Mlle Callahan, l'institutrice de Terry Town, emmène sa classe sur les lieux du vallon paresseux qui donna lieu à l'écriture de la légende de Sleepy hollow. Amy, petite fille solitaire et rêveuse, préfère jouer avec un papillon qu'avec les autres enfants. Quand l'un de ses camarades, en l'attrapant pour elle, le tue, Amy le gifle.
Son père, Oliver Reed s'inquiète pour sa fille unique très rêveuse. Mlle Callahan tente de le rassurer. Oliver trouve quelque chose de morose et de maladif dans le comportement de sa fille. Il a été marié une première fois avec Irena qui devint folle et se suicida et il craint, bourrelé de remords, qu'une sourde malédiction se soit étendue à sa fille. Alice, sa seconde femme et mère d'Amy tente elle aussi vainement de le rassurer. Amy doit fêter son sixième anniversaire mais aucun de ses camardes ne se présente. Oliver découvre qu'elle a posté ses invitations au creux de l'arbre qu'il avait désigné comme une boite aux lettres magique lorsqu'elle avait trois ans. Amy, désolée, promet de ne plus être aussi rêveuse et de jouer avec ses amies.
Mais ceux-ci lui en veulent de ne pas les avoir, comme elle l'avait dit, inviter à son anniversaire. Elles fuient et Amy passe dans la maison des. Une voix lui demande d'approcher et Amy reçoit en cadeau une jolie bague dont Edouard, le serviteur noir, lui dit qu'elle peut certainement exaucer les vux si on ne les dit pas ensuite à voix haute. Amy s'en va en faire part à son père mais celui-ci la réprimande pour se montrer encore aussi superstitieuse. Amy souhaite avoir une amie, et soudain le jardin se transfigure dans une lumière enchantée et Amy semble enfin ne plus jouer seule. Elle parle ensuite à sa mère de la vieille maison verte. C'est la maison des Farren.
Miss Callahan vient visiter la maison où se trouve le tableau préféré de sa première femme, Irène une artiste
Mme Farren raconte la légende de Sleepy hollow. Elle croit que sa fille Barbara est morte à six ans et refuse d'admettre que sa fille est bien vivante et se morfond à ses côtés souffrant cruellement de son rejet. Marquée par al légende terrifiante de Sleepy hollow, Amy fait un cauchemar et appelle son amie qui vient la visiter et la bercer en lui chantant "Do, l'enfant dormira bientôt"
Amy découvre par hasard une photo d'Irena dans un tiroir. Lorsqu'elle appelle son amie dans le jardin, elle a l'apparence d'Irena qui lui fait promettre de ne parler à personne de leur amitié. Tout l'automne Amy joue avec son Irena.
C'est la veillée de Noël et le déballage des cadeaux. Le chur amateur de la petite ville passe devant la maison des Reed qui les invite à entrer. Pendant que les invités entonnent "Il est né le divin enfant", Amy s'en va dans le jardin offrir son cadeau, un bijou en forme d'étoiles, à Irena qui, en échange, lui montre le jardin transfiguré par une lumière enchantée.
Le jour de Noël, Amy s'en va porter son cadeau à la vieille madame Farren qui a ignoré celui de sa fille qu'elle ne voit toujours que comme un imposteur. Dans l'après-midi, Miss Callahan et Alice regardent l'album de photo duquel tombe la photo qu'Oliver avait gardé de lui et d'Irena. Amy est toute joyeuse. Mais son père ne peut admettre qu'elle connaisse Irena et encore moins qu'elle l'appelle son amie, joue avec elle dans le jardin et vienne à la rencontre d'Amy quand celle-ci l'appelle. Oliver sort dans le jardin avec sa fille et, comme celle-ci s'obstine à voir Irena, il la punie en l'enfermant dans sa chambre. Alice est consternée mais Mlle Callahan lui conseille de ne pas s'en mêler tandis qu'elle-même cherche à raisonner Oliver en lui affirmant que tous les enfants rêvent à des créatures amies invisibles. Son amie disparaitra quand une véritable personne l'aura remplacée. Oliver, convaincu qu'il Il doit être cette personne monte délivrer sa fille. Entretemps, Amy a appelé Irena qui l'a remercie de l'avoir fait renaitre en l'appelant et lui indique être venue pour égayer son enfance mais qu'il est temps à présent qu'elle la renvoie : "tu me regretteras et puis tu m'oublieras". Mais quand elle disparait, Amy, bouleversée, sort de sa chambre et s'en va à sa recherche.
