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Party girl

2014

Cannes 2014  :  Caméra d'or Réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis. Avec : Angélique Litzenburger (Angélique), Joseph Bour (Michel), Mario Theis (Mario), Samuel Theis (Samuel), Séverine Litzenburger (Séverine), Cynthia Litzenburger (Cynthia), Chantal Dechuet (Madame Dechuet), Alyssia Litzenburger (Alyssia), Nathanaël Litzenburger (Nathanaël), Meresia Litzenburger (Meresia). 1h35.

Angélique a soixante ans et gagne désormais avec peine sa vie comme entraîneuse dans un cabaret à la frontière Allemande. Au lendemain d'une soirée où elle n'a réussi à ne faire boire aucun des clients du cabaret, et où elle a été portée saoule dans sa chambre par le videur, elle s'en va trouver Michel, un ancien habitué qui n'était pas venu depuis pas mal de temps. Michel est surpris de la voir mais heureux : il aime Angélique et ne veut plus payer pour la voir alors qu'il aimerait tout partager avec elle. Angélique le persuade pourtant et, après une soirée de fête heureuse, Michel lui demande de l'épouser.

Lorsqu'Angélique déclare à ses amies entraineuses qu'on lui a proposé le mariage, celle-ci n'y croient pas. Pourtant une semaine après la proposition tient toujours et Angélique déménage chez Michel. Lorsque Michel l'attend au lit, elle vient prudemment en combinaison et ne souhaite pas faire l'amour

A ses enfants Mario et Séverine, elle-même mère de trois enfants, elle explique sa belle histoire d'amour que confirme Michel. Séverine est admirative de la maison confortable de Michel. Ils rédigent ensemble eu lettre pour que Cynthia, la petite sœur placée en famille d'accueil puisse venir au mariage. Le grand frère, Simon, sur Skype depuis Paris corrige style et fautes d'orthographes. Michel fait rencontrer ses amis à Angélique.

Michel a invité la famille pour une journée dans un parc de loisirs avec montgolfières. Une fois Mario et Séverine partis, Michel voudrait rentrer aussi mais Angélique est intraitable et s'emporte contre le bon sens de Michel. Elle part pour une virée nocturne dans son ancien cabaret et se fait humilier par un jeune client vulgaire. Elle s'emporte contre la patronne et ses amies les plus proches lui ordonnent de partir. Elle erre seule jusqu'au petit matin avant de rentrer penaude chez Michel qui lui pardonne.

Le mariage se précise, Simon parvient à éviter uen sordide salle des fêtes. La veille du mariage pourtant Angélique s'ouvre à ses mies qu'elle a des doutes : elle n'a aucune envie de faire l'amour avec Michel. Ses amies, interloquées, lui conseillent de tout faire pour vaincre cette hantise. Le mariage a lieu sans aucune fausse note, les discours des enfants sont particulièrement émouvants.

En rentrant Angélique exprime eu nouvelle fois ses doutes à Samuel : elle n'est pas amoureuse de Michel. Samuel lui conseille d'arrêter de penser qu'elle a seize ans et de savoir saisir la chance d'être aimée par Michel. Pourtant le soir au lit, en dépit de toute la gentillesse de Michel, Angélique se refuse à lui et lui déclare tout de go qu'elle n'est pas amoureuse de lui. Michel s'emporte, pleure, rien n'y fait : Angélique fuit dans la nuit et se retrouve au matin dans un bar où l'on danse.

 Party Girl s’inspire librement du parcours d’Angélique, la mère de Samuel Theis, coréalisateur et coscénariste du film, et met en scène sa véritable famille. Chaque membre y joue son propre rôle. Le reste de la distribution est composée d’acteurs non-professionnels. C'est le mariage d'Angélique Litzenburger qui a donné aux réalisateurs l'idée d'axer le scénario de leur premier long-métrage autour de son personnage. Ils y ont vu une situation qui donne l'occasion de dresser le bilan d’une vie, celle d’une femme qui n’a connu que le milieu de la nuit et qui s’est résolue tardivement à se ranger.

La base documentaire ne sert ainsi qu'à rendre crédible le parcours d'une femme libre et hors norme. Cette belle fresque sociale très attachante n'a que le défaut de pousser un peu loin le tragique de la situation, comme si elle voulait refuser de rentrer dans le cadre trop sage de l'analyse psychologique.

Une belle fresque sociale

La localisation géographique, entre le bar à entraineuses en Allemagne et la maison de Michel à Forbach ; les milieux sociaux décrits, des familles de mineurs lorrains et des oiseaux de nuits déplumés ; l'âge du personnage principal et l'extrême cohérence et chaleur des trois groupes qui se rencontrent : la famille d'Angélique avec ses quatre enfants nés de pères différents, les entraîneuses du bar et les amis de Michel donnent au film une énergie de plus en plus touchante. Le mariage est l'apothéose de ce parcours où on a progressivement appris à connaitre et à aimer chacun des personnes du film tant et si bien que l'on participe presque à la procession de voitures, rubans flottants au vent.

Un personnage rendu excessivement autiste

Angélique a l'alcool triste et quand elle part seule faire scandale dans son ancien bar ou après le mariage, elle agit sans se rendre compte de ce qu'elle fait en revenant ensuite à des sentiments plus sociables. La fin du film est pourtant délibérément tragique, Angélique ne reviendra pas. Il n'est pas certain qu'en procédant ainsi les réalisateurs atteignent au tragique des situations que vécurent Mamma Roma (Pasolini, 1962), Wanda (Loden, 1970), Mabel Longhetti dans Une femme sous influence (Cassavetes, 1974) ou Suzanne dans A nos Amours (Pialat, 1983). Il manque au personnage une grandeur dans les violences de l'existence que magnifièrent ces réalisateurs. C'est comme si en regardant leur personnage avec respect et amour, le trio chaleureux de réalisateurs avait retenu les coups à porter sur Angélique pour que, plus ébranlée, elle ne donne à son attitude autiste que la sage proportion qui convient à son humanité.

Jean-Luc Lacuve le 31/08/2014.

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