Deux femmes, une jeune fille, un jeune garçon, un chien et un cheval dans la brume. C'est Nostalghia.
Une voiture s'arrête dans un paysage de brume à demi-réel. Une femme en descend pour se rendre dans une église. L'homme, un poète russe célèbre, refuse de la suivre : "J'en ai assez de toutes ces beautés écurantes. Je ne veux plus rien seulement pour moi" déclare Andrei Gortchakov. Eugenia, la jeune femme aux allures de madone, son guide et son interprète, poursuit sa marche vers l'église de Monterchi où des femmes prient devant La madone del parto de Pierro della Francesca. Le sacristain de l'église l'interpelle pour savoir si elle désire avoir un enfant ou une grâce pour ne pas en avoir. Le sacristain lui indique que se mettre à genoux est la première chose à faire pour obtenir ce qu'elle veut. Elle tente de le faire mais renonce bien vite tant ses talons aiguilles se prêtent mal à cet exercice. Elle se venge auprès du sacristain en lui demandant s'il sait pourquoi les femmes prient tant, pourquoi sont-elles aussi dévotes. Le sacristain réplique de la façon la plus réactionnaire. Une femme sert à faire des enfants, à les élever avec patience et sacrifice. Il pense qu'elle veut être heureuse alors qu'il y a des choses plus importantes. Eugenia le remercie ironiquement de cette réponse toute faite. Dehors, Andrei l'attend songeant, le temps d'une plume voletant à ses pieds, à sa femme et à ses enfants
Dans le hall des thermes de Bagno Vignoni, au sud de Sienne, Eugenia reproche à Andrei de ne pas être descendu voir la madone alors qu'ils avaient traversé la moitié de l'Italie pour cela. En attendant la réceptionniste, elle lit des poésies d'Arseni Tarkovski. Andrei Gortchakov lui reproche de les lire en italien alors que les poésies sont impossibles à traduire, comme l'art. "Sans traducteur, pourtant impossible de connaitre la Russie" réplique Eugenia. "Vous ne la connaissez pas. -Et vous ne connaissez pas mieux L'Italie -Une seule solution : supprimer les états, les frontières". Eugenia raconte qu'une domestique de Milan a mis le feu à la maison de ses patrons par nostalgie. Elle voulait retourner en Calabre. Elle a brulé la maison qui s'opposait à ce désir. Elle interroge Andrei sur le musicien Sasnovski sur lequel il se documente, musicien en exil qui a vécu dans la région au XVIIIe siècle et qui préféra finalement la condition d'esclave dans son pays natal à celle d'homme libre à l'étranger. De retour, il se mit à boire, puis se suicida. Un nouveau flash mental assaille Andrei : sa femme puis ses deux enfants courent avec un chien près d'une petite mare d'eau. Eugenia s'inquiète de savoir si elle doit appeler Moscou pour lui car il n'a pas parlé à sa femme depuis deux jours. Andrei refuse, s'allonge, s'endort. Un chien entre dans la pièce ; il le caresse alors que la pluie de l'orage se répand dans la pièce dont il avait ouvert la fenêtre.
7h00 du matin. Andrei est réveillé par Eugenia. Elle a appris aux curistes qu'Andrei est venu pour écrire la biographie d'un musicien russe qui a travaillé à Bologne et fréquenté ces thermes à la fin du XVIIIe. Il était amoureux d'une esclave russe. Il s'est tué pour elle. Andrei méprise les curistes qui barbotent dans l'eau dans l'espoir de vivre éternellement. Ceux-ci se moquent de Domenico qui erre autour de la piscine avec son chien. Il était resté barricadé chez lui pendant sept ans en attendant la fin du monde. Avait-il vécu une crise de mysticisme ou était-il jaloux de sa femme qui s'est ensuite enfuie avec leurs enfants, ou seulement victime d'une terrible peur ? Domenico prêche. Il rappelle la parole de Dieu à sainte Catherine : "Tu es celle qui n'est pas et moi celui qui est". Il éveille la curiosité d'Andrei qui veut l'inviter à déjeuner. Eugenia lui rappelle qu'il a aussi la manie d'entrer dans la piscine avec une bougie allumée.
Dans un village au-dessus de Bagno Vignoni, Eugenia tente de convaincre Domenico de parler avec Andrei. Il refuse et Eugenia se sent offensée des demandes répétées d'Andrei pour retourner inviter Domenico à lui parler. Elle lui donne sa démission et décide de rentrer à Rome.
Andrei dit à Domenico qu'il croit avoir compris pourquoi il a agi ainsi sept ans auparavant. Il le suit chez lui. Il ouvre une porte qui dévoile une salle pleine de boue et d'eau sur laquelle traine un vélo mais qui, en s'en approchant, ressemble à un paysage russe. Andrei se promène dans la pièce au son de Beethoven qu'a déclenché Domenico. Dans la plus grande pièce de la pluie tombe et le chien regarde les bouteilles se remplir d'eau. Domenico offre du pain et du vin à Andrei et lui dit qu'il faut faire des choses grandes et nécessaires. Il était égoïste : il voulait sauver sa famille or c'est le monde entier qu'il faut sauver. Il lui demande de traverser l'eau de la piscine de sainte Catherine avec la bougie allumée. Andrei, accepte prendre la bougie après avoir hésité et demande pourquoi lui. Il a une fille et un garçon et une femme aussi belle bien que plus brune que La madone del parto. Domenico se souvient de la libération après sept ans, alors que le bruit de scierie continue de se mêler à celui de l'eau. Sa femme remerciait les pompiers et lui marchait derrière son fils qui, sur les marches et regardant en contrebas demandait : "Papa, c'est ça la fin du monde ?"
