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Les dents de la mer

1975

Voir : photogrammes

(Jaws). Avec : Roy Scheider (Chef Martin Brody), Robert Shaw (Quint), Richard Dreyfuss (Matt Hooper), Lorraine Gary (Ellen Brody), Murray Hamilton (Maire Larry Vaughn). 2h04.

Sur l'île d'Amity, de jeunes gens font une fête nocturne sur une plage. Une des jeunes femmes, Chrissie Watkins, s'éloigne du groupe suivie d'un jeune homme. Partie prendre un bain de minuit, elle court dans les dunes, tout en se déshabillant. Elle plonge dans la mer obscure, sans être accompagnée du jeune homme qui s'effondre sur le rivage, trop soûl pour enlever tous ses vêtements et pas assez lucide pour nager. Il reste sur la plage tandis qu'elle effectue quelques brasses au large. Soudain, elle se trouve happée par quelque chose situé sous la surface de l'eau. Elle tournoie, hurle, se débat, s'accroche à une cloche flottante, avant de disparaître définitivement sous les flots.

Le lendemain matin, Martin Brody, originaire de New York qui a enfin obtenu une mutation comme chef de la police locale, se rend sur les lieux de la disparition. Discutant avec le jeune homme, le dernier à avoir vu Chrissie Watkins, ils sont interpelés par des coups de sifflet d'un policier qui vient de découvrir, derrière une dune, le bras déjà putréfié de la victime.

Revenu dans son bureau, Martin Brody reçoit le rapport du médecin légiste qui indique que la mort est liée à une attaque de requin. D'office, il décide de placer sur les plages de l'île des panneaux "baignade interdite". Après avoir pris connaissance du programme de la journée, Brody se rend sur une plage où se baigne une meute de louvetots. Le maire, un conseiller et le médecin légiste le rejoignent. Larry Vaughan, maire d'Amity s'oppose fermement à la fermeture des plages qui gâcherait la saison touristique de l'île, d'autant qu'on est le samedi 29 juin et que de nombreux estivants sont attendus pour le 4 juillet, jour de la fête nationale célébrant l'indépendance américaine de 1776. Il préfère parler d'un accident provoqué par l'hélice d'un bateau, ce que le médecin légiste est prêt à confirmer dans son rapport définitif, revenant ainsi sur ses dires.

Martin Brody retourne surveiller la plage principale, attentif aux moindres mouvements dans l'eau. Un chien et de jeunes enfants se baignent. Pipett, un labrador noir, disparaît. Puis c'est au tour du jeune Alex M. Kintner, parti se baigner sur un matelas pneumatique, de se faire dévorer par un requin. Sur la plage, l'épouvante s'empare des baigneurs.

Suite à cet évènement, madame Kintner dépose des écriteaux en ville et passe des annonces dans la presse déclarant qu'elle offre 3 000 dollars à qui tuera le requin responsable de la mort de son fils.

Le maire doit alors faire face à un problème devenu public.
Il réunit les notables de la ville afin de décider de la marche à suivre. Contraint de fermer les plages, il décide néanmoins et sans en informer Brody, que ce sera pour 24 heures uniquement. Il est aussi annoncé lors de cette réunion que les autorités locales feront appel à un biologiste de l'institut océanographique du continent, Matt Hooper. Puis au fond de la salle, un vieux loup de mer, Quint, se propose de chasser et de tuer le requin, mais pour une récompense de 10 000 dollars qu'il ne partagera avec personne d'autre. La réunion se clôt sur ces entrefaits.

La nuit suivante, afin de toucher la prime de 3 000 dollars, M. Denherder et son ami Charlie utilisent un rôti comme appât. Celui-ci est gobé par le requin qui arrache une partie du ponton où les deux hommes sont installés. Charlie tombe à l'eau, manque de se faire dévorer, mais s'en sort indemne.

Le mardi 2 juillet, le biologiste arrive sur l'île alors que de nombreux pêcheurs débarqués du Connecticut, de Rhode Island et du New Jersey, viennent chasser le requin en espérant toucher la prime offerte par madame Kintner. Un requin tigre est capturé et exhibé à la foule, mais Matt Hooper confie à Martin Brody qu'il doute que ce soit le bon. La digestion des requins étant lente, Hooper propose de l'éventrer pour vérifier si l'estomac contient bien les restes des victimes, ce à quoi s'oppose le maire. Madame Kintner, qui a appris entre temps que Brody était au courant pour le requin quand son fils s'est fait tuer, arrive et gifle en public le chef de la police, s'insurgeant contre son irresponsabilité.

