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Door

1988

Genre : Giallo

Avec : Keiko Takahashi (Yasuko Honda), Daijirô Tsutsumi (Yamakawa), Shirô Shimomoto (Satoru Honda), Takuto Yonezu (Takuto Honda), Hiroshi Noguchi (Le policier). 1h35.

Femme au foyer, Yasuko Honda vit avec son mari et son fils dans un grand immeuble d’un quartier résidentiel. Régulièrement harcelée par les démarcheurs et les canulars téléphoniques, la jeune femme, excédée, finit par claquer la porte sur les doigts d’un vendeur. Choqué, celui-ci refuse d’en rester là. Sa vengeance se mue bientôt en véritable obsession…

Le scénario de Door vient de l'extérieur de la Director's Company. C'est Banmei Takahashi qui décide de le réaliser. Ce qui l'intéresse c'est la protagoniste et l'atmosphère oppressante mais pas de refaire Le fantôme de Yotsuya (Kenji Misumi, 1959) ou d'autres grands classiques du cinéma d'horreur japonais. Ses préoccupations sont plus contemporaines. La bulle spéculative est alors à son sommet au Japon et l'intéressent la mode, les appartements ultra luxueux et leur système de sécurité apparemment sûr.

D'une certaine manière, Door revient aux sources, en plus luxueux, des premiers pinku eiga. Le premier "Roman porno" de la Nikkatsu a en effet pour titre original Le jardin secret des ménagères perverses (Shôgorô Nishimura, 1971) qui popularise le terme de danchizuma (les femmes aux foyers qui vivent dans les HLM de banlieue) avec toutes les connotations sexuelles qu'il impliquait. La sensualité de Yasuko est ici sublimée par sa proximité avec la statue de marbre blanc dans son salon et sa nage dans la psicine. Le tout est accentué par la voix de Yamakawa qui ne cesse de lui dire qu'elle est une femme d'une grande beauté. Elle est en effet interprétée par Keiko Sekine, star des films érotiques "Roman Porno" de la Nikkatsu, devenue Keiko Takahashi par son mariage avec le réalisateur.

La sensualité de Yasuko ne peut s'épanouir près d'un mari trop fatigué pour lui faire l'amour le soir et Yamakawa semble le comprendre en tagant à la peinture, par vengeance de ses doigts pris dans la porte : "Je suis frustrée sexuellement. Quelqu'un aurait-il l'amabilité de le faire avec moi". Ses pulsions sont plus étouffées que celles de Angie Dickinson (Kate Miller) dans Pulsions (Brian de Palma, 1980) mais il est possible qu'elle aurait succombé au charme et à gentillesse dont fait d'abord preuve Yamakawa si celui-ci n'était emporté par son obsession amoureuse jusqu'à la folie. Daijirô Tsutsumi interprète Yamakawa que le réalisateur veut très amical et beau, afin que les personnages puissent incarner alternativement les rôles de coupable et victime et incarner aussi autant le bien que le mal.

La ritournelle musicale, puis le couteau menaçant près de la joue, le soin apporté aux couleurs portent d'abord le film vers le giallo avant de tourner au home invasion puis à un gore plus fanc (annoncé dès les premiers plans par une tronçonneuse sur le balcon... qui ne saurait être là pour rien).

Le tournage "par-dessus", avec un plafond réduit en hauteur sur lequel installer un rail, a été particulièrement innovant tout comme l'utilisation de la steadycam très rare alors au Japon. La tête coupée, que Banmei Takahashi souhaite montrer à la fin, est jugée trop extrême par le comité Eirin (simplification, datant de 1956, de Eiga Rinri Kitei Kanri Iinkai - Code du Cinéma établi par des Comités d'Éthique en 1949). Takahashi supprime la scène pour obtenir le visa de censure. Quatre ans plus tard, la Director's Company fait faillite. Les copies disparaissent avant d'être retrouvées et diffusées 35 ans plus tard, notamment en France grâce à Carlotta-Films. 

Jean-Luc Lacuve, le 3 mai 2024.

critique du Blu-ray
Editeur : Carlotta-Films, mai 2024. Masters haute définition. Sous-Titres Français. Door (1988, 1h34, Format 1.85). Door 2 (1991, 1h22, Format 1.33). Version originale sous-titrée français. Édition Blu-ray. 25€
Analyse Blu-ray
  • Suppléments :
    ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR BANMEI TAKAHASHI (25 mn) Après avoir évoqué son arrivée à la Directors Company, le cinéaste japonais revient en détail sur Door : sa collaboration avec sa femme, l’actrice Keiko Takahashi, les prouesses techniques du film et sa découverte récente à l’international. BANDE-ANNONCE DE LA RESTAURATION

 

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