C'est pourquoi Oliver trouve la chambre vide et s'en va, affolé, à la recherche de sa fille. Amy est partie dans la neige jusqu'à la maison des Farren où Barbara, rendue presque folle par l'obstination de sa mère à la nier, a menacé de tuer Amy si elle revenait encore. Ainsi, quand Amy frappe à la porte, la vieille madame Farren est affolée et cherche à cacher Amy en haut de l'escalier. Elle s'effondre, victime d'une crise cardiaque. Devant l'attitude menaçante de Barbara, Amy appelle Irena dont l'image finit par fusionner avec le corps de Barbara. Ainsi, alors que celle-ci s'apprête à l'étrangler, Amy l'appelle-t-elle "mon amie", "mon amie". Submergée par cette vague de tendresse inattendue, Barbara desserre son étreinte et laisse partir Amy. C'est alors que surgit son père et la police.
Oliver conduit sa fille jusqu'à la maison. Dans le jardin, il lui demande si elle voit Irena. Amy répond que oui et comme Oliver a promis à sa fille de croire tout ce qu'elle lui dira, il lui affirme la voir aussi. Irena, heureuse, les voit entrer dans la maison et son image s'efface, sans doute définitivement, sur le mot Fin.
Après le succès aussi inattendu que fulgurant de La féline réalisé par Jacques Tourneur en 1942 et qui sauva la RKO de la faillite, le producteur Val Lewton décida d'en faire une suite. Il souhaitait en proposer la réalisation à Mark Robson, récemment devenu réalisateur, mais ce dernier n'étant pas libre, on décida d'engager un jeune cinéaste venu du documentaire, Gunther Von Fritsch. Malheureusement au bout des dix-huit jours prévus pour le tournage, Fritsch avait à peine réalisé la moitié du film. Sid Riegl, alors directeur du département des films B, le fit remplacer par Robert Wise, jusqu'alors très reconnu comme monteur.
Une suite féérique de La Féline
La malédiction des hommes-chats est bien la suite de La féline. On retrouve ainsi les trois mêmes personnages principaux interprétés par les trois mêmes acteurs et actrices. Oliver Reed a bien épousé Alice qui lui avait avoué son amour et quil avait décidé d'épouser après avoir demandé le divorce avec Irena avant que celle-ci ne tue son psychanliste et, blessée, accepte sa mort face à la panthère. Iréna joue donc ici le rôle d'une apparition. Six ans au moins se sont écoulés et le couple Reed a dorénavant une petite fille de six ans prénommée Amy. Le tableau qui se trouvait dans le salon d'Iréna trone maintenant chez les Reed. Il y fait tache comme Alice s'en explique à Miss Callahan. Alice pour faire bonne mesure atribue curieusement le tableau à Irena dont le métier passe de modeliste à artiste. Irénai ne s'en était entourée que parce quil reprenait la thématique féline de son appartement comme la panthère qui figure au générique du film de Tourneur.
Le scénario, toujours signé de Dewitt Bodeen transforme néanmoins profondemment ce qui aurait pu être un film d'épouvante en un drame de l'enfance très sensible nimbé de l'aura d'un conte de Noël où l'inquiétante Simone Simon de La féline est devenue est fée attentive et compatissante qui veille sur l'enfance douloureusement rêveuse de la petite Amy.