Le soir, Matt Hooper vient manger chez le chef de la police locale et découvre à cette occasion sa femme, Ellen Brody. Lors du repas, en dégustant un vin qu'il a apporté, Hooper explique d'où vient sa passion pour les requins qu'il a contractée dès l'enfance. Les deux hommes se rendent ensuite au laboratoire disséquer le requin et ont la confirmation que ce n'est pas le mangeur d'hommes qu'ils recherchent.

Ils partent ensuite en mer, en pleine nuit, à la recherche du requin. Ils découvrent le bateau abandonné, à moitié coulé, de Ben Gardner , un des pêcheurs amateurs qui s'était lancé à la poursuite du requin. Matt Hooper plonge et découvre dans les décombres du bateau, une dent de requin puis la tête décomposée du marin, ce qui, de terreur, lui fait lâcher la dent et sa lampe.

Le lendemain matin, mercredi 3 juillet, Hooper et Brody expliquent au maire leur découverte de la nuit précédente et lui demandent la marche à suivre. Ce dernier refuse de fermer les plages, la fête nationale étant le lendemain et la saison officiellement lancée. Hooper s'emporte expliquant au maire que d'après la dent qu'il a découverte la veille, le requin traqué est un grand requin blanc, un redoutable prédateur. Finalement, l'élu donne carte blanche à Hooper et Brody pour se débarrasser du requin, à condition que les plages restent ouvertes.

Dans la journée, des centaines de touristes débarquent du continent en ferry et se rendent sur la plage. Martin Brody, accompagné par plusieurs hommes, patrouillant en mer ou surveillant les baigneurs du rivage, monte la garde. À un moment donné, un aileron sort de l'eau, une femme le voit, panique et tente de sortir de l'eau le plus vite possible. Elle est progressivement suivie par l'ensemble des baigneurs effrayés, qui défilent devant Martin Brody et le maire hébétés. Cependant, il ne s'agissait que d'une fausse alerte, des gamins ayant fabriqué un faux aileron pour faire peur aux touristes. Mais à l'autre bout de la plage, à hauteur d'un chenal reliant l'océan à une lagune intérieure, une femme crie au requin. Un homme est sur un bateau, sur la lagune, proche de trois enfants sur une autre embarcation. Tout le monde se précipite à sa rescousse, mais trop tard. L'homme meurt dévoré par le grand blanc. Sa jambe, en sang, déchiquetée, tombe au fond de l'eau. Les trois enfants sont sauvés dont Mike, le propre fils de Martin, qui a vu la mort en face.

Brody demande alors au maire de signer le contrat autorisant Quint à chasser le requin en échange de 10 000 dollars, ce qu'il finit par accepter, non sans réticence.

Brody et Hooper se retrouvent chez Quint, où les murs de sa maison, située près du port, sont recouverts de mâchoires de requin. Quint, vieux loup de mer obnubilé par la chasse au requin, n'accepte la présence des deux hommes sur son bateau, l'Orca, qu'avec beaucoup de mal. Les trois hommes préparent le bateau pour partir en mer, Hooper emportant une cage anti-requin, ce qui fait bien rire Quint qui n'en voit pas l'intérêt, convaincu que ses méthodes sont infaillibles. Hooper embarque également des bouteilles d'air comprimé. Martin dit au revoir à sa femme.

Une fois en mer, Martin Brody jette à l'eau des poissons morts baignant dans leur sang pour attirer le grand blanc, qui finit par mordre à l'hameçon. Quint tient la canne à pêche mais il ne peut pas grand chose tout seul. Il se fait donc aider par Hooper et Brody, mais la corde de piano cède et le requin s'enfuit.

Quelque temps après, Brody lance machinalement des appâts à la mer, jusqu'à ce qu'un énorme requin blanc sorte de l'eau. Il recule en déclarant "Il nous faudrait un plus gros bateau !", tant le requin qu'il vient de voir est énorme. Le squale revient à la charge, longeant le bateau à la vue des trois hommes. Alors qu'Hooper estime qu'il fait 6 mètres, Quint le corrige en affirmant qu'il fait dans les 7 mètres et 3 tonnes.