Andrei revient en taxi à Bagno Vignoni et retrouve Eugenia dans sa
chambre qui se sèche les cheveux. Elle lui en veut de ne pas vouloir
d'elle ; de ne rien faire de sa liberté, de n'aimer que les madones.
Il fuit, la trouvant hystérique, et, comme elle le poursuit dans le
couloir, il lui donne une légère tape sur les fesses ce qui
lui déclenche un saignement du nez. Le général qui passait
par là s'en va écouter de la musique chinoise au grand dam de
la dame au chien.
Eugenia a préparé sa valise et remet à Andrei la lettre de Sasnovski qu'il lui avait confiée le matin :
"Mon cher Piotr Nicolaievitch, je suis en Italie depuis deux ans. Des années importantes tant pour ma profession de musicien que pour ma vie. J'ai fait un rêve angoissant, je devais représenter une grande uvre au théâtre de M. le comte dans un parc avec des statues. C'étaient des hommes nus obligés de rester immobiles. Moi aussi j'étais une statue. Si l'on bougeait : des châtiments terribles. Car notre seigneur et maître nous observait personnellement. Sur un socle en marbre, les feuilles se posaient sur mon bras levé. J'étais immobile. Quand j'ai senti que j'aillais bouger, je me suis réveillé. J'étais effrayé. J'ai compris que ce n'était pas un rêve mais ma réalité. L'idée de ne pas retourner en Russie me tue comme l'idée de ne plus pouvoir revoir mon pays, les bouleaux, l'air de mon enfance. Les meilleurs souvenirs de ton ami abandonné, Pavel Sasnovski."
Allongé pour arrêter le sang de couler, Andrei appelle sa femme, Maria. Dans son rêve, celle-ci se lève. Le fils, la fille et la mère sortent de la maison. La femme regarde le chien et le cheval. Puis sont balayés dans un grand travelling la femme, la fille, la mère, la femme et le fils, la fille, la mère regardant à gauche et à droite pendant qu'une sirène de brume retentit depuis le fleuve et que le soleil se lève.
Andrei marche dans l'eau et récite sans doute un poème d'Arseni Tarkovski où il est question d'un enfant malade. Il est saoul et termine une bouteille de Vodka. A une enfant, Angela, qui le surprend alors, il parle de chasse, de chaussures des sentiments inexprimés qui ne s'oublient jamais. Il s'endort laisse bruler son livre rêve qu'il est Domenico dans une rue déserte. Quand il ouvre la vitre, c'est le reflet de celui-ci qu'il voit. Il erre ensuite dans l'abbaye sans toit de San Galgano où Eugenia, off, implore Dieu pour lui. Une plume tombe du ciel dans l'eau. Le livre est brûlé
Rome. Andrei Gortchakov va rejoindre la Russie quand il est appelé au téléphone par Eugenia. Celle-ci reprend des relations cordiales avec lui et l'informe que Domenico prêche depuis trois jours sur la Piazza del Campidoglio. Domenico voudrait savoir s'il a traversé la piscine avec la bougie allumée. Andrei ment en répondant que oui. Eugenia l'informe qu'elle va aux indes avec Vittorio, homme d'aspect plutôt brutal. Andrei lui souhaite bonne chance.
Sur la Piazza del Campidoglio, Domenico s'est installé sur la statue équestre de Marc- Aurèle et, entouré de débiles légers, harangue quelques passants. Il n'y a plus de maitre, il faut écouter ceux qui semblent inutiles, lier les petits et les grands, les faibles et els puissants. Domenico demande de la musique et s'immole par le feu. Ni Eugenia ni la police ne le sauveront.
Andrei s'en veut de ne pas avoir accompli ce qui lui demandait Domenico. Il informe son assistant qu'il devra changer ses billets de train et qu'il a besoin de deux jours supplémentaires en Italie. Son assistant acquiesce et accepte de le ramener à Bagno Vignoni. La piscine est vidée de ses détritus par deux agents de nentoyge. Andrei, les pieds presque au sec, tente donc de traverser la piscine en maintenant allumée la bougie qu'il porte d'une main. Deux fois celle-ci s'éteint et deux fois Andrei revient à son point de départ. Lors du troisième voyage, il réussit à protéger la flamme. Il pose la bougie allumée sur le bord de la piscine.
Il s'effondre et semble avoir une vision enfin réconciliatrice liant son âme russe à l'architecture italienne : il est revenu en Russie devant sa maison avec son chien et occupe la place centrale de l'abbaye sans toit de San Galgano dans laquelle Eugenia priait pour lui.