Été 1943, Marc Cros, célèbre sculpteur, se promène dans la nature puis s'assoit à la terrasse d'un café et regarde les gens passer. Ici, dans la France occupée, non loin de la frontière espagnole, les allemands font une chasse dérisoire aux marchands de pigeons. Sa femme, Léa, aperçoit une jeune espagnole allongée au seuil d'une église puis faisant sa toilette dans la fontaine. Elle la recueille chez elle où elle apprend qu'elle s'est échappée d'un camp de réfugiés. Léa est non seulement la femme de Cros mais aussi son ancien modèle et a perçu en Mercé de quoi sortir son mari, fatigué de la vie et de la folie des hommes de la torpeur qui s'est emparé de lui depuis le début de la guerre.
Effectivement, le vieil artiste découvre en Mercè une nouvelle muse et retrouve le goût du travail. Reste à trouver l'idée qui pourra transformer ce travail en statue de marbre. Les séances de poses se multiplient : dessins, tableaux, esquisses en terre-glaise. Charmée de la vie de la jeune femme, Marc lui apprend à voir un dessin à l'encre de Rembrandt.
Les enfants des alentours sont fascinés et émoustillés par la jeune femme qui pose nue. Puis Mercè rencontre un jeune résistant blessé, Pierre, et demande à Marc Cros de l'héberger. Elle devient sa maitresse. Cela irrite Marc car, au détour d'une pose renfrognée de Mercè, il a enfin trouvé l'idée de la statue. Werner un officier nazi, ancien professeur d'histoire de l'art vient rendre visite à Marc Cros. Il prépare un livre sur son uvre mais doit bientôt partir sur le front russe.
Lorsque Pierre est guéri, Mercè le guide vers l'Espagne puis revient. Marc commence alors la statue de plâtre. Un matin, il entraperçoit Mercè nue dans le lit et le désir le saisit. Il fuit et en parle à sa femme qui en sourit. Le lendemain, il franchit le seuil de la chambre de Mercè qui accepte son désir vieillissant. Il lui raconte ensuite sa version de la création de la femme par Dieu.
La statue est terminée et Mercè est déçue qu'elle ne lui ressemble pas. "On prend un modèle pour consulter la nature" lui rappelle Marc citant Cézanne mais, ensuite, l'artiste construit l'uvre selon son idée. Mercè veut partir vers le sud. Marc lui donne de l'argent une lettre de recommandation pour être modèle. Elle part en vélo.
Marc fait sortir la statue de plâtre dehors par Emile, le marbrier, et ses aides. Il demande une journée pour fignoler quelques détails. Il mange du pain parcouru d'huile d'olive et termine quelques détails de la statue. Quand elle est parfaite, il se tue d'un coup de carabine. Merce fonce en vélo vers le sud, une larme à l'il.
Marc Cros est un sculpteur inventé mais il s'agit d'une biographie masquée et romancée des derniers jours d'Aristide Maillol. La sculpture pour laquelle Mercè sert de modèle est La Méditerranée, l'une des plus célèbres uvres du sculpteur de la région de Perpignan. La mort de Maillol est aussi restée mystérieuse et aurait pu être le fait de la résistance qui aurait mal interprété ses rapports avec l'occupant. Il avait pourtant sorti des griffes de la gestapo son dernier modèle, Sacha Verney, qui tentera ensuite de faire connaitre son uvre.
Pour contrebalancer la diversité et la richesse luxuriante de la nature, aucune feuille n'est en effet semblable à une autre, l'artiste doit imposer son idée. Ce précepte, Trueba ne se l'applique pas. Son film fourmille de digressions autour de son sujet : les enfants, le résistant, l'Allemand amateur d'art, la femme ancienne modèle, la servante naïve et même le surprenant suicide. L'idée vient par hasard à Marc. Pourquoi pas, mais pourquoi aussi ? A trop étreindre, le film digresse vers l'insignifiance.