Il est alors décidé de le harponner en attachant à l'autre bout un baril flottant. Ceci permettrait de ralentir le requin pour l'obliger à rester en surface. L'idée est mise en pratique, mais à la surprise des trois hommes, le bidon finit par s'enfoncer dans l'eau, tiré dans les profondeurs par l'impressionnante force du squale. La nuit tombe sur le bateau naviguant sur une mer calme. L'Orca est perdu au milieu de nulle part, personne ne pouvant venir au secours d'Hooper, de Brody et de Quint.

À bord, Quint et Hooper comparent leurs cicatrices respectives, la gravité de la blessure augmentant à chaque fois : Quint montre d'abord à Hooper un durillon sur sa tête, dû à un coup de bouteille pendant la Saint Patrick à Boston, puis c'est au tour de Hooper de montrer une morsure de murène, Quint lui répond par son bras droit abîmé pendant une séance de bras de fer avec un chinois, Hooper embraye avec une morsure de requin pendant un prélèvement, puis Quint parle d'un coup de queue d'un renard des mers. Hooper ouvre sa chemise, montre sa poitrine et dit avoir la pire des blessures. Les autres ne voient rien. Hooper annonce alors que Mary Ellen Moffit lui a brisé le cœur. Tous explosent de rire. L'atmosphère se détend. Brody demande alors à Quint ce que représente le tatouage effacé qu'il a sur le bras. Hooper, toujours jovial dit qu'il devait y être écrit « maman ». Hooper et Brody rient, mais pas Quint qui s'assombrit et explique que ce tatouage date de l'époque où il était sur l' USS Indianapolis. Les rires s'arrêtent nets. Quint explique qu'il était sur le cuirassé USS Indianapolis, celui-là même qui transporta Little Boy, la bombe atomique qui servit au bombardement d'Hiroshima, sur la base aérienne de l'île de Tinian. Le navire qui comptait 1 100 hommes fut torpillé par deux fois par un sous-marin japonais et coula en 12 minutes. La mission était tellement secrète qu'au début, aucune alerte ne fut donnée. Les 900 naufragés survivants vont alors rester 5 jours dans l'eau, beaucoup se faisant dévorer par une multitude de requins. Ils seront finalement repérés par l'US Navy, mais seuls 316 hommes furent repêchés vivants.

Après cette ambiance tendue, Quint brise le silence en entonnant un chant traditionnel. Puis la coque du bateau craque et commence à céder. Le requin est revenu à la charge. Les hommes montent sur le pont et tirent sur lui, sans succès.

Au matin, ils continuent à réparer les dégâts provoqués par le requin pendant la nuit alors que réapparaît le baril flottant. Au moment même où ils se penchent pour le sortir de la mer, le requin jaillit de l'eau. Brody tente de joindre les garde-côtes, mais Quint surgit, une batte de baseball à la main et détruit la radio. Il veut détruire le requin sans aide extérieure ce qui met Brody dans une rage noire.

Le grand blanc refait surface. Installé sur la proue du bateau, Quint tire avec le harpon, accrochant plusieurs bidons flottants au dos de la bête. Les barils sont récupérés par Brody et Hooper, qui attachent les cordes qui les relient au requin au bateau Mais le requin réussit à tracter l'embarcation, menaçant de la faire chavirer. Quint se résout à prendre une machette pour couper les cordes, laissant ainsi le requin s'enfuir.

Nullement ralenti par les trois barils qu'il tracte, le requin prend en chasse l'Orca et ses passagers qui ont décidé de rejoindre la côte. Quint, têtu, agissant contre l'avis de Hooper, pousse les machines au maximum. Rapidement, elles se mettent à cracher de grosses volutes de fumée noire et bientôt, l'embarcation s'arrête. Alors que son bateau commence à sombrer, Quint demande ce que Hooper pourrait faire avec sa cage anti-requin. Hooper lui répond pouvoir injecter au requin du nitrate de strychnine, un poison mortel. Aidé par Brody et Quint, Hooper se prépare et descend dans l'eau, protégé par sa cage. Malheureusement, le requin l'attaque par surprise, écarte les barreaux de la cage et essaie de l'avaler. Hooper laisse malencontreusement tomber son harpon empoisonné, se débat et finit par se cacher derrière des rochers, tout au fond de l'eau. Lorsque Quint et Brody remontent la cage, ils la trouvent détruite et vide, imaginant Hooper mort. Le grand blanc revient à l'attaque en bondissant hors de l'eau et en pesant de tout son poids à l'arrière du bateau. L'embarcation étant déjà bien inclinée, Quint glisse vers la gueule grande ouverte du squale, qui le dévore dans une mare de sang. Brody se retrouve donc tout seul face au requin sanguinaire, sur un bateau qui menace de couler à tout moment.

