignards volants.
Deuxième wu xia pan de Yimou, ce film diffère quelque peu de son précédent, Hero. Ici le scénario ne revêt pas la même importance, il est réduit au minimum syndical, il ne sert que de base au metteur en scène pour développer la mise en forme de son histoire. Les thèmes du désir (impossible), de la trahison, de la jalousie et de la transgression y sont traités avec un souffle peu commun. Le personnage central du film, Wind/Mei, cristallise tout cela, elle est l'objet unique du désir pour les deux guerriers, mais en tombant amoureuse de Jin, l'agent double qui a la charge de l'amener à découvrir l'identité du chef des Poignards Volants, elle passe outre les règles strictes de son clan et renie par là-même les sentiments que lui voue Leo, qui par amour pour elle a infiltré la garde impériale bref, aucun des trois protagonistes n'est celui qu'il prétend être au début, chacun s'est créé un masque, derrière lequel ils dissimulent aussi leur souffrance. On devine assez vite que le dénouement de ce trio amoureux en peut être que tragique, car une fois les vrais visages dévoilés et les sentiments révélés il est trop tard.
Yimou a parsemé son film de superbes scènes de combat, chorégraphiées par le maître Ching Siu-tung (le meilleur avec les frères Yuen), qui défient encore les lois de la pesanteur. Toujours dans des décors, naturels ou pas, grandioses elles apportent au film un rythme qu'on ne retrouve guère que dans ces wu xia pan destinés à l'exportation. Visuellement splendides, ces scènes/ballets érotisent ces corps, les nimbant d'une grâce éthérée, replaçant ces personnages et leur tragique destin dans un monde/décor qui, en les montrant " minuscules " leur donne une beauté spéciale, celle de l'éphémère. Tous ont transgressé les règles fondamentales grâce auxquelles leurs camps respectifs peuvent se maintenir, tous ont cédé à leurs sentiments et à l'appel de l'amour. En faisant primer l'individu sur la collectivité ils paieront un lourd tribut.
Si le parti pris de transmettre l 'émotion par cette sorte de surenchère visuelle et esthétique est discutable il n'en demeure pas moins que ce film est une réussite qui a trouvé l'équilibre parfait entre une histoire d'amour classique et un film de sabre abouti. Les trois interprètes sont convaincants et la sublime Zhang Ziyi est toujours aussi sublime.
Jean Sébastien Leclercq le 15/11/2004