La malédiction des hommes-chats est ainsi pour le moins un titre trompeur puisqu'on ne verra ni ne pressentira la présence d'aucun homme-chats contrairement à la femme féline ou à L'homme léopard. On verra bien un chaton noir sur un arbre au début et une sorte de chat-puma empaillé chez la vieille madame Farren mais il ne s'agit que d'échos ironiques de peurs enfantines. Seul le père imagine que sa fille pourrait être victime de la malédiction féline qui toucha sa première femme. Mais Amy est la fille d'Alice, sa seconde femme, et elle ne donne la forme d'Iréna à son amie imaginaire qu'après avoir vu les photos dont Oliver a du mal à se séparer. Si malédiction il y a, elle est du seul côté du père qui a du mal à se défaire du souvenir de son premier amour. En témoigne le fait qu'il ne jette qu'une photo d'Irena au feu gardant dans l'album celle où ils sont tous les deux. Cette obsession d'Iréna qu'il fait porter sur sa fille l'empêche de voir qui elle est vraiment.
Le compagnon invisible de Stevenson
C'est Mlle Callahan, l'institutrice qui va lui ouvrir les yeux : certains enfants particulièrement sensibles et imaginatifs se créent des compagnons imaginaires (chient, chat, enfants ou grandes personnes). L'amie d'Amy disparaitra quand une véritable personne l'aura remplacée. Il doit donc être cette personne, son ami. Mlle Callahan cite ainsi le poème de Stevenson, le compagnon invisible
"Quand les enfants s'amusent sur le gazon,
Alors s'approche l'invisible compagnon,
Quand les enfants se sentent esseulés,
Leur camarade accourt des prés"
Mlle Callahan n'a pas peur des légendes, pas peur de provoquer des peurs qui sont celles de la littérature ou du théâtre puisque la vieille madame Farren reprendra aussi la légende de Sleepy hollow et causera le cauchemar d'Amy. Le rêve comme la peur sont nécessaires à l'épanouissement des enfants. Terrorisée par ce qu'elle croit être la cavalcade du cavalier sans tête, Amy comprend qu'il ne provient que du frottement de l'essieu sur la roue d'une vieille voiture.
Le parcours d'Amy est celui d'un éveil à la conscience qui se développe au sein de la rêverie. C'est elle qui met dans la bouche d'Irena ses propres paroles ainsi pressent-elle que ce qu'elle lui fait dire est juste : elle a fait renaitre Iréna en l'appelant. Elle est venue pour égayer son enfance mais à présent elle demande à ce qu'elle la renvoie : "Tu me regretteras et puis tu m'oublieras".
Iréna sauve Amy en lui faisant don d'une amitié indéfectible qu'elle peut appeler en toutes circonstances. Ainsi peut-elle appeler Barbara, son amie, alors que dans une crise de folie, elle aurait pu la tuer. La vague de tendresse qui submerge alors Barbara lui faits desserrer son étreinte.
Dans la graduation vers le déni de réalité, Amy et Barbara sont encore loin de la folie de la vieille madame Farren, incapable de reconnaitre sa fille
Un conte de Noel
C'est bien ainsi d'un conte de Noël qu'il s'agit pour Amy. Conte qui commence à l'automne quand elle se créer son amie imaginaire qui transfigure une première fois le jardin, lui apparait ensuite comme une ombre venant lui chanter une berceuse en français "dodo, l'enfant do" dans son cauchemar puis qui prend la forme d'Irena après la découverte de la photographie. Le fondu enchainé superposant trois images qui passe de la photo brûlée dans l'âtre, au dessin puis au jardin dit le merveilleux de la transformation, sans rapport avec une quelconque malédiction.
Le jour de noël, Amy est récompensée de son cadeau à Iréna par la transfiguration magnifique du jardin puis par l'acceptation par son père de son amie imaginaire. Iréna sait que sa mission est terminée. Son image s'efface dans un sourire.
Jean-Luc Lacuve, le 08/08/2013
Editeur : Editions Montparnasse. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français. |
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