Lorsque le requin revient à la charge, pénétrant jusque dans la cabine, Brody se défend comme il peut et parvient à "rassasier" le requin en lui jetant une bouteille de plongée dans sa gueule béante. Armé d'un fusil, il se réfugie sur le mât, seul endroit situé au-dessus des flots. Après plusieurs essais infructueux, il vise et tire sur la bouteille de plongée, la faisant exploser et le requin avec. La bête qui se vide de tout son sang est emportée vers le fond.

Peu après, Hooper refait surface. Avec Brody, il rejoint la côte sur un radeau de fortune fait d'une planche et de deux barils flottants aux extrémités. Le requin mort, l'avenir d'Amity apparaît plus serein...du moins, temporairement.

Le film vaut bien entendu d'abord par sa gestion du suspens, extrêmement habile. Dès la première séquence, une victime est emportée sous les flots. Ce sera ensuite le tour d'un chien et d'un jeune garçon au bout d'un quart d'heure de film. Un quart d'heure plus tard, lors de la troisième attaque, les deux pêcheurs inconscients s'en sortent indemnes. Un quart d'heure plus tard encore, au bout de trois quarts d'heure de film donc, c'est la découverte de Ben Gardner au fond du bateau. Il faut attendre une heure de film pour que le requin apparaisse, attaquant et tuant un homme sur une barque alors que le propre fils de Brody échappe de peu à la mort. Ce n'est ensuite que, dans la troisième partie du film, celle succédant à la montée de la peur et à aux tensions sociales, que la confrontation avec le requin commence vraiment.

Le morceau de bravoure du film est, paradoxalement, le long monologue de Quint racontant la survie des marins du cuirassé Indianapolis :

"Nous n'avons pas vu un seul requin pendant près d'une heure. Un requin de quatre mètres apparait alors que les marins ne savent pas qu'aucun signal de détresse n'est parti. Huit jours sans être portés en retard. Aux premières heures, de l'aube, les premiers requins commencent à rôder. Alors on a formé des espèces de groupes compactes, dans le genre des carrés dans les batailles de l'ancien temps comme à Waterloo. Pour essayer de faire fuir le requin mais quand vous il regarde droit dans les yeux, de ses yeux sans vie, tout noir, des yeux de nounours, il fait sans vie jusqu'à ce qu'il vous happe et l'océan est tout rouge et ça grouille de partout et ça va met en pièces. A l'aube de ce premier jour, cent hommes étaient morts. Il y avait peut-être un millier de requins. Il partait six hommes à l'heure en moyenne. Le matin du jeudi je me retrouve tout prêt d'un vieux copain. Il s'appelait Robinson, un type de Cleveland, dans le civil un sportif. J'ai cru qu'il faisait un somme alors je me suis dit il faut que je le réveille. Je l'ai touché, on aurait dit un jouet de celluloïd, il faisait des bonds debout, cisaillé à partir de la taille. Le cinquième jour à midi un Lockheed Ventura nous a vus. Un hélicoptère s'est pointé et nous a ramené à son bord. Et c'est à ce moment que j'ai eu les foies, en attendant mon tour. Le jeudi 29 juin 1945". (En fait c'est le 30 juillet à 0h15 que le cuirassé est torpillé. Sur les 1 196 hommes d'équipage, environ 300 meurent pendant l'attaque et 900 se retrouvent à la mer. La mission étant tellement secrète, les secours n'arriveront que 5 jours plus tard suite à l'alerte d'un hydravion. On ne comptera que 316 survivants au final. Une partie est morte de faim ou de soif, une autre partie dévorée par les requins)

Les petits yeux noirs du requin finissent par être aussi effrayants que son immense gueule ouverte.

A la dimension humaine et sociale, Spielberg rajoute une part de fantastique (notamment dans la sortie de nuit ou lors de la mort, très esthétisée, du requin) qui fait de Quint une sorte de capitaine Achab traquant sa baleine blanche.

Suivront Les dents de la mer, 2ème partie, de Jeannot Szwarc (1978), dans lequel on retrouve Roy Scheider, Lorraine Gary et Murray Hamilton puis Les dents de la mer 3 de Joe Alves et en " 3D " (1983) sans aucun acteur en commun avec la version de Spielberg et enfin Les dents de la mer 4 - La revanche de Joseph Sargent (1987) avec à nouveau Lorraine Gary et aussi Michaël Caine.

Resource internet : fiche pédagogique du Café des Images

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