Les implacables

En 1866, après avoir combattu dans les rangs sudistes à la bataille de Gettysburg, les frères texans Ben et Clint Allison se rendent dans le Montana avec l’espoir d’amasser rapidement et par n’importe quel moyen un petit pécule, afin de retourner s’établir dans leur chère bourgade de Prairie Dog Creek. Dans un saloon de Mineral City, ils repèrent un riche homme d’affaires, Nathan Stark, et décident de le dépouiller. Stark leur fait alors une contre-proposition : gagner, honnêtement cette fois, une petite fortune en l’aidant à convoyer depuis le Texas quelques milliers de têtes de bétail qu’il revendra très cher dans le Montana. Accord passé, les trois hommes prennent la route de San Antonio.

En chemin, ils croisent quelques pionniers affamés, parmi lesquels la belle et dynamique Nella Turner. Lorsqu’il s’aperçoit que les malheureux vont être attaqués par les Indiens, Ben revient sur ses pas, trouve Nella seule rescapée du massacre et la ramène avec lui. Pour s’abriter du blizzard, ils passent la nuit dans une petite cabane. Nella se sent très attirée par Ben, mais elle lui reproche la modestie de ses ambitions. À l’inverse, Nathan compte bien devenir un jour l’homme le plus riche du Montana et, dès leur arrivée au Texas, il fait sa cour à Nella en la couvrant de cadeaux. Guidé par les frères Allison et quelques dizaines de rancheros, un troupeau de 4 000 bêtes à cornes prend enfin le départ pour le Montana. Contre l’avis de Ben, Nathan exige que Nella les accompagne.

En chemin, ils affrontent une série de dangers : bandits rançonneurs, rivières en crue, canyons abrupts… Ben doit, en outre, endurer le flirt outrancier auquel se livrent sous ses yeux Nella et Nathan. Il est clair cependant que la jeune femme est amoureuse de lui et qu’elle joue ce petit jeu pour attiser sa jalousie. Autre problème : le tempérament agressif de Clint, toujours prêt à chercher querelle à Nathan dès qu’il a un peu bu.

Mais le pire ne tarde pas à venir : les Sioux, après avoir tué Clint parti en éclaireur, attaquent le convoi. Ben décide de lancer contre eux le troupeau rendu furieux par la soif, moyennant quoi il réussit à conduire sans encombres bêtes et hommes à Mineral City. Là, Nathan tente de le faire arrêter par la milice pour avoir naguère voulu le détrousser. Toutefois, les rancheros s’interposent et Ben repart libre après n’avoir accepté qu’une petite part de la somme à laquelle il pouvait prétendre.

Son bonheur sera complet lorsque Nella renoncera pour lui à ses rêves de grandeur et décidera finalement de l’accompagner à Prairie Dog Creek.

Troisième des grands westerns de Raoul Walsh avec La vallée de la peur (1947) et La fille du désert (1949), Les implacables, en CinemaScope et en couleur, est aussi le plus lyrique et le plus apaisé.

Certes les scènes d'action ne manquent pas : le retour de Nathan pour sauver Nella des Indiens, l'attaque des bandits nordistes, l'attaque des Sioux. Les confrontations entre les quatre personnages principaux sont également à la base des rebondissements scénaristique, depuis le sacrifice du frère rebelle, Clint, jusqu'au rêve de Ben, qu'il sera mener jusqu'au bout en passant par celui plein de compromissions de Nathan et le parcours quasi freudien de Nella, revenant, après s'y être opposé au choix de ses parents.

Le plus lyrique reste néanmoins la conduite du troupeau sans cesse exaltée si bien que le franchissement des milliers de têtes de bétail arrive comme un point d'orgue du film. Il succède à l'épisode plein de suspens de l'attaque des bandits nordistes. La scène se déploie longuement, lyriquement, sans incident. Les vaches puis les chevaux sortent luisants d'une eau régénérante après la traversée de la